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Le trafic de drogue, en forte hausse, constitue une « menace existentielle » pour la France

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Le trafic de drogue, en forte hausse, constitue une « menace existentielle » pour la France

Le dernier rapport de l’Office antistupéfiants tire la sonnette d’alarme sur le trafic de drogue en France : en forte hausse, il fait du pays l’un des plus affectés par ce phénomène en Europe.

Le trafic de stupéfiants représente une « menace existentielle » pour la France, cingle le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans un rapport de l’Office antistupéfiants (Ofast) de la police nationale rendu à la fin du mois de juillet. En témoignent les niveaux records des saisies l'année dernière sur le territoire français : 37,5 t ont été saisies sur les 6 premiers mois de l'année, contre 25,8 t au premier semestre 2024.

Un rapport confidentiel de l’Office antistupéfiants alerte sur l’explosion du trafic de drogue en France, devenu « sans zone blanche ». La cocaïne inonde le territoire, portée par des réseaux criminels puissants, violents et innovants, menaçant la sécurité et l’ordre public. Le dernier rapport de l’Office antistupéfiants (Ofast), paru fin juillet 2025, dresse un constat alarmant : le narcotrafic gangrène la France, désormais sans « zone blanche ».

L’expansion de ces trafics a pour corollaire une violence désinhibée de la part des narcos. « Nos villes sont désormais le théâtre de guerres de territoires qui se règlent à coups de kalachnikovs ou de grenades », note l’Ofast. Cocaïne, cannabis, drogues de synthèse ... Ces trafics sont « la cause de la majorité des violences crapuleuses constatées en France ». Une brutalité qui sert à asseoir son hégémonie sur un marché où l’offre est permanente et abondante. En 2024, 367 assassinats et tentatives liés au narcotrafic ont été recensés. Ces crimes ont entraîné la mort de 110 personnes et en ont blessé 341.

« Depuis 2021, le nombre d’assassinats et de tentatives d’assassinats a augmenté de 33% », souligne l’Ofast. Le maillage national des points de deal parsème des affrontements armés aux quatre coins du pays. L’an dernier, 173 villes ont été touchées contre 161 en 2023. Marseille (40 faits de violences liés aux trafics de drogue), Grenoble (14 faits) et Toulouse (12 faits) sont les villes les plus touchées. Des villes de taille moyenne comme Villeurbanne, Échirolles et Dijon, concentrent des hausses significatives. « Des petites villes sont également touchées, comme Florange, démontrant le caractère diffus et hétérogène des actes criminels », note encore l’office antistupéfiants.

Avec 3,7 millions d’expérimentateurs et 1,1 million d’usagers réguliers en 2023, la consommation de cocaïne explose, dopée par une production mondiale record de 4 000 tonnes en 2024, dont 2 700 tonnes en Colombie (+53 % par rapport à 2022). Les narcotrafiquants, agiles et ingénieux, exploitent des réseaux logistiques sophistiqués et des technologies de pointe.

La drogue transite par tous les canaux : conteneurs depuis les Antilles ou le Brésil, mules sur la ligne Lima-Paris, ou encore voies aériennes depuis la Polynésie française, devenue une plaque tournante pour la cocaïne et la méthamphétamine. Les saisies record (37,5 tonnes de cocaïne au premier semestre 2025, +45 % par rapport à 2024) témoignent de cette abondance. C’est notamment le cas d’une saisie historique aux Marquises en Polynésie française avec 1 878 kg de drogue le 2 août, précise un rapport de Russia Today.

Les méthodes de dissimulation, comme la cocaïne intégrée dans des cartons, des prothèses ou des produits cosmétiques via le « verrouillage chimique », illustrent leur créativité. La violence, érigée en « contre-culture », accompagne cette expansion.

Les groupes criminels, structurés en pyramide, dominent un marché de 7 milliards d’euros. Au sommet, une élite d’une dizaine d’organisations, parfois liées à des cartels sud-américains comme Sinaloa, contrôle les importations. Le « milieu du spectre » gère la distribution, tandis que le « bas du spectre » alimente 2 729 points de deal, des « Airbnbeuh » ou des boîtes à clefs.

Face à cette « lutte asymétrique », les services de l’État peinent à suivre. Christian de Rocquigny, adjoint à l’Ofast, plaide pour une spécialisation accrue des forces de l’ordre. Les narcotrafiquants, eux, continuent d’exploiter les failles, menaçant l’ordre républicain par leur violence et leur influence croissante.

 
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