Depuis 7 mois et probablement pour les 5 mois suivants, Avigdor Lieberman dicte sa conduite à la classe dirigeante israélienne. Considéré comme raciste par la presse internationale, c’est en réalité un nationaliste pragmatique et raisonnable, autant opposé au projet de « Grand Israël » qu’à celui d’État binational. Il pourrait être l’atout de Moscou.

تقي زاده
Israël dans la crainte d'une nouvelle stratégie balistique de la Résistance
Les 4 et 5 mai marqueront encore pour bien longtemps la mémoire collective des Israéliens, si tant est qu'une telle mémoire existe : les 690 missiles tirés contre les colonies sionistes ont largement changé la donné et marqué l'émergence d'un bloc de la Résistance qui à la faveur des trahisons et des lâchetés cristallisées autour du Deal du siècle, semble avoir attirer à lui, toutes les forces vives du Moyen-Orient. De nouvelles révélations viennent de se faire sur ces 48 heures de bataille de la Résistance israélienne contre Israël. Interrogé par Qassam.ps, Abu Ma'az, commandant des Brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas a apporté de nouvelles précisions sur la puissance du feu palestinienne, manifestée début mai.
« La portée moyenne de nos missiles tirés contre les colonies israéliennes s'est nettement améliorée, un fait que mêmes les Israéliens ont reconnus à contre cœur. Mais outre la portée de nos engins, l''intensité de nos tirs s'est amplifiée : les combattants palestiniens ont tiré des centaines de missiles à large charge explosive en moins de trentaine heures en direction de la Palestine occupée. Et puis la riposte aux frappes israéliennes contre Gaza s'étendue sur un large rayon qui inclut la région stratégique de Beer-Sheva : 85 missiles se sont abattus sur Beer-Sheva tandis qu’Ashdod a été pris pour cible de 80 missiles. »
La Corée du Nord appelle les USA à rectifier le tir
Pour la première fois depuis le premier sommet Kim/Trump, la Corée du Nord lance un sévère avertissement aux Etats-Unis : " Que les Américains ne mettent à l'épreuve la patience de Pyongyang". Cette mise en garde marque un tournant dans ce dossier alors que le président US et son entourage ne cessent de minimiser la crise ouverte entre Washington et Pyongyang. La Corée du Nord va-t-elle finir par surprendre l'administration US et par la désarmer totalement?
Au seuil de l’anniversaire du sommet de Singapour qui s’est tenu entre Donald Trump et Kim Jong-un, la Corée du Nord a lancé, ce mardi 4 juin, une mise en garde contre les États-Unis. Pyongyang pointe du doigt Washington, car il exerce des pressions injustifiées et contre-productives. La déclaration finale du sommet du 12 juin 2018, qui entérine l’engagement des deux pays à faire une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne tout en garantissant la sécurité de la Corée du Nord, pourrait être compromise si Washington poursuit ses pressions sur Pyongyang pour renoncer unilatéralement à l’arme nucléaire », indique le texte, publié par l’agence de presse officielle nord-coréenne, KCNA.
Hama : l’armée syrienne a violemment repoussé une frappe au drone terroriste contre l'aéroport militaire
La guerre de drone bat son plein à Hama. Alors que les forces de l'armée syrienne ont encerclé le mont de Kabani, principale base arrière de l'armée turque et de ses supplétifs pour lancer des attaques contre Lattaquié et la base russe de Hmeimim, l'armée syrienne a affirmé avoir violemment repoussé les appareils kamikazes des terroristes qui visaient l'aéroport militaire de Hama.
Les drones ont été interceptés et détruits près de l’aéroport situé dans la localité de Job Ramla à Hama. Pour l’instant, aucun détail officiel n’a été publié mais cette attaque n'est pas la première. La DCA syrienne a promptement réagi à l'attaque qui n'est pas une première.
Hama fait partie des dernières zones en Syrie où les supplétifs qaïdistes de l'armée turque et des Etats-Unis se battent contre l'armée syrienne. Il y a une semaine, l'avancée fulgurante de l'armée syrienne s'est soldée par la reprise de la localité stratégique de Kfar Naboudah. Après un cessez-le-feu de 48 heures rompu le long de l'axe Idlib-Hama, l'armée syrienne a donc repris son offensive dans ces régions du nord-ouest de la Syrie.
