تقي زاده

تقي زاده

Sur fond d'une imminente intervention militaire de la Turquie à Afrin, l’une des trois zones contrôlées par les forces kurdes et leurs alliés dans le nord de la Syrie, et de la formation d’une nouvelle « Force de sécurité aux frontières », le département d'État américain avait appelé la Turquie à ne pas intervenir en Syrie. Mais en mauvais entendeur, l’armée turque a lancé une offensive, dans la matinée du 19 janvier, contre les positions kurdes dans le nord de la Syrie.

En réponse à l'appel de la Maison Blanche de ne pas intervenir à Afrin, zone sous le contrôle du Parti de l’Union démocratique (PYD) et de son aile armé, les Unités de protection du peuple (YPG), le chef de la diplomatie turque a affirmé: « Nous interviendrons dans la région d’Afrin et nous ne nous attendons pas à une opposition russe. Pour ce faire nous nous sommes entretenus avec les Russes et les Iraniens au sujet l’utilisation de l’espace aérien. »

Lire aussi: Damas met en garde Ankara

La porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert a appelé la Turquie, lors d’une conférence de presse, à concentrer ses efforts sur la lutte anti-Daech plutôt que de procéder à une intervention militaire à Afrin.

Mercredi 17 janvier, le Conseil de sécurité nationale de Turquie (MGK) s’est réuni sous l'égide du président turque Recep Tayyip Erdogan pour discuter des dernières évolutions dans le nord de la Syrie.

« La Turquie ne permettra pas la création d'un corridor de terrorisme et d'une armée de terroristes près de ses frontières. Ankara prendra toutes les mesures nécessaires contre les menaces en provenance de la Syrie », souligne la déclaration publiée au terme de la réunion du Conseil qui dénonce également la formation d'une Force armée composée de "l'organisation terroriste PKK/PYD" dans le nord de la Syrie, nommée « Force de sécurité frontalière ».

« Nous sommes déçus que l'un de nos alliés au sein de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) fournisse des armes aux terroristes qu'il considère comme ses alliés, sans tenir compte de notre sécurité », a poursuivi le Conseil soulignant la nécessité de « récupérer les armes, les véhicules et les équipements fournis à PYD et YPG par les Américains, étant donné que la lutte contre Daech touche belle et bien à sa fin ».

Suite à cette montée des tension et aux affrontements entre les éléments terroristes et les Unités de protection du peuple (YPG) à proximité d’Afrin dans la province d’Alep, l’unité d’artillerie de l’armée turque a lancé une offensive, ce vendredi matin, contre les positions des forces kurdes répandues sur les axes de l’est, du nord et du nord-ouest d’Afrin.

La Russie tire la sonnette d’alarme quant à la propagation du terrorisme chimique qui pourrait outrepasser les frontières du Moyen-Orient.

Lors de son intervention, jeudi 18 janvier, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU axée sur la non-prolifération des armes de destruction massive « ADM », le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a déclaré: « Il est nécessaire de prendre en considération de réels risques de propagation du terrorisme chimique au-delà du Proche-Orient étant donné le nombre important de combattants étrangers parmi les extrémistes. Venus en Syrie et en Irak de l'étranger, des terroristes ont déjà eu la possibilité d'acquérir une expérience pratique et des compétences pour créer et utiliser des armes chimiques. »

Daech a déjà utilisé de l'ypérite en Syrie et en Irak, le 11 février 2016. ©Wikistrike

« Certains pays occidentaux préfèrent fermer les yeux sur l’usage par les terroristes des armes chimiques en Irak et en Syrie, ce qui contredit certaines résolutions onusiennes », a-t-il fait savoir.

Sergueï Lavrov a ajouté: « Nous avons proposé à plusieurs reprise d'adopter une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ou au moins une déclaration de son président condamnant les actes concrets de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie et en Irak. Malheureusement, toutes nos propositions ont suscité une résistance de la part de nos collègues occidentaux qui préfèrent fermer les yeux sur les faits d'utilisation et même de fabrication d'armes chimiques par les terroristes et qui lancent des allégations contre Damas. »

La Russie a commencé à livrer à la Chine des batteries de son système de défense antimissile S-400, dans le cadre d'un accord signé en 2014, selon des sources proches de l'armée russe.

"La mise en œuvre du contrat a commencé et le premier convoi a été envoyé en Chine", ont rapporté, jeudi 18 janvier, les médias russes citant un responsable qui a requis l'anonymat.

Selon la même source, une station de contrôle, une station radar, du matériel d'énergie et de soutien, des pièces détachées et d'autres éléments constituant le système S-400 composent le premier convoi.

La source anonyme ajoute que ni le transfert de technologie, ni la production sous licence n'ont été prévus dans le contrat.

En 2017, la Russie a fourni des formations nécessaires à un groupe de militaires chinois pour qu'ils puissent manier le système.

Le contrat fait de la Chine le premier client étranger du S-400 russe, suivie par la Turquie. L'accord, scellé en 2014, a été officiellement confirmé le 12 septembre 2017 par la Russie, pour une valeur de 2,5 milliards de dollars.

