Le mythe du « rebelle modéré » kurde

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Le mythe du « rebelle modéré » kurde

Dans cette troisième et dernière partie de son enquête consacrée au projet de création d’un État kurde en dehors du Kurdistan historique et au détriment des populations arabes et chrétiennes, Sarah Abed dresse un constat terrible. Cet article pourra sembler partial à certains de nos lecteurs. Cependant, tous les faits qui y sont rapportés sont authentiques et peuvent être facilement vérifiés.

Kurdes et Assyriens : des tensions anciennes toujours d’actualité

Une bonne partie de ce que les kurdes revendiquent comme étant spécifique à leur propre culture est en fait emprunté à des cultures plus anciennes, comme celle des Assyriens, des Arméniens et des Chaldéens. En fait, une grande partie, si ce n’est la totalité, du territoire à l’est de la Turquie que les kurdes revendiquent comme leur, a appartenu autrefois aux Arméniens. On comprend aisément, qu’ensuite, les Kurdes aient pu participer au génocide turc des Assyriens [1] et à celui des Arméniens en 1915 [2].

Un groupe d’hommes déterre les restes de victimes du génocide arménien de 1915, Deir ez-Zor, Syrie, 1938.
© Musée-Institut du Génocide Arménien

Également connu sous le nom de « Shato d’sayfo » ou l’« année de l’Épée », ce génocide a eu pour cible les chrétiens de l’Empire Ottoman au cours de la Première Guerre mondiale, principalement en 1915 [3], entraînant une réduction de la population assyrienne de 75%.

Sur la plaine de Ninive, au nord de l’Iraq, les Kurdes habitent dans des villes, comme Dohuk (anciennement appelée Nohadra par les Assyriens) mais ces villes ne sont devenues les « leurs » que depuis qu’ils s’y sont récemment installés.

Si l’on se base uniquement sur le critère de l’identité culturelle et une authenticité historique vieille de plusieurs milliers d’années, ces terres sont, et ont toujours été, uniquement assyriennes. Ces terres ont été essentiellement « offertes » aux kurdes au début des années 70, dans le but de détourner leur attention de la ville iraquienne de Kirkuk et ses alentours, terres riches en pétrole. À cette fin, il y a eu un migration massive kurde vers Dohu qui a entrainé le déplacement, parfois forcé, d’Assyriens dont les revendications semblaient bien plus légitimes, à la fois sur le plan juridique et historique.

C’est une tactique communément employé par les kurdes afin de tenter de légitimer leur « quête sacrée » à savoir la création d’un État — chose qui n’a jamais eu lieu dans l’histoire —. En définissant comme « Kurdistan » tout endroit où les kurdes ont été amenés à vivre à un moment donné, il semble suivre la maxime « La propriété : c’est neuf-dixième de la loi » qui peut être pertinente pour aider à déterminer une responsabilité juridique, mais pas pour l’attribution d’un territoire.

Au début des années 70, les kurdes de Ninive ont commencé à prendre l’habitude de jouer le rôle de « pion » au service des intérêts états-uniens. Dans ce contexte, ils ont trahi leur pays d’accueil quand les États-Unis — par l’intermédiaire de leur marionnette, le shah d’Iran — ont commencé à les armer et à les encourager à se soulever contre le gouvernement.

Le gouvernement iraquien a sévi, forçant les kurdes à quitter la terre qu’ils avaient récemment acquis. L’Iraq et l’Iran ont réussi à trouver un arrangement sur le terrain diplomatique. Ainsi les kurdes se retrouvent à être le proverbial « dindon de la farce » dans ce qui finira par devenir un scénario récurrent. Un phénomène quasi-similaire s’est produit dans les années 80-90 quand, au cours de la première guerre du Golfe, a été établi une zone de restriction aérienne ce qui représente un soutien et une protection internationale tangible en faveur des kurdes.

