Formes et Modes d’Adoration de Dieu : 1e partie

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Formes et Modes d’Adoration de Dieu : 1e partie

Formes et Modes d’Adoration de Dieu :

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1ere Partie :

L’adoration peut s'effectuer sous la forme de paroles ou d'actes. L’adoration par la parole consiste dans une série de phrases et de prières que nous prononçons, comme le fait de réciter la sourate al-Fâtiha, les invocations que nous prononçons lors de l’inclinaison ou de la prosternation durant la prière musulmane, ou encore la répétition de la talbiyya (c'est-à-dire le fait de prononcer la formule : labbayka Allahuma labbayk…) pendant le pèlerinage. L’adoration pratique consiste dans les différentes postures que prend le corps durant la prière comme la station debout, l’inclinaison, la prosternation, la position assise, ou bien la station debout à 'Arafat, à Mash’ar et durant les circumambulations autour de la Kaaba durant le pèlerinage à La Mecque (Hajj). Généralement, les rites d’adoration réunissent à la fois des rites par la parole et par les actes, comme la prière et le pèlerinage. Certains docteurs de la loi musulmane préfèrent néanmoins faire la distinction entre l’adoration par l’esprit (cœur) et l’adoration par le corps. Un autre groupe est d’avis que les rites doivent être classés au point de vue de la façon dont les croyants les perçoivent, à savoir deux perceptions de la religion : la perception commune et la perception propre aux gnostiques.

Ainsi, selon eux, la compréhension par les musulmans des enseignements spéciaux de l’adoration comme la prière, le jeûne, le pèlerinage est de deux sortes :

1. La compréhension populaire et marchande.

2. La compréhension par la voie de la gnose et celle de l’Amour.

Dans la première approche, l’adoration ou le culte est une sorte de transaction, d’échange avec l’individu. Tel un ouvrier qui reçoit un salaire en échange de son travail, les adorateurs de ce genre attendent en contrepartie une récompense et un salaire pour le culte rendu. La seule différence entre l’ouvrier qui vend sa force de travail moyennant salaire et cette sorte d’adoration, consiste dans le fait que l’employeur bénéficie du travail de l’ouvrier, alors que Dieu, qui est l’Employeur de ce monde et du Royaume céleste, n’a aucun besoin de l’adoration de Ses créatures.

L’Emir des croyants, Ali (Que la paix de Dieu soit sur lui) a dit : « Dieu, qu’Il soit exalté, a créé les êtres. Puis, après les avoir créés, Il n’eut aucun besoin de ceux qui obéissent à Ses ordres, et Il est dans la sécurité face aux désobéissants. Car la désobéissance de ceux qui désobéissent ne lui cause pas de préjudice, pas plus que l’obéissance de ceux qui obéissent ne Lui rapporte de gain. » (Nahj al- Balâgha).

Dans l’approche gnostique, l’adoration est perçue comme une échelle permettant de se rapprocher de Dieu. En rendant un culte à Dieu, les potentialités spirituelles se développent et l’esprit devient peu à peu en mesure de dominer le corps. Dans cette conception, l'adoration est le comportement le plus élevé de l’homme à l’égard du Créateur du monde et elle permet de manifester concrètement son amour et son aspiration à la perfection.

L’adoration possède une forme et une apparence, mais elle a aussi un esprit. Ce qui s’accomplit par le corps et ses autres organes en est la dimension matérielle, formelle. Le bénéfice que le croyant retire de l’adoration et le chemin qu’il trouve pour le mener dans la proximité divine font partie des éléments constitutifs de l’esprit d’adoration.

L’Imam Ali (Que la paix de Dieu soit sur lui) distingue trois sortes d’adoration en fonction des motivations et des intentions des hommes :

L’adoration des marchands, celle qui vise à l’obtention d’un bénéfice, d’un profit.

L’adoration des esclaves, celle que l’on fait par peur et pour se prémunir contre le préjudice ou la perte.

L’adoration des hommes libres, libérés des contraintes du profit, de la peur de la perte et qui adorent Dieu pour Lui rendre grâce.

Certains adorent Dieu par aspiration pour le Paradis : cette adoration est celle des marchands. D’autres adorent Dieu par peur du châtiment : c’est l’adoration des esclaves qui ont peur de leurs maîtres. Enfin, un autre groupe adore Dieu pour Le remercier : c’est l’adoration des hommes et des femmes libres (La Voie de l'Eloquence). L’adoration des deux premiers groupes n’est pas dépourvue du vice ou d’associationnisme discret, c'est-à-dire qu’à leur insu, ils associent à Dieu d’autres forces, et font preuve en réalité d’amour excessif de soi.

Les deux premiers types d'adoration sont ceux du commun des mortels, tandis que le troisième présente une dimension gnostique fondée sur l’Amour universel. L’adoration commune est validée du point de vue du droit religieux (fiqh), mais le croyant doit faire des efforts pour que son adoration soit de la troisième sorte, l’adoration par l’esprit et l’Amour. L’attitude des hommes et des femmes libres qui se sont libérés du choix entre le Paradis et l’enfer est celle qui consiste à exprimer à Dieu les louanges et les grâces pour Ses bienfaits. Ils n’adorent pas Dieu par peur de l’enfer, ni dans l’espérance du Paradis. A leurs yeux, même si un péché n’entraînait pas une punition, la reconnaissance des bienfaits de Dieu suffirait pour empêcher les hommes de tomber dans la désobéissance.

A suivre

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