Le Pentagone se rend compte de la puissance balistique de l’Iran
À peine quelques heures après le refus du Leader iranien de tout dialogue sous pression avec les Etats-Unis, Donald Trump a affirmé depuis Londres vouloir dialoguer avec le président iranien Hassan Rohani. Il n'a pas écarté non plus les risques d'une confrontation militaire avec l'Iran. Et pourtant ... Lundi, le commandant en chef du groupe aéronaval USS Lincoln a reconnu ne pas vouloir s'aventurer dans les eaux du golfe Persique et préférer éviter des "tensions inutiles". Rai al-Youm analyse ce refus d'engagement militaire de la part des Américains qui n'est peut-être pas si volontaire qu'il paraît. " Le Renseignement militaire américain a dû collecter des infos comme quoi les Iraniens sont capables de contrer une attaque maritime d'envergure et ce, pas seulement à l'aide de leurs missiles sol-mer dont la portée atteint les 350 miles (563 km)" écrit le journal.
« De nombreux experts l'ont dit et redit : la difficulté de la navigation en période de conflit et des manœuvres militaires au large des eaux du golfe Persique ainsi que le pouvoir dissuasif de l’Iran seraient les principales raisons pour lesquelles le porte-avions Abraham Lincoln a évité le détroit d'Hormuz, quitte à se maintenir à une distance d’environ 450 miles (724 km). Et pourtant, les alliés arabes de Washington s'attendaient impatiemment à ce que les navires de guerre américains soient stationnés dans le détroit d’Hormuz et que surtout, le porte-avions d’Abraham Lincoln rejoigne la cinquième Flotte de l’US Navy à Bahreïn. Alors pourquoi les décevoir? », a noté le journal.
La base T4 frappée : les médias israéliens relancent leurs rumeurs
Lundi matin, l’armée israélienne a attaqué la Syrie et ciblé les forces militaires du pays sur l’aéroport militaire T4, dans la province de Homs.
Une source du terrain a déclaré concernant les détails de ces attaques au missile : « L’armée du régime sioniste a utilisé des drones pour lancer ces attaques sur l’aéroport militaire T4. » Elle a ajouté que le drone en question était probablement entré depuis l’espace aérien libanais dans la province syrienne de Homs en ajoutant : « Ce drone a tiré trois missiles sur l’aéroport militaire T4. »
Négociation monétaire et bancaire entre Téhéran et Séoul
Récemment, au cours d’une rencontre avec l’ambassadeur de la Corée du Sud en Iran, M. Hemati avait critiqué le comportement insupportable des banques sud-coréennes pour l’utilisation d’Iran des ressources de la Banque Centrale.
Une discussion sous la pression ne marche pas avec l’Iran
Les déclarations de Zarif évoquent le livre du Président américain The Art of the Deal, sur « l’art de la négociation » et sur ses longues expériences en tant que promoteur immobilier.
« Cette méthode pourrait peut-être marcher avec entrer en deal avec d’autres pays, et cela pour une courte durée et jamais bien sûr pour un long terme, mais cela ne fonctionne pas avec l’Iran ni pour le long, ni pour le moyen ni pour le court terme », a insisté le haut diplomate pour dire que la seule chose qui marche c’est « le respect » pour l’Iran.
Il a une fois de plus qualifié de « sanctions économiques » les sanctions américaines, ajoutant que ces restrictions visent directement les citoyens ordinaires en Iran parce que, malgré l'exemption pour les aliments et les médicaments, les transactions liées à ces domaines humanitaires ne sont pas possibles.
Le chef de la diplomatie a déclaré que si l’objectif du président Trump était d’exercer des pressions sur les citoyens iraniens ordinaires, il y parviendrait certainement, « mais il ne pourrait jamais atteindre ses objectifs politiques en exerçant des pressions sur les Iraniens ».
« Jouer sur les mots et s’exprimer sur des objectifs cachés en adoptant une nouvelle rhétorique n’est pas le critère de l’Iran pour entrer en toute éventuelle négociation, c’est le changement de l’approche générale des Etats-Unis et de leurs actes qui seront pris en compte pour la nation iranienne », a insisté la diplomatie iranienne par la voix de son porte-parole, Abbas Moussavi, en réaction, dimanche, aux déclarations du Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo qui vient de dire « prêt » Washington pour un dialogue « sans condition préalable » avec Téhéran.
« L'accent mis par M. Pompeo sur la poursuite de la campagne de pression maximale sur l'Iran indique la poursuite de l'approche erronée précédente qui doit être corrigée », a déclaré Abbas Moussavi, en reprochant à Mike Pompeo de « jouer sur les mots ».
« Oui, M. Trump, l’Iran est et restera une grande puissance »
L'Iran commémore le 30e anniversaire du décès du fondateur de la République islamique
Que sait Avigdor Lieberman ?