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Les guérilleros du Parti démocratique du Kurdistan gardent les portes d’Irbil en Irak, le 1er septembre 1996, après avoir pris la capitale « kurde » des mains du rival : l’Union Patriotique du Kurdistan, le 31 août 1996. Les forces du président iraquien Saddam Hussein ont pris d’assaut Irbil, délogeant ainsi l’Union Patriotique du Kurdistan, et permettant à leur rival, le PDK, de s’y installer. Des querelles internes ont tourmentés les 20 millions de Kurdes qui vivent dans les régions montagneuses où convergent les frontières syriennes, turques, iraniennes, irakiennes, arméniennes et azéries.
© Anatolie

« Malgré l’oppression subie par les kurdes des mains turques, ils n’ont pas appris la tolérance. Dans la région du Kurdistan nord-iraquien, le gouvernement régional kurde (GRK) agit à la manière du gouvernement turc pendant 90 ans contre les kurdes et les Assyriens. Les rapports faisant cas de d’abus systémiques commis à l’encontre des Assyriens à l’intérieur du « Kurdistan » autonome iraquien sont en augmentation croissante. On assiste à un véritable harcèlement organisé, cautionné par les autorités kurdes. L’objectif est à l’évidence le même que celui visé par les Turcs, assimiler ou expulser les populations indigènes assyriennes qui vivent sur ce territoire depuis plus de 7 000 ans » a écrit Augin Haninke dans son article : les Kurdes, victimes et oppresseurs des Assyriens [4].

 

Comme expliqué dans la vidéo ci-dessus, les forces de sécurité kurdes en Syrie ont torturé puis assassiné le commandant militaire assyrien David Jindo après lui avoir adressé une fausse invitation à des fins soi-disant collaboratives. Cette manière de procéder n’est pas sans rappeler l’assassinat du Patriarche assyrien Mar Simon XIX Benjamin par Agha Ismail Simko, lorsque qu’il l’invita chez lui.

Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) du nord de l’Irak prétend être endetté à hauteur de 25 milliards de dollars, bien qu’ ayant pu négocier la vente de son pétrole et recevoir une aide étrangère significative [5]. Il est alors légitime de s’interroger sur le niveau de corruption qui existe au sein de l’administration kurde pour qu’elle soit dans la situation dans laquelle elle prétend être. Ceci a pour conséquences que de petites organisations caritatives sont livrées à elles-mêmes en ce qui concernent la facilitation et la distribution de l’aide aux Assyriens et aux Yézidis, pourtant prérogative supposée du gouvernorat du GRK.

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Arborant une version corrigée de la phrase « la Mésopotamie, berceau de la Civilisation », ce panneau est situé près du site historique assyrien de Khinis dans la province de Dohuk. De tel endroits sont typiquement sans surveillance et souvent vandalisés.
Délivré par l’Assyrian International News Agency (AINA)

En 2011, des imams de Dohuk ont appelés les kurdes sunnites à la destruction d’églises et de commerces chrétiens. En guise de représailles, des magasins ont été attaqués et des clubs assiégés par des bandes composées d’une centaines d’individus. Des hôtels et des restaurants ont été braqués à l’arme de poing  [6]. Ces dernières années, les kurdes n’ont cessé d’agir de manière « pas très catholique » envers les minorités chrétiennes, incluant les Assyriens, et même les Yézidis. Ces exactions ont largement dépassé le cadre du révisionnisme historique comme on peut le voir sur la photo ci-dessous. Un phénomène similaire a eu lieu au début du 19ème siècle quand les kurdes se sont réfugiés au nord de la Syrie et ont éconduit les arabes et les Arméniens hors de nombreuses villes.

Les kurdes autorisent Daesh à assassiner des Assyriens

En juillet 2014, lorsque Daech a commencé son incursion en territoire iraquien, le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) a entrepris un désarmement systématique des Assyriens afin d’utiliser leurs armes pour son propre combat.

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Une directive de désarmement qui a été diffusée par le GRK dans les villes assyriennes de la plaine de Ninive.

Des avis ont circulé, promettant des punitions sévères à l’encontre de ceux qui n’obéiraient pas. Un certain degré protection assurée par les Peshmergas leur a été promise.

Mais au cours de l’avancée de Daech, les Peshmergas se sont mis à réquisitionner les armes et à fuir, suivant l’exemple de l’armée iraquienne.

Ceci a laissé les Assyriens et les Yézidis sans aucun moyen de se défendre face aux jihadistes. Certains rapports évoquent des Peshmergas abattant des Yézidis en les empêchant de fuir avec leurs armes.

Haydar Shesho, un commandant Yézidi qui a réussi à se procurer des armes par le biais du gouvernement iraquien, a été arrêté par les autorités du PDK, accusé d’organiser une milice « illégale ».

Cette scène s’est reproduite partout dans le pays, provoquant le départ de 150 000 Assyriens forcé de quitter leur terre ancestrale : la plaine de Ninive.