Fin 2017, Moscou a laissé entendre un accord de vente du système de défense antimissile S-400 à l'Arabie saoudite. Entré en service en 2007, le S-400 est considéré comme le système de missiles antiaériens à longue portée le plus sophistiqué de Russie. Capable d'atteindre des cibles à une distance de 400 km et à une altitude de 30 km, le système peut détruire des avions, des missiles de croisière et des missiles balistiques. Il peut également viser des cibles terrestres.

 
 
 

Renouvelant un pacte sur le nucléaire, le Japon et les USA suscitent l’inquiétude de la Chine.

Pour la Chine, le renouvellement du pacte qui autorise à mettre en place un système de recyclage du combustible nucléaire, pourrait inciter le Japon à se munir de l’arme nucléaire.

L’agence de presse japonaise Kyodo a confirmé que le pacte de retraitement du combustible nucléaire entre le Japon et les USA se renouvellerait automatiquement en juin 2018, après l’expiration du délai de 30 ans. Selon l’agence, l’accord renforce la dépendance de Tokyo à Washington en matière d’énergie.

La Chine, de son côté, s’inquiète. Le pacte permet au Japon de retraiter le combustible usé des réacteurs nucléaire pour en extraire l’uranium et le plutonium. Elle reproche également aux deux parties à ne pas avoir révisé ni modifié certains articles de l’accord. Mais vu la montée des tensions en Asie de l’Est, l’administration américaine a préféré ne pas revoir le pacte entré en vigueur en 1988.

Selon Ji Young Chang, professeur au département des sciences politiques et des relations internationales de l’université de Pékin, le renouvellement de ce pacte sans révision ni modification est une menace pour toute la région de l’Asie de l’Est. Il démontre que le Japon a l’intention de procéder à l’enrichissement d’uranium. Vu l’ensemble du cycle du combustible nucléaire et des matières que possède Tokyo, ce dernier est parfaitement en mesure de fabriquer des armes nucléaires.

Le Japon dispose de 47 tonnes de plutonium à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Une quantité qui lui permet de fabriquer cinq bombes atomiques.

Israël reconnaît les défis que pourrait représenter un nouveau missile du Hamas pour son système de défense aérien Dôme de fer.

Le site web israélien 0404 fait part de l'inquiétude de l'armée d'Israël face à l'arsenal balistique du Hamas.

"Le Hamas dispose de missiles lourds et sophistiqués, marqués par leur haute précision. Il les utilisera très probablement en cas de déclenchement d'un nouveau conflit", indique le site.

Dans la foulée, une chaîne de télévision israélienne a annoncé que le Hamas possédait de nouveaux missiles à courte portée qui pourraient défier le système de défense aérien Dôme de fer.

"Le Hamas se prépare à un éventuel conflit face à Israël et ne cesse d'optimiser son arsenal d'autant plus qu'il dispose d'un nouveau type de missile à courte portée qui est capable de charger une importante quantité d'explosifs et de causer des dégâts considérables. Ce missile a la capacité de porter entre 160 et 200 kilogrammes d'explosifs et représente une menace sérieuse pour le Dôme de fer. Il a été conçu essentiellement pour contrer les missiles à moyenne et à longue portée. Des missiles auraient été probablement installés près de la frontière de Gaza de sorte à prendre pour cible les forces de l'armée israélienne. Le Hamas a tiré de grandes expériences des précédents conflits. D'où ses efforts inlassables en vue d'accéder à la technologie qui lui permettra de cibler les colonies israéliennes situées près de la frontière de Gaza", ont confié des sources sécuritaires à la télévision israélienne, sous couvert de l'anonymat.

Dans ce droit fil, Amir Bohbot, analyste des questions militaires, a confié au site web Walla que les services de sécurité israéliens s'étonnaient que le Hamas ait pu fabriquer un missile du type R-160, malgré la surveillance perpétuelle de la bande de Gaza.

"Deux missiles R-160 ont été tirés depuis la bande de Gaza vers la ville de Haïfa. Le premier a été abattu mais le deuxième a atteint sa cible", a-t-il prétendu.

Haïfa étant située à 120 kilomètres de la bande de Gaza, Amir Bohbot a fait état de la grande surprise de l'armée israélienne face aux performances du Hamas. Les responsables locaux des colonies israéliennes n'en sont toujours pas informés, ajoute l'expert.

Le ministre israélien des Affaires militaires Avigdor Lieberman a récemment confirmé le test de trois nouveaux missiles par le Hamas.

Un député de la Chambre des représentants libyenne a qualifié d'agression flagrante le déploiement des forces militaires italiennes en Libye.

Ibrahim al-Darssi, député de la Chambre des représentants libyenne dont le siège est à Tobrouk, a déclaré, jeudi 18 janvier, que le déploiement des forces militaires italiennes en Libye mettait en évidence les vraies positions de la communauté internationale, au moins celles des grandes puissances.

"Certains pays considèrent comme légal l'envoi de contingent militaire étranger sur le sol libyen sous prétexte que le gouvernement d'entente nationale a donné son aval, alors que celui-ci n'a pas réussi à s'attribuer le vote de confiance du Parlement", a expliqué Ibrahim al-Darssi dans une interview exclusive, accordée à l'agence de presse russe Sputnik.

