UN MUSULMAN DOIT-IL CÉLÉBRER UN ANNIVERSAIRE ?

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UN MUSULMAN DOIT-IL CÉLÉBRER UN ANNIVERSAIRE ?

C'est la question qui nous a été posée par des frères sunnites lorsque, le 02 septembre 2019, nous avons organisé une sobre cérémonie pour célébrer le 117ème anniversaire de la naissance de l'Imam Khomeyni, fondateur de la République islamique d'Iran. Le grand homme, serviteur sincère d'Allah, est né en effet le 02 septembre 1902.
Nos frères sunnites, comme toujours, se moquaient de notre ignorance, voire de notre mécréance.
??? Mes collaborateurs m'ont alors demandé de rédiger  à leur intention, en tout cas à l'intention de quelques-uns parmi eux qui paraissent sages, intelligents et courtois, une petite note. Ce que je fis en m'appuyant sur le saint Coran.


Célébrer un anniversaire est-il un acte "haram" dans la perspective du saint Coran ? Grande question à laquelle il faut répondre sans passion, conformément à la directive divine (sourate 16, verset 125).
Ainsi, il est important de savoir que la vie des grands hommes, ceux qui ont rendu à l'humanité des services inestimables, mérite d'être connue des générations futures afin de leur servir d'exemple. De même, nous ne ferons pas l'impasse sur la vie des malfaisants, des criminels et autres desperados de tous genres afin que ceux qui viennent après  nous sachent dans quelle licence ils ont agi au détriment des intérêts et du bonheur de l'humanité. Dans les deux cas, il y a une pédagogie utile.


Allah dit qu'Il n'a rien oublié dans le saint Coran, ce qui signifie que tout y est pour orienter nos actions. Alors, le fait de célébrer un anniversaire ou commémorer une mort est-il mentionné dans le Kitâbal-Lâh?


Le Professeur français, philosophe athée devenu musulman sunnite, puis chiite, Roger Garaudy, a souvent recommandé de ne pas lire le Coran avec des yeux de mort, rabâchant sans cesse avec inintelligence des commentaires d'anciens qui ne sont toujours pas de bon aloi. Nous voilà donc invités à la perspicacité, au raisonnement. Mieux que Garaudy, c'est Allah Lui-même qui nous invite à réfléchir à maintes reprises ("Ne réfléchissent-ils pas?").


Nous lisons dans le saint Coran la parole du grand Prophète Issâ Ibn Mariam (Jésus-Christ, as ) : "Et paix sur moi le jour où je naquis, et le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité comme vivant" (sourate 19, verset 33).

Autrement dit, Jésus se réjouit du "salam" (paix d'Allah) qui l'accompagne le jour de sa naissance, le jour de sa mort et le jour où il sera ressuscité à la vie. Autant dire que les trois séquences de sa vie (naissance, mort et ressuscitation) sont toutes des moments de bénédictions.


Si le moment de la naissance est un instant de bénédictions, c'est qu'il est propice à remercier Allah et donc, chaque fois qu'il revient dans un cycle de 12 mois, il convient de louer le Seigneur, notre Créateur, de nous avoir accordé, dans Sa générosité, ce privilège. Lorsque la vie a été insufflée à notre ancêtre Adam, n'a-t-il pas aussitôt remercié Allah? Et, nous ne dirons pas comme Victor Hugo que "Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille applaudit", nous formulons plutôt des bénédictions pour le nouvel enfant.


Continuons la réflexion. Sans risque de nous tromper, disons que Jésus a annoncé en termes de joie à son peuple la venue prochaine d'un Prophète dont le nom est Ahmad (le glorifié). Allah l'a mentionné pour nous comme rappel (sourate 61, verset 6)...
Il faut retenir ici que les prophètes nous ont été envoyés pour être des guides pour nous, des exemples à imiter. Tous ceux qui ont respecté leurs enseignements du mieux qu'ils peuvent sont des exemples à montrer, à célébrer, autant pour leur naissance que pour leur mort.


L'illustration est d'ailleurs donnée par Allah Lui-même qui nous nous instruit : " Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame" (sourate 93, verset 11). Quel bienfait peut être plus grand pour un musulman que l'envoi du Prophète de la miséricorde (sawas) à tout l'univers? D'où notre célébration du "Mawlid Nabi" ou "Maouloud", ce qui n'est pas du goût de certains de nos frères sunnites.
Allah Lui-même s'est imposé le devoir de célébrer les grands hommes dont le plus grand est MOUHAMMAD (sawas): "N'avons-Nous pas [...] élevé haut pour toi ta renommée ?" (Sourate 94, verset 4). Pour le plus grand des hommes, MOUHAMMAD Ibn Abdallah, Allah, qui point de lassitude, célèbre sans discontinuer, Ses anges aussi et les croyants que nous sommes, nous qui évitons les "salawates batra" (sourate 33, verset 56) : Allâhoumma çolli alâ Mouhammadine wa âli Mouhammadine.
Ceux qui sont catégoriquement opposés au Maouloud généralisent naturellement leurs anathèmes en déclarant que célébrer son anniversaire est "haram". Courte vue !


Eh oui, nous avons célébré le 117ème anniversaire de la naissance de l'Imam Khomeyni qui a porté haut le drapeau du Prophète et son  Ahloul Bayt dans le monde.
Nous célébrerons, si cela nous envie, nos propres anniversaires en lisant le saint Coran et les sublimes invocations que nous ont léguées généreusement les Imams Ahloul Bayt (as). Allah sait que nous le faisons pour Le remercier. Cela nous suffit.

Amadou Diallo
Directeur de l'Agence DJANNATOU AHLIL BAYT
Directeur de publication du journal La Sakina-Achoura

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