On ne peut voir là qu’une manigance orchestrée par les dirigeants kurdes visant à permettre l’éviction forcée de tous les résidents non-kurdes de la région par les forces étrangères et ensuite, avec l’aide des États-Unis, reprendre et « libérer leursterres ».

 

Le 13 avril 2016, les forces de sécurité kurdes ont empêché des centaines d’Assyriens de manifester devant le parlement du Gouvernement régional kurde. Cette manifestation a été organisée pour réagir contre la confiscation en cours des terres assyriennes par les kurdes, au nord de l’Irak.

De nombreux témoignages ont été rapportés, comme cette déclaration faite devant le Parlement britannique par l’ex-captive yézidie, Salwa Khalaf Rasho, dans laquelle elle affirme que les peshmergas, désireux de fuir au-devant de la population yézidie, ont rejeté les desiderata des civils yézidis à savoir : une protection ou au moins la possibilité de conserver leurs armes. Ils ont même réaffirmé aux yézidis qu’ils avaient intérêt à retourner chez eux car ils y seraient défendus.

Certains peshmergas, face aux protestations de plus en plus énergiques, ont fini par ouvrir le feu sur les yézidis afin de permettre à leur convoi de passer sans obstacles. Yazda, une organisation qui se bat pour la reconnaissance du génocide yézidi, a écrit dans son mensuel de janvier 2016 : « s’ils [les yézidis] avaient été défendus ne serait-ce qu’une journée, ils auraient pu être évacués en toute sécurité et les massacres ainsi que leur mise en esclavage [par Daech] auraient pu être évités ».

Ce qui suit est un extrait du témoignage de Rasho à la Chambre des Communes britannique devant laquelle elle a imploré de l’aide après s’être échappée des mains de Daech où elle a survécu esclave durant huit mois, malgré plusieurs viols et de multiples tentatives de suicide [7].

« Je m’appelle Salwa Khalaf Rasho. Je suis née en 1998 et j’étais en 3ème. Je vivais une vie simple et modeste avec ma famille jusqu’au jour où Daech a attaqué Shengal, le 3 août 2014. J’étais très attachée à ma ville, Shengal. J’ai été élevée dans un climat de tolérance des différents membres de la communauté, indépendamment de leur coutume, idéologie ou religion parce que les valeurs de ma religion prohibent la haine et la discrimination envers autrui. »

Par conséquent, Shengal était réputée pour sa tolérance et sa diversité ethnique. Ce qui s’est passé fut choquant et inattendu, parce que nous voyions Daech comme nos frères. Je parle là des tribus arabes des villages qui appartiennent à Shengal. Tout à coup, ils sont devenus des monstres et des loups. Ils ont collaboré avec Daech alors que des femmes et des enfants Yézidis étaient mis en esclavage et les hommes abattus [8].

Il y avait environ 9 000 peshmergas dans ma ville qui possédaient divers types d’armes. Ils nous ont dit : « Nous vous protégerons et défendrons Shengal ; Daech ne pourra entrer qu’en enjambant nos cadavres. Nous défendrons Shengal jusqu’au bout. »

Malheureusement, ils ont fui sans résister, sans avertir ou informer la population afin que nous puissions éviter de tomber entre les mains des monstres de Daech. Ils nous ont abandonné, femmes et enfants, à notre destin funeste. Moi et les gens qui m’accompagnaient, nous avons essayé de fuir dans les montagnes comme les autres. »

Une histoire de violation des droits de l’Homme

À la lumière de ces horreurs, il devient facile de comprendre pourquoi les kurdes ont tendance à tenter de s’approprier l’histoire arabe, assyrienne ou arménienne. Lorsqu’ils n’y parviennent pas, ils tentent d’en supprimer toute trace. Sur ce point, ils agissent à l’image de Daech.

À chaque fois que les kurdes ont vu leurs offensives contre la Turquie échouer, ils ont migré en Syrie en prétendant que cette terre leur appartenait. À titre d’exemple, ils ont agi de la sorte avec la ville d’Ayn al-Arab, la rebaptisant « Kobané. » Ce mot vient de « compagnie » faisant référence à une compagnie ferroviaire allemande qui a construit la ligne Konya-Bagdad. Les Kurdes ont aussi prétendu que la ville syrienne d’Al-Qamishli était leur capitale et l’ont rebaptisé « Qamišlo » [9].

