Souvenirs de Imâm Ali (as) à propos du Noble Prophète (P)
Introduction
‘Ali, la Paix soit sur lui, était le gardien des secrets et le pacificateur du cœur du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Le maître des vertueux, la Paix soit sur lui, disait au sujet de sa position élevée auprès du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«و قد علمتم موضعي من رسول الله بالقرابة القريبة و المنزلة الخصيصة»[2]
«Concernant ma position auprès de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, vous savez a quel point je possédais le lien de parenté le plus proche et la place la plus intime auprès de lui.»
Et là, il ajoute:
«Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, à l’époque de mon enfance, me faisait asseoir dans sa pièce privée, me prenait dans ses bras, et..., parfois il plaçait les bouchées de nourriture une à une dans ma bouche.
Il n’a jamais été témoin d’un mensonge dans mes paroles ni d’une faute dans mon comportement. J’accompagnais constamment le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, comme un enfant qui est continuellement auprès de sa mère. Chaque jour, il faisait apparaître pour moi une nouvelle facette de son caractère bienfaisant et m’ordonnait de suivre son exemple.
Chaque année, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, allait pour une période dans la grotte de Hirâ’ et personne ne le voyait en dehors de moi. A ce moment, l’Islam n’avait, en dehors de la maison du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, pris le chemin de la maison d’aucun des mecquois et le nombre des musulmans était limité aux personnalités du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de Khadija et à la mienne.
Je voyais la lumière de la Révélation et du Message, et j’humais le parfum de la Prophétie. Lorsque la Révélation est descendue sur l’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, j’ai entendu le gémissement de Chaytân, j’ai interrogé le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«يا رسول الله! ما هذه الرنة؟ فقال: هذا الشيطان قد ايس من عبادته. إنّك تسمع ما أسمع، و تري ما أري، إلّا أنّك لست بنبيّ و لكنّك وزير، و إنّك لعلي خير»[3]
«Ô Envoyé de Dieu! De qui est-ce le gémissement? Il dit: «Il s’agit du son de la lamentation de Chaytân qui est désespéré au sujet de son propre culte. [Puis il dit: «Cher ‘Ali!] Ce que j’entends, tu l’entends, et ce que je vois, tu le vois; sauf que tu n’es pas prophète, mais au contraire, tu es le vizir, le successeur, et tu marches dans la voie du bien.»
Maintenant, considérant la place élevée du Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, voyons maintenant ses souvenirs et ses paroles au sujet des fonctions, de la biographie et de la tradition du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.
L’ascétisme et la vie simple du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
L’ascétisme et la vie simple font partie des actes louables qui sont la cause de bien des perfections spirituelles au sein de l’existence de l’homme. Parmi les qualités les plus évidentes ayant donné la réussite aux envoyés divins lors de la question de la transmission de la Religion et du Message divin en direction des oreilles des gens de ce monde, se trouvaient leur ascétisme et leur vie simple. Les envoyés divins croyaient que:
«إنّ الله عزّوجل فرض علي أئمة الحق أن يقدّروا أنفسهم بضعفة الناس؛ كيلاً يتبيغ بالفقير فقره»[4]
«Dieu le Victorieux a rendu obligatoire pour les Imâms justes le fait de se mettre à la hauteur des faibles afin que la pauvreté ne contraigne pas les nécessiteux à la révolte.»
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, mentionne cette spécificité dans la biographie prophétique et explique que:
«قضم الدنيا قضماً، و لم يعرها طرفاً. أهضم أهل الدنيا كشحاً، و أخمصهم من الدنيا بطناً. عرضت عليه الدنيا فأبي أن يقبلها، و علم أنّ الله أبغض شيئاً فأبعضه» [5]
«Le Prophète n’a tellement pas profité de ce monde qu’il n’a pas rempli sa bouche ni ne l’a contemplé (ce monde), ne serait-ce que du coin de l’œil. Ses deux flancs étaient plus enfoncés que ceux des gens et son ventre était celui qui était le plus vide.
Ils lui ont offert ce monde mais il n’a pas accepté, et il tenait pour ennemi tout ce sur quoi il ressentait l’inimitié divine. »
L’Imâm, dans la suite de ses sermons, a parlé de la vie simple et sans cérémonie du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, disant:
«و لقد كان3 يأكل علي الأرض، و يجلس جلسة العبد، و يخصف بيده نعله، و يرقع بيده ثوبه، و يركب الحمار العاري، و يردف خلفه، و يكون الستر علي باب بيته فتكون فيه التصاوير فيقول: يا فلانة ـ لإحدي أزواجه ـ غيّبيه عنّي فإنّي اذا نظرت اليه ذكرت الدنيا و زخارفها» [6]
«Le Noble Envoyé de l’Islam mangeait constamment sur le sol et s’asseyait comme les serviteurs, il rapiéçait ses chaussures de sa propre main, cousait ses vêtements, montait un âne non sellé et non équipé, faisant monter quelqu’un d’autre avec lui.
