Au nom d’Allah le Très Miséricordieux le Plus Miséricordieux
*La désignation de l'Imamat se fait par texte divin (nass) et non par consultation (shûra).*
_Pour quelle raison le Prophète (pslf) n'a-t-il pas consulté les musulmans pour désigner son successeur, alors que Dieu lui a ordonné de les consulter : {Consulte-les dans les affaires} (Coran 3:159) ? Et Sa parole - Exalté soit-Il - : {…et leurs affaires se règlent par la consultation entre eux}_
Sachez - que Dieu vous soutienne - que l'Imamat est une fonction divine et un pacte sacré, tout comme la prophétie. Dieu - Gloire à Lui - le confie à qui Il veut parmi Ses créatures et choisit parmi Ses serviteurs. Les gens n'ont aucun rôle dans la désignation de l'Imam, tout comme ils n'en ont pas dans la désignation du Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui et sa famille). C'est pourquoi le Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui et sa famille) n'a pas consulté les gens concernant l'Imamat, car cela relève de l'ordre de Dieu - Gloire à Lui - et non de l'ordre des gens. Ceci est démontré par la raison, les preuves scripturaires du Coran et de la Sunna, dont l'explication suit :
*1. La preuve rationnelle fondée sur le principe de la Grâce divine (al-Lutf) :*
Les duodécimains sont unanimes sur le fait que la désignation de l’Imamat ne peut émaner que de Dieu – Exalté soit-Il –, étant une institution et une nomination divine. Il n’y a aucune différence entre l’Imamat et la Prophétie à cet égard, car les créatures sont incapables de désigner un Imam, tout comme elles le sont pour la Prophétie. Il n’est donc pas permis de leur confier cette charge.
*2. La preuve scripturaire tirée du Coran :*
Le Livre sacré contient de nombreux versets attestant que l'Imamat est une institution divine, comme la parole d'Allah - Exalté soit-Il - : {Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : Je vais établir sur terre un vicaire (khalîfa)} (El Baqara : 30)
{Et rappelle-toi] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu'il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : «Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens». - «Et parmi ma descendance?» demanda-t-il. - «Mon engagement, dit Allah, ne s'applique pas aux injustes»
Il dit : “Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers”} [El Baqara : 124]
Et Sa parole, le Très-Haut : {Et Nous fîmes d’eux des imams qui guidaient par Notre ordre} [Les Prophètes : 73].
Et Sa parole, le Très-Haut : {Et Nous fîmes d’eux des imams qui guidaient par Notre ordre, parce qu’ils avaient enduré avec patience} [As-Sajda (La Prosternation) : 24].
Et Sa parole, le Très-Haut : {Ô David, Nous avons fait de toi un calife sur la terre. Juge donc en toute vérité entre les gens} [Sâd : 26].
Et Sa parole, le Très-Haut : {Et Il en fit une parole qui devait subsister parmi sa descendance. Peut-être reviendront-ils (à Dieu)} [Az-Zukhruf : 28].
Ces textes coraniques établissent de manière claire et explicite que l'Imamat et l'autorité spirituelle sont une institution divine, et que les gens n'ont aucun droit de désigner ou de choisir l'Imam.
*3. La Sunna prophétique :*
Il existe de nombreux hadiths prophétiques massivement transmis (mutawātir) qui établissent clairement l’imamat de l’Émir des Croyants (paix sur lui) et de sa noble descendance (paix sur eux), tels que :
- le hadith de Ghadîr,
- le hadith des Deux Poids (thaqalayn)
- le hadith de la Position (manzila),
- le hadith de l’Oiseau (ṭayr),
- le hadith de la Cité du Savoir,
- le hadith des Douze Imams,
- le hadith de la Fraternité, ainsi que de nombreux autres hadiths très abondants.
Ces hadiths sont explicites quant au fait que l'Imamat et la succession après le Noble Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui et sa famille) ne relèvent pas de la consultation (shûrâ), mais bien d'une désignation textuelle (nass). L'existence de ces textes clairs et sans équivoque concernant l'Imamat du Commandeur des croyants (que la paix soit sur lui) confirme que l'Imamat est établi par décret divin, sans aucune place pour la consultation. Si l'Imamat devait être établi par consultation, la profusion de ces textes explicites n'aurait aucun sens.
Il existe également des indices indiquant que le Prophète (paix et bénédictions sur lui et sa famille) a clairement établi que l’imamat après lui relève d’une désignation divine. En effet, lorsque le Prophète (paix sur lui et sa famille) se présentait aux tribus au début de sa mission, certaines acceptaient son appel à condition que le califat leur revienne après lui. Il leur répondait alors que cette affaire ne dépendait pas de lui, mais qu’elle relevait d’Allah, exalté soit-Il, qui la confie à qui Il veut. Nous mentionnons ici deux témoignages à ce sujet, tous deux remontant au début de la mission prophétique.