Il est utile de préciser que les kurdes ne sont pas même majoritaires sur les terres qui prétendument leur appartiennent, au nord de la Syrie. Par exemple, dans le gouvernorat Al-Hasakah, ils représentent environ 30 à 40 % de la population. Ces chiffres n’ont fait que diminuer depuis le début de la guerre contre la Syrie dans la mesure où de nombreux kurdes ont migré vers les pays européens.

La plupart ont atterri en Allemagne, où ils sont environ 1,2 million, soit un petit peu moins qu’en Syrie. Cependant, ils ne semblent pas chercher à gagner leur autonomie, là-bas. Ils réservent cette ambition aux pays du Moyen-Orient qui les ont accueillis — ceux-là même qu’ils veulent poignarder dans le dos au lieu de les remercier pour leur hospitalité —.

On ne peut donner de crédit aux nombreuses allégations d’Amnesty International en l’absence d’autres déclarations qui les corroboreraient. [10]. Toutefois, dans certain cas, ils sont dans le vrai lorsqu’ils sortent un article en 2015 accusant le YPG, la milice de la population kurde syrienne, de toute une série d’atteintes aux droits de l’Homme [11].

« Ces abus concernent notamment des déplacements forcés, la destruction de foyers, ainsi que le vol et la destruction de biens » a écrit l’ONG. « Dans certains cas, des villages entiers ont été détruits, apparemment en réponse au soutien accordé par leur résidents arabes ou turkmènes à l’État islamique (EI) ou à d’autres groupes armés indépendants. » Amnesty International dénonce aussi l’utilisation d’enfants-soldats dixit Lama Fakih, conseillère expérimentée du programme de gestion de crise d’Amnesty International.

Les Kurdes affirment que leur « Kurdistan » est « multiculturel et pluriconfessionnel », propos malhonnêtes dans la mesure où les autres cultures sont celles de populations vivant à l’écart de la communauté kurde après que leurs terres aient été prises de force. Ces personnes pourraient éventuellement se prononcer contre la transformation de leur pays en un « Kurdistan » indépendant, mais du fait des transferts de populations, elles sont devenues minoritaires chez elles et seront donc dépouillées.

Pourquoi ne possèdent-ils pas d’État ?

La partie moyen-orientale des accords Sykes-Picot, appelée officiellement : « Accord d’Asie mineure », fait partie des accords secrets signés en 1916 par le Royaume-Uni et la France avec l’aval de l’empire russe  [12]. Elle fixe les frontières de pays comme la Syrie, l’Irak et la Jordanie ; les kurdes n’ayant que peu ou prou d’influence. La finalité majeure de ces accords pour les Empires coloniaux français et britanniques était de préserver leur influence et leur suprématie. Les kurdes ont argué qu’un territoire leur avait été promis, mais ils ont été évincé de l’accord à la dernière minute.

L’Histoire kurde du XXème siècle est marquée par la montée du sentiment national kurde aspirant à la création d’un État indépendant conformément au traité de Sèvres de 1920. Des pays comme l’Arménie, l’Irak, et la Syrie ont été en mesure d’accéder à leur indépendance, mais la création d’un « Kurdistan » était contraire aux intérêts du nouvel état turc, créé par Mustafa Kemal Atatürk. Le Kurdistan n’a donc jamais existé.

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Le 28 mars 1991, les kurdes quittent Kirkuk en Iraq pour Erbil, après le bombardement iraquien de la région, pour la récupérer des mains des rebelles kurdes.

Les seules régions du Moyen-Orient où les kurdes ont réussi à obtenir un semblant d’autonomie correspondent au Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak (GRK) — où la protection des minorités est garantie par de nouvelles lois — et Israël  [13].

L’inadéquation entre les régions où se sont installés les kurdes et les frontières politiques et administratives de la région empêche l’établissement d’un consensus kurde sur la question. Cependant, le traité de Sèvres n’a pas été appliqué et a été remplacé par celui de Lausanne. La frontière actuelle entre l’Iraq et la Turquie date de juillet 1926. Bien que l’article 63 du traité de Sèvres accorde de manière explicite pleines garanties et protections à la minorité assyro-chaldéenne ; ce point n’apparait plus dans le traité de Lausanne.