La démission d’Avigdor Lieberman, ministre de la Défense, du gouvernement de Benjamin Netanyahu, le 14 novembre 2018, a ouvert une crise politique très grave en Israël : des élections législatives anticipées ont été convoquées. Elles n’ont pas permis de dégager de nouvelle majorité à la Knesset (Parlement). Aucun gouvernement n’ayant pu être formé en cinq semaines, de nouvelles élections législatives auront lieu le 17 septembre.
La démission de Lieberman était intervenue lorsque Netanyahu avait imposé un accord avec le Qatar impliquant un cessez-le-feu avec le Hamas et la prise en charge directe des salaires des fonctionnaires gazaouis par l’émir du Qatar.
Personne n’avait réagi au plan international à ce qui s’apparente à la sécession de Gaza des Territoires palestiniens et à son annexion pure et simple par le Qatar. Pour Lieberman, cela signifiait organiser une dictature des Frères musulmans aux portes de son pays. Beaucoup avaient interprété cet événement comme un préalable au « Deal du siècle » de Jared Kushner et Donald Trump. Pourtant, il semble aujourd’hui que les États-Unis aient prévu de faire passer Gaza sous contrôle égyptien, et non qatari.
Progressivement, Avigdor Liberman a déployé un nouvel argumentaire durant la campagne électorale, à propos du refus de l’exemption de service militaire des étudiants des yeshivas ; celui du refus d’un ordre halachique, de la coercition et des privilèges religieux. Ce thème n’est pas nouveau, mais n’avait jamais joué un rôle central au point d’empêcher Benjamin Netanyahu de former un nouveau gouvernement.
Lieberman s’est fait connaître comme un immigré de Transnistrie qui rassembla les juifs russophones en créant en 1999 un parti politique laïque, Israel Beytenou (« Israël, notre maison »). Plus d’un million de Soviétiques ont émigré après l’amendement Jackson-Vanik (1974) qui menaçait l’URSS de l’isoler économiquement si elle refusait de laisser les juifs partir en Israël. Ces russophones sont légalement juifs (ils ont tous un grand parent juif), mais pas nécessairement religieusement juifs (c’est-à-dire dont la mère est juive). L’initiative de Lieberman avait été financée par un oligarque ouzbek, Michael Cherney, alors proche de Boris Eltsine.
Jusque-là Liberman était connu comme employé du Likoud, dont il était le directeur général, devenu chef de cabinet du Premier ministre Netanyahu, mais ne briguant pas de fonction élective. Cet ancien videur de boîte de nuit parle fort, avec un accent russe très prononcé. Il ne manque jamais une occasion de toiser et de menacer ses interlocuteurs… avant de faire affaire avec eux.
En octobre 2003, Michael Cherney finança un étrange congrès à l’hôtel King David de Jérusalem [1]. Il s’agissait d’unir les hommes politiques israéliens russophones, dont Lieberman, avec les disciples US du philosophe Leo Strauss (généralement anciens collaborateurs d’un co-auteur de l’amendement Jackson-Vanik) et avec leurs alliés « chrétiens » (au sens d’opposés à l’athéisme communiste) aux États-Unis. Pour ce faire, il disposait manifestement du soutien de l’administration Bush Jr., qui n’entendait pas laisser filer cette minorité dans l’orbite du nouveau maître du Kremlin, Vladimir Poutine. Toute la droite israélienne de l’époque, à commencer par Benjamin Netanyahu, participa à cette manifestation.
Ce congrès développa une croyance qui s’est imposée depuis dans certains milieux : la théopolitique. La paix est possible dans le monde, uniquement si elle est d’abord réalisée en Israël. Un gouvernement mondial préviendra toute nouvelle guerre. Son siège sera à Jérusalem. C’est par exemple, en France, le discours de Jacques Attali.
À cette époque, Avigdor Lieberman n’avait aucun problème avec les religieux pourvu qu’ils partagent ou soutiennent son nationalisme israélien. Il s’était par exemple allié au parti Tkuma. Il n’avait pas non plus de crainte face au mélange des idées politiques et religieuses. Ses amis straussien (les disciples de Leo Strauss [2] passés par le cabinet du sénateur Jackson) affirmaient sans complexe que l’épisode nazi avait montré la faiblesse des démocraties et que pour prévenir une nouvelle Shoah, les juifs devaient édifier une dictature. Ses amis chrétiens avaient imaginé au Pentagone [3] une alliance de tous les juifs et de tous les chrétiens, les « judéo-chrétiens » [4], pour mener la bataille contre le communisme athée.