[Un jour, il réalisa qu’un] tissu orné d’une représentation avait été suspendu sur le pas de la porte de sa maison. Il dit à l’une de ses épouses: «Éloigne ce tissus de ma vue car chaque fois que mon regard tombe sur lui, je tombe dans le souvenir de ce monde et de ses ornements. »
«فما أعظم منّة الله عندنا حين أنعم علينا به سلفاً نتّبعة، و قاعداً نطأ عقبه! و الله لقد رقّعت مدرعتي هذه حتّي استحييت من راقعها»[7]
«Qu’elle est grande la grâce que Dieu l’Immense nous a octroyée avec l’envoi d’un tel Prophète; un grand guide derrière lequel nous devons marcher et dont nous devons poursuivre la voie. J’en jure par Dieu! Moi aussi j’ai tellement rapiécé cette tunique de laine que j’en suis devenu honteux. »
Dans un autre sermon, l’Imâm expose ainsi la vie pieuse et sans artifices du Noble Envoyé de l’Islam:
«قد حقّر الدنيا، و صغّرها، و أهون بها، و هوّنها، و علم أنّ الله زواها عنه اختياراً، و بسطها لغيره احتقاراً، فأعرض عن الدنيا بقلبه، و أمات ذكرها عن نفسه» [8]
«[Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens] a vu ce monde petit et l’a ainsi fait apparaître aux autres, il l’a considéré comme sans valeur et a fait également comprendre aux autres son caractère vil et dénué de prix. Il savait que Dieu, par [respect, connaissance de la valeur de sa personnalité] et pour le choisir, a éloigné ce monde de lui et l’a offert aux autres, du fait de son caractère insignifiant. Pour cette raison, il a détourné son cœur et son âme de l’amour de ce monde et a purifié son existence du souvenir de ce monde. »
Le Maître des gnostiques a décrit les usages prophétiques éloignés du luxe et des cérémonies mondaines, il poursuit ainsi son discours:
«خرج من الدنيا خميصاً، و ورد الآخرة سليماً، لم يضع حجراً علي حجر حتي مضي لسبيله» [9]
«Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, a quitté ce monde avec la faim au ventre, il est entré dans l’Au-delà avec un corps sain et une âme saine. Il n’a pas bâti de palais somptueux, jusqu’à ce qu’il trépasse. »
Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dans la voie de la diffusion des sagesses divines et de son Message céleste a tellement connu de tourment et de persécution, a supporté tant de problèmes et de difficultés qu’aucun des guides divins ne s’est autant que lui trouvé en butte à des obstacles à la voie de la Prophétie. C’est pour cette raison qu’il disait constamment:
«ما أوذي نبيّ مثل ما أوذيت»[11]
«Aucun prophète n’a comme moi été l’objet du tourment et de la persécution. »
Dans certains versets coraniques, les problèmes et les difficultés du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, ont été exposés. Il est dit dans la sourate «Hijr»:
«و قالوا يا أيّها الذي نزّل عليه الذكر إنّك لمجنون» [12]
Ils ont dit: «Ô toi, sur qui on a fait descendre le Rappel! Tu es sûrement un possédé!»
Or le Noble Envoyé de l’Islam, face aux problèmes et aux difficultés, s’est tenu droit comme une montagne solide, il a persisté sur ses messages divins et n’a pas courbé l’échine un seul instant.
Pour cette raison, le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, dans La voie de l’éloquence (le Nahj ol-Balâgha), à l’aide de belles expressions, fait l’éloge de sa droiture sans égal et dit:
«دعا الي طاعته، و قاهر أعدائه جهاداً عن دينه، لا يثنيه عن ذلك إجتماع علي تكذيبه، و إلتماس لإطفاء نوره»[13]
«Il a invité [les hommes] à la soumission à Dieu, a combattu les ennemis de Dieu dans la voie de la Religion, ayant été vainqueur sur tous. La propension des ennemis à l’accuser de mensonge ne l’a pas empêché d’accomplir son devoir en Dieu et l’effort des opposants en vue d’éteindre la lumière de la Prophétie n’ont pas porté leurs fruits. »...
[1] - Source: Madjalleh-ye Moballeghân (Magazine des historiens), n°53.
[2] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[3] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[4] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.67, p.178; Nahj ol-Balâgha, sermon n°209.
[5] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[6] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[7] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[8] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.
[9] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[11] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.39, p.56.
[12] - Sourate «Hijr»; 15: 6.
[13] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.