Il est important de préciser que les kurdes iraquiens sont installés sur des terres au sous-sol riche en pétrole [14]. La province syrienne de Hasakah — à laquelle les kurdes ont injustement prétendu et qui inclut leur capitale autoproclamée : Al-Qamishli — possède parmi les champs de pétrole les plus prolifiques de Syrie. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir les États-Unis investir sur les Kurdes.

Les minorités, chrétiennes en particulier, traitées de manière violente et contraire à l’éthique

Selon Rûdaw, dans un article paru en 2014, « Ahmed Turk, un politicien kurde de Turquie, a déclaré que les Kurdes avaient aussi leur part de « responsabilité dans le génocide » et a demandé pardon aux Arméniens. "Nos parents et grands-parents ont été utilisés contre les Assyriens et les yézidis, ainsi que contre les Arméniens. Ils ont persécuté ces gens ; leurs mains sont souillées par le sang. En tant qu’héritiers, nous demandons pardon" a déclaré Turk. »  [15].

Les kurdes ont, durant des siècles, persécuté des groupes minoritaires, commettant à leur encontre des actes génocidaires de manière tristement récurrente. La comptabilité de ces actes entre 1261 et 1999 figure dans « Génocides contre la Nation assyrienne ».

En 1261 après J-C, au cours de ce que l’on a appelé « la venue des kurdes », des milliers d’Assyriens ont fui les villages de la plaine de Ninive, Bartillah, Bakhdida (Qaraqosh), Badna, Basihra et Karmlis, en direction de la citadelle d’Erbil pour échapper à une émigration massive kurde. Le roi Salih Isma’il avait exigé, de la part de nombreux kurdes, le départ des montagnes turques vers la plaine de Ninive. Les villages assyriens de ces plaines ont été saccagés et les milliers d’Assyriens qui n’ont pas pu rejoindre Erbil ont été massacrés par les nouveaux arrivants kurdes. Un monastère a été violé, à Bakhdida, et les religieuses qui y vivaient massacrées. Suit, un article du New York Times paru en 1915 rapportant l’exécution massive de chrétiens par les Turcs et les Kurdes.

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Les tribus kurdes de Turquie, de Syrie et d’Iran ont mené régulièrement des raids voire même des assauts paramilitaires contre leurs voisins pendant « la Grande guerre ». Les kurdes, fidèles à leur tradition de longue date qui consiste à légitimer le pillage des villages chrétiens, sont responsables de nombreuses atrocités commises à l’encontre des chrétiens assyriens. Un chef de clan turc a assassiné le patriarche de l’église d’Aast à la table des négociations en 1918, avec pour répercussions la décimation de la population chrétienne.

La complicité kurde dans le génocide arménien

Le génocide arménien a été perpétré durant et après la Première Guerre mondiale et s’est déroulé en deux phases : l’élimination massive des hommes valides, se traduisant par des massacres et la soumission des soldats conscrits aux travaux forcés ; suivi par la déportation des femmes, des enfants, des plus âgés et des infirmes lors de marches forcées vers le désert syrien  [16]. Acheminés par des escortes militaires, les déportés se voyaient privés de nourritures et d’eau et étaient régulièrement, dépouillés, violés et massacrés.

D’autres indigènes et groupes ethniques chrétiens, comme les Assyriens et les Grecs pontiques ont aussi été sujets à extermination par le gouvernement ottoman lors des génocides assyriens et grecs dont les procédés sont considérés par les historiens comme similaires à ceux utilisés à l’encontre des Arméniens. La plupart des communautés de la diaspora arménienne à travers le monde ont émigré suite au génocide. Dans les provinces de l’est, les Arméniens ont subi les caprices de leurs voisins turcs et kurdes, leur faisant payer des impôts excessifs, commettant brigandage et kidnapping à leur encontre, les forçant à se convertir à l’islam, et autrement, les exploitant sans en référer aux autorités centrale ou locales.

Sous la pression de leurs dirigeants ottomans, les chefs de clans des tribus kurdes ont parcouru les provinces du sud en violant, assassinant et pillant tout sur leur passage ; des terres où ils avaient cohabité durant des siècles, même si n’a pas toujours été simple, avec les Arméniens et autres non-musulmans. Henry Morgenthau  [17], qui a servi comme ambassadeur des États-Unis à Constantinople au moment des faits, décrit la complicité kurde dans ses terrifiants mémoires de 1918 intitulés Histoire de l’ambassadeur Morgenthau :

« Les kurdes déferlaient de leurs montagnes. Se précipitant sur les jeunes filles, ils soulevaient leur voile et emmenaient les plus jolies dans les collines. Ils kidnappaient les enfants au gré de leurs fantaisies et détroussaient sans pitié les autres personnes. Tout en commettant ces exactions, les kurdes massacraient gratuitement ; et les cris des femmes et des vieillards ne faisaient qu’amplifier l’horreur générale. »  [18].