Ses idées sont connues. Il n’en a jamais changé. Selon lui, il faut savoir à qui l’on est loyal. Les Palestiniens sont divisés entre nationalistes palestiniens et nationalistes islamistes (qui se battent non pas pour l’État palestinien, mais pour l’Oumma). Ils ne parviennent pas à vivre entre eux et parviendront encore moins à vivre avec des Européens juifs (au sens où la Russie est européenne). Ils forment deux peuples différents. Au nom du réalisme, Lieberman s’oppose donc au plan onusien d’État binational et considère même impossible de conserver la nationalité israélienne à ceux des « Arabes de 1948 » qui contestent l’existence d’Israël.
Il a souvent été perçu comme raciste compte tenu de sa manière agressive de s’exprimer. Ainsi, en 2001, s’interroge-t-il sur la possibilité de bombarder le barrage d’Assouan pour faire plier l’Égypte. Ou, en 2003, déclare-t-il qu’il est prêt à conduire en bus des prisonniers palestiniens pour les noyer dans la mer Morte etc. Mais ces sorties sont le fait d’une « grande gueule » et non pas de son idéologie. Identiquement, il qualifie, en 2004, le président Mahmoud Abbas de « diplomate terroriste » mais, en 2008, c’est Benjamin Netanyahu qu’il décrit comme « un menteur, un tricheur et une crapule ».
En réalité, durant ses fonctions ministérielles, Lieberman a nommé quantité de hauts fonctionnaires d’origine éthiopienne ou des Bédouins et des Druzes. Il entend simplement que la citoyenneté implique la loyauté envers l’État. Une personnalité de gauche, comme l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Eitan Ben Eliyahu, assure que ce n’est pas du tout un extrémiste (à la différence de Netanyahu, partisan du « Grand Israël »).
La question qui se pose n’est donc pas de savoir si Lieberman est ou non d’extrême-droite, ni quel sera son avenir personnel, mais quelles forces l’ont conduit à briser son alliance des années 90 avec Netanyahu et son alliance de 2003 avec les religieux. Tout ceci intervenant dans le contexte du « Deal du siècle », toujours annoncé, jamais révélé, mais déjà en cours d’application.
Le projet Kushner-Trump envisage de résoudre le conflit israélo-palestinien en développant économiquement les Arabes et en prenant acte de leurs défaites militaires successives. Moscou a déclaré « inacceptable » la manière envisagée d’ignorer le Droit international. Or, depuis la Conférence de Genève de juin 2012, la Russie tente de prendre pied au Moyen-Orient et d’acquérir une suzeraineté partagée (avec les États-Unis) sur Israël. Lieberman est culturellement beaucoup plus proche du Kremlin que de ses partenaires de la Maison-Blanche et du Pentagone.
[1] « Sommet historique pour sceller l’Alliance des guerriers de Dieu », Réseau Voltaire, 17 octobre 2003.
[2] The Political Ideas of Leo Strauss, Shadia B. Drury, Palgrave macmillan (1988) ; Leo Strauss and the Politics of American Empire, Anne Norton, Yale University Press (2005) ; The Truth About Leo Strauss : Political Philosophy and American Democracy, Catherine H. Zuckert & Michael P. Zuckert, University of Chicago Press (2008) ; Straussophobia : Defending Leo Strauss and Straussians Against Shadia Drury and Other Accusers, Peter Minowitz, Lexington Books (2009) ; Leo Strauss and the Conservative Movement in America, Paul E. Gottfried, Cambridge University Press (2011) ; Leo Strauss, The Straussians, and the Study of the American Regime, Kenneth L. Deutsch, Rowman & Littlefield (2013).
[3] The Family : The Secret Fundamentalism at the Heart of American Power, Jeff Sharlet, HarperCollins (2009).
[4] Historiquement, les « judéo-chrétiens » formaient l’église de Jérusalem autour de saint Jacques. Ils furent chassés de la Synagogue lors de la chute de Jérusalem. Leur courant disparut, sauf dans certains groupes au Moyen-Orient, dont celui qui au VIIème siècle éleva Mahomet. Les seuls chrétiens qui subsistèrent furent des païens convertis à Damas autour de saint Paul. Pendant dix-neuf siècles, l’expression « judéo-chrétiens » n’eut plus de sens, les deux religions étant distinctes et opposées quant au respect de la Loi de Moïse. Durant la Guerre froide, le Pentagone réutilisa cette expression et constitua un mouvement œcuménique autour des pasteurs Abraham Vereide et Billy Graham. Étrangement, on parle au XXIème siècle de « culture judéo-chrétienne », alors que cette expression ne recouvre aucune réalité.