1. Le hadith des Banû ‘Âmir ibn Sa‘sa‘a :
Lorsque le Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) se rendit auprès des Banû ‘Âmir ibn Sa‘sa‘a, il les appela à suivre le message de Dieu et leur présenta sa mission. Alors un homme parmi eux, nommé Bayhara ibn Firas, s’exclama : « Par Dieu ! Si je m'emparais de ce jeune homme des Quraysh, je dominerais les Arabes grâce à lui. » Puis il lui dit : « Que penses-tu si nous te suivons dans ta cause, et que Dieu t’accorde la victoire sur tes opposants, le pouvoir nous reviendra-t-il après toi ? »
Le Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) répondit : « L’affaire appartient à Dieu, Il l’attribue à qui Il veut. »
L’homme répliqua alors : « Allons-nous exposer nos cous aux Arabes pour toi, et une fois que Dieu t’aura donné la victoire, le pouvoir reviendra à d’autres que nous ? Nous n’avons donc nul besoin de ton affaire. »
Ils refusèrent alors son appel. [Références : Sîrah d’Ibn Hishâm, vol. 2, p. 289 ; Târîkh al-Tabarî, vol. 2, p. 84 ; al-Sîrah al-Halabiyyah, vol. 2, p. 154.]
2. Le récit de la tribu yéménite de Kindah :
Abd Allâh ibn al-Ajlah a rapporté : « Mon père m’a raconté d’après les anciens de son peuple que la tribu de Kindah a dit au Prophète :
« Si tu triomphes, nous accorderas-tu la royauté après toi ? »
Le Messager de Dieu (que la paix soit sur lui et sa famille) répondit :
« La royauté appartient à Dieu, Il l’accorde à qui Il veut. »
Ils dirent alors : « Nous n’avons donc aucun besoin de ce que tu nous proposes. » [Référence : Sîrah d’Ibn Kathîr, vol. 2, p. 159.]
Ces hadiths indiquent de manière explicite que la désignation de l’imam ne relève pas du choix de la communauté, mais que le Prophète (paix et bénédictions sur lui et sa famille) a attribué cette affaire à Dieu, qui la décide selon Sa volonté.
Quant aux deux versets coraniques souvent invoqués pour prouver que l'Imamat relève de la consultation (shûrâ), voici leur interprétation correcte :
Ce verset n’indique nullement que la désignation de l’imam ou du calife se fasse par voie de consultation (shûrâ), mais il s’adresse plutôt au gouvernant dont le pouvoir est déjà établi. Dieu lui ordonne alors de consulter les membres de la communauté et de tirer profit de leurs avis concernant les affaires militaires et la gestion du pays, afin d’atteindre les meilleurs résultats et de gagner leur sympathie. Toutefois, il n’est pas obligé de suivre leur avis, comme le montre la suite du verset : {Une fois que tu t’es décidé, place ta confiance en Dieu. Dieu aime ceux qui se fient à Lui.} [Âl 'Imrân : 159].
Il est mentionné dans le commentaire Majma' al-Bayân : « Et consulte-les à propos des affaires », c'est-à-dire : recueille leurs opinions et prends connaissance de ce qu’ils pensent.
Les exégètes ont divergé quant à l’utilité de la consultation du Prophète (pslf) avec ses compagnons malgré son indépendance vis-à-vis de la révélation divine pour discerner l’opinion juste parmi les créatures en plusieurs opinions :
Première opinion : Cela visait à apaiser leurs cœurs, à renforcer les liens avec eux et à élever leur statut. Ainsi, le Prophète montrait qu'ils étaient parmi ceux dont les paroles méritaient confiance et dont les avis pouvaient être pris en considération. C'est l'opinion rapportée de Qatâda, ar-Rabî' et Ibn Ishâq.
Deuxième opinion : Cela avait pour but que sa communauté prenne exemple sur lui en matière de consultation, sans la considérer comme un défaut - tout comme ils furent loués pour avoir instauré la concertation entre eux. Cette interprétation est attribuée à Sufyān ibn Uyayna.
Troisième opinion : Cela concernait les affaires mondaines, les stratégies de guerre et la confrontation avec l'ennemi. Dans ces domaines, il était permis de s'appuyer sur leurs avis. Cette interprétation est attribuée à Abû 'Alî al-Jubbâ'î.
[Voir : Majma' al-Bayân, vol.2 p.428]
La parole d'Allah le Très-Haut : {…et leurs affaires se règlent par la consultation entre eux} [Sourate Ach-Chourâ, 42:38]
Ce verset évoquant la consultation (Chourâ) ne concerne pas la désignation du Calife. En effet, le verset 38 de la Sourate Ach-Chourâ encourage la délibération collective pour les affaires relatives aux croyants, tandis que l'Imamat relève exclusivement du décret divin - non du choix humain. Les données révélées concernant l'Imamat établissent clairement qu'il s'agit d'une institution divine, où les hommes n'ont pas plus de part dans la désignation de l'Imam que dans celle des Prophètes. Ceci est corroboré par les nombreuses preuves textuelles dont nous disposons concernant la légitimité du Prince des Croyants (as) et des Imams de sa descendance (as).
Nous nous arrêterons ici, et toute louange revient à Allah, le Premier et le Dernier.