La discrimination envers les kurdes faïli en Iraq

Il est important de rappeler qu’il existe de nombreux kurdes auxquels on aurait tort d’attribuer les méfaits vus précédemment. Il y a des kurdes qui se sont assimilés à la société dans laquelle ils vivent et qui rejettent les idéaux séparatistes de leurs homologues. Leurs préoccupations sont principalement de nature politique et spécifiques aux pays où ils résident.

Ils ne souhaitent pas créer un « Kurdistan » unifié au sein des quatre pays qu’ils occupent moyennant la balkanisation, le pillage, le génocide ou tout autre crime contre l’humanité que l’on a évoqué précédemment. En fait, ces kurdes ont subi une discrimination de la part de leur communauté d’origine parce qu’ils n’ont pas soutenu le projet de création d’un État indépendant.

Les kurdes faïli du nord de l’Iraq en sont le parfait exemple [19]. Beaucoup d’entre eux se sont opposés au projet de referendum sur l’indépendance annoncé par le Gouvernement régional du Kurdistan iraquien (GRK), le 7 juin 2017, dans la mesure où ils craignaient une amplification de la crise en cours.

Le premier ministre iraquien Haider al-Abadi a livré la position officielle du gouvernement iraquien, le 18 juin [20], déclarant : « Le referendum du Kurdistan régional sur la sécession est illégal et le gouvernement fédéral ne le soutiendra pas, ne le financera pas et n’y participera pas. »

Les États-Unis [21] et les voisins de l’Iraq incluant la Turquie, l’Iran [22] et la Syrie s’opposent à la division territoriale du pays [23].

Fouad Ali Akbar, un membre faïli du conseil provincial de Bagdad, confie à Al-Monitor : « Ce sont des kurdes chiites… Ni les chiites, ni les kurdes ne leur ont montré de considération. La plupart des faïlis sont modérés et présentent une hétérogénéité culturelle ; ceci les a empêchés de gagner la confiance des autres kurdes et des chiites qui, pour des raisons ethniques et sectaires, n’ont pas souhaité leur permettre d’acquérir une identité stable ainsi que des droits similaires à ceux des autres citoyens iraquiens. »

L’activiste faïli Hassan Abdali a déclaré : « Nous, les kurdes faïli, nous nous considérons comme des Iraquiens de souche. Nous avons de profondes racines historiques et sociales en Iraq. Nous avons soutenu le pays et ses habitants lors de l’intégralité des mouvements d’émancipation, au cours de la révolte iraquienne contre les Britanniques, et nous avons pris part aux initiatives kurdes et aux révolutions chiites ainsi qu’au combat contre l’État Islamique (EI). Et nous avons aussi été persécutés par les mouvements nationalistes arabes et kurdes »  [24].

Ali Akbar a lui aussi déclaré à Al-Monitor : « La majorité des revendications faïli concernent le potentiel déplacement, les tueries, la confiscation de leurs économies et le pillage systématique qu’ils sont susceptibles de subir en cas de déclaration d’indépendance du Kurdistan ; conséquences des menaces qu’ils reçoivent lorsqu’une querelle surgit entre le gouvernement de Bagdad et le GRK ».

Sara Abdel Waid, cheffe du groupe parlementaire rattaché à Goran (un parti politique kurde iraquien) a déclaré lors d’une conférence de presse en compagnie de représentants faïli, incluant des parlementaires : « Le referendum qui doit avoir lieu en septembre au Kurdistan est un referendum partisan qui ne représente pas l’ambition du peuple kurde, dans la mesure où il n’émane pas d’institutions nationales légitimes. »

Le racisme kurde envers les arabes – plus particulièrement envers les Syriens

Alors qu’il enquêtait sur Daech, le journaliste d’investigation Bruno Jantti nous a donné son sentiment sur ce qu’il a vécu au Kurdistan iraquien :

« En travaillant au Kurdistan iraquien, j’ai été frappé par l’omniprésence d’attitudes régressives comme le racisme ou le sexisme. Je suis resté deux semaines sur place pour mener une enquête sur l’État islamique (EI), principalement aux alentours de Sulaymaniyah et de Dohuk. Je n’ai pas pu m’empêcher de relever un grand nombre de caractéristiques sociétales et culturelles qui m’ont quelque peu surpris.

Considérant ce qui était en train de se passer tout près en Syrie, le niveau de racisme anti-Syriens m’a laissé pantois. J’y ai été confronté presque chaque jour. Un chauffeur de taxi à Sulaymaniyah a lancé : « Ces Syriens ruinent notre pays ! » Un autre fulminait contre des enfants syriens qui lavaient les vitres des voitures et vendaient des clous, les traitant de « Sales gosses ! ». Les Iraquiens et les Syriens d’origine arabe, ayant fui pour rejoindre le Kurdistan iraquien, étaient en permanence déconsidérés.

Il n’y avait pas que les chauffeurs de taxi. Dans l’enceinte du bâtiment du gouvernorat de Sulaymaniyah, une femme officier a jugé bon de nous briefer avant nos interviews dans les camps de réfugiés de la région. Elle m’a dit, mot pour mot, que les réfugiés syriens « se plaignaient à propos de tout ». Dans une autre ville, un chef de police était atterré et dépité de voir que mes collègues et moi-même sollicitions un permis pour travailler dans des camps abritant des réfugiés syriens. Le chef de police a dit avec mépris : « Mais ce sont des réfugiés syriens ! »

J’étais conscient de l’image négative que pouvaient avoir les arabes, les Perses et les Turcs aux yeux du nationalisme kurde. Au Kurdistan iraquien, j’ai été surpris de constater une telle occurrence pour ce genre de comportements. » [25]

Un mythe enjolivé

Les kurdes ont su accroitre leur popularité auprès du public occidental en se faisant passer pour des révolutionnaires féministes, « combattants de la liberté » marxistes en qui brûle le désir ardent de créer leur version d’une utopie où règnerait la paix pour tous [26] — une image que Stephen Gowans a récemment critiqué dans « le mythe de l’excellence morale du YPG kurde » [27].

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Ils cherchent en fait à créer un État autonome illégitime à cheval sur d’actuels États souverains. Cette liberté qu’ils recherchent doit être obtenue en massacrant les populations autochtones des pays qu’ils veulent morceler et diviser à leur convenance [28]. Ils se sont mis à chasser les populations indigènes, moyennant des stratégies basées sur l’utilisation de la force et de la terreur, cautionnées par leurs sponsors mais en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Soutenir leur cause c’est soutenir des actes génocidaires qui consistent essentiellement à arracher les populations de leur foyer et de leurs terres tout en servant les objectifs impérialistes des nations occidentales.

Jusqu’à récemment, les séparatistes kurdes avaient bonne presse. Mais leur agenda a été exposé au grand jour et leurs vraies intentions démasquées. Leur alliance, passée comme présente, avec Israël et les États-Unis est révélatrice de leurs intentions. Elle ne peut être occultée ou sous-estimée dans la mesure où elle est le pilier secret sur lequel reposent leurs ambitions. Le projet du « Grand Israël » est en train de prendre forme et doit être stoppé immédiatement [29].

Le soutien, des aspirations kurdes à l’indépendance et à la création d’un État au dépens de ceux de la région, est illégitime, profondément irrationnel, et constitue une violation des droits de l’homme pour toutes les raisons que nous avons abordées dans cet article. On doit aussi se rappeler qu’un des principaux dirigeants de Daech était kurde [30]. Si les kurdes veulent réellement vivre en paix et coexister avec les autres peuples, ils doivent cesser le révisionnisme historique mensonger auquel ils se livrent, ils doivent renoncer aux alliances qui menacent la stabilité des pays où ils résident actuellement ; et ils doivent s’unir et travailler main dans la main avec leurs frères, avec qui ils partagent le même espace géographique. Ce n’est qu’à ces conditions qu’ils pourront-ils avoir d’autres amis que les montagnes.

Traduction 
Jean-Marc Chicot

[1] “Genocides Against the Assyrian Nation”, Assyrian International News Agency (AINA).

[2] “Today’s Turkey continues the Armenian genocide”, Thierry Meyssan, Translation Pete Kimberley, Voltaire Network, May 14, 2015.

[3] “Seyfo 1915 — Sold for a hen”, The Syriac Orthodox Youth Association of Sweden, April 22, 2015.

[4] “The Kurds and Assyrians : Everything You Didn’t Know”, Max J. Joseph, The Syriac Orthodox Youth Association of Sweden & Assyrian International News Agency, March 31, 2016.

[5] “With Lamborghinis and Rooftop Sushi, Why Is Kurdistan Broke ?”, Sharon Beth, Voice of America, July 26, 2016.

[6] “Islamic Cleric Incites Muslim Kurds during Friday Prayers, Attacks on Assyrian Businesses Follow”, Assyrian Information Managment, December 1, 2011.

[7] “Salwa Khalaf Rasho, statement to UK parliament”, Ezidi Press, March 15, 2016.

[8] 160 000 combattants issus des tribus arabes iraquiennes ont rejoint Daesh.

[9] “Syria : The Criminal Empire’s Strategy Of Divide, Conquer, and Destroy”, Sarah Abed, The Rabbit Hole, March 2, 2017.

[10] “Syria : ’We had nowhere to go’ - Forced displacement and demolitions in Northern Syria”, Amnesty International, October 13, 2015.

[11] “US-Backed Forces in Syria Accused of Human Rights Violations. The Kurdish groups may also not share America’s goals in the conflict”, Max J. Rosenthal, Mother Jones, November 9, 2015.

[12A Line in the Sand : Britain, France and the struggle that shaped the Middle East, James Barr, Simon & Schuster, 2012. The Man Who Created the Middle East, by Christopher Simon Sykes, William Collins, 2016.

[13] “Iraqi Kurdistan sees a Jewish revival, thanks to the Islamic State”, Dov Lieber, Times of Israel, March 15, 2016.

[14] “How Much Oil Does Iraq Have ?”, Gal Luft, Brookings Institution, May 12, 2003.

[15] “Kurds and the Armenian Genocide”, Deniz Serinci, Rûdaw , April 23, 2014. “How Should Kurds Address Armenian Genocide ?”, Kani Xulam, Rûdaw, May 5, 2015.

[16] “The Armenian Genocide. Frequently asked questions”, Genocide 1915.

[17] “Morgenthau, Ambassador Henry, Sr.”, Rouben Paul Adalian, Armenian National Institute.

[18Ambassador Morgenthau’s Story, by Henry Morgenthau, Doubleday, Page & Co., 1918.

[19] Les faïli sont des nomades qui se sont convertis au chiisme et forment une tribu ayant son propre dialecte.

[20] “العبادي يؤكد « لا قانونية » استفتاء الأكراد على الانفصال”, Jawdat Kazem, Al Hayat (Iraq), June 18, 2017.

[21] “Congress threatens to cut payments to Iraqi Kurds if they break with Baghdad”, Bryant Harris, Al-Monitor, June 28, 2017.

[22] “The reason Tehran is against referendum on Iraqi Kurdistan”, Arash Karami, Al-Monitor, June 22, 2017.

[23] “إقليم كردستان العراق يجري استفتاء على الاستقلال في سبتمبر”, BBC, June 8, 2017.

[24] “Shiite Kurds challenge Iraqi Kurdistan independence”, Ali Mamouri, Al-Monitor, July 17, 2017.

[25] “On Racism, Patriarchy and Corruption in Iraqi Kurdistan”, Bruno Jantti, TeleSur, January 20, 2016.

[26] “LGBT Brigades In Syria ? Western Anarcho-Leftists Cutting Their Teeth With Western-Backed Kurdish YPG”, Brandon Turbeville, Activist Post, July 27, 2017. “Le Rojava, un califat d’extrême gauche ? Réseaux "antifascistes" et terrorisme : le laboratoire kurde”, Observatoire des extrêmes de gauche, 16 août 2017.

[27] “The Myth of the Kurdish YPG’s Moral Excellence”, Stephen Gowans, July 11, 2017.

[28] “Syria : The Criminal Empire’s Strategy Of Divide, Conquer, and Destroy”, Sarah Abed, The Rabbit Hole, March 2, 2017.

[29] “Washington’s ‘Greater’ Middle East Project – Hand in Hand with Israel”, Sarah Abed & Mark Taliano, 21st Century Wire, March 30, 2017.

[30] “The traitors helping ISIS wipe out their own people : How ethnic Kurds are using their knowledge of Kobane to coordinate Islamists’ city siege”, Chris Pleasance, Daily Mail, November 4, 2014.

 
 
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