"Le Parlement et la majorité des Libyens voient dans l'envoi des militaires italien en Libye une agression flagrante et une occupation territoriale. Nous condamnons cet acte qui incarne l'occupation du sol libyen par l'Italie", a-t-il souligné.

Le Parlement italien a ratifié, mercredi 17 janvier, un projet de loi permettant l'envoi de 470 militaires au Niger et l'acheminement de nouveaux contingents en Libye de sorte à porter à 400 le nombre des soldats déjà déployés dans ce pays déchiré par les conflits.

Le parlementaire libyen a ensuite dénoncé le récent discours de Ghassan Salamé, émissaire spécial de l'ONU pour la Libye, auprès du Conseil de sécurité, disant qu'il avait falsifié des réalités à propos de la Libye.

"Ghassan Salamé a jugé tendue la situation dans l'Est libyen alors que la partie orientale de notre pays reste calme et stable contrairement à l'Ouest où les miliciens continuent de déstabiliser Tripoli", a-t-il expliqué.

L'Ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la révoltuion islamique a insisté que Al-Qods (Jérusalème) est ''indéniablement'' la capitale de la Palestine. 
 
Les américaines qui ont pris décision de déclarer Al-Qods (Jérusalème) comme la capitale du régime sioniste ne pourront pas appliquer cette décision, a indiqué le Guide suprême iranien.

L'ayatollah Khamenei a insisté que les gouvernements qui aident les Etats-Unis et le régime sioniste à la mise en place de cette décision sont des traîtres.

Le leader iranien a précisé que la cause palestinien est une question fondamentale pour tous les musulmans. La question de la Palestine ne doit pas être oubliée, a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont annoncé mardi avoir informé l'UNRWA, l'agence onusienne d'aide aux réfugiés palestiniens, qu'ils allaient geler un versement de 65 millions de dollars dans le but d'obtenir des "réformes" de cette institution. 
 
Une lettre en ce sens a été remise mardi à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Moyen-Orient (UNRWA), a précisé lors d'un point de presse Heather Nauert, la porte-parole du Département d'Etat.
Le versement de cette somme, correspondant à environ la moitié de la contribution américaine, est gelé et non annulé, a-t-elle assuré, le temps que des réformes soient entreprises au sein de l'agence onusienne.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s'est dit "très inquiet" mardi devant ce gel américain. "J'espère très fortement qu'au final, les Etats-Unis pourront maintenir leur financement de l'UNRWA, dont ils sont le principal contributeur", a-t-il dit.

M. Guterres a noté que l'UNRWA, créée en 1949, n'est pas une institution palestinienne, mais onusienne, qui vient en aide aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants dans les territoires occupés, ainsi qu'en Jordanie, en Syrie et au Liban.
Ahmad Salim, 24 ans, a été tué à Jayyous, près de Qalqiliya, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis plus de 50 ans par Israël. 
 
Le Palestinien a été tué lundi par des tirs de l'armée israélienne lors des manifestations en Cisjordanie occupée, ont indiqué le ministère palestinien de la Santé et l'agence officielle Wafa.

Un porte-parole de l'armée israélienne a fait état dans un communiqué d'une manifestation au cours de laquelle "des dizaines de Palestiniens ont lancé des pierres sur les soldats".

"Les soldats ont riposté à ces violences en employant des moyens de dispersion et en tirant à balles réelles", a-t-il dit.

"Les informations sur la mort d'un Palestinien sont en cours d'examen", a-t-il dit.

Il s'agit du 17e Palestinien tué lors de violences depuis le 6 décembre et l'annonce par le président américain Donald Trump de la reconnaissance d'al-Qods comme capitale d'Israël. Un Israélien a en outre été assassiné en Cisjordanie.

La décision de M. Trump a provoqué la colère des Palestiniens. Ils voient en elle un déni de leurs revendications sur Jérusalem-Est annexée et occupée, dont ils souhaitent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Les dirigeants palestiniens étaient réunis lundi à Ramallah pour tenter d'élaborer la riposte aux coups portés selon eux à leur cause par l'administration Trump.
mercredi, 17 janvier 2018 09:42

La vérité sur les « fake news »

Alors que l’Otan mettait en place un vaste système pour accuser la Russie de perpétuer la propagande de l’Union soviétique, une hystérie s’est emparée de Washington. Pour tenter de discréditer le nouveau président US, les médias dominants l’accusent de dire n’importe quoi ; en réponse, celui-ci les accuse de propager de fausses nouvelles. Cette cacophonie est amplifiée par le développement soudain des réseaux sociaux, jadis promus comme armes du département d’État contre les régimes nationalistes, aujourd’hui forum populaires contre les abus des élites de tous poils ; Washington en premier lieu.
Dès l’annonce de son élection surprise et avant même qu’il ait eu accès à la Maison-Blanche, l’immense majorité des médias US et de l’Alliance atlantique ont dénoncé l’incurie et la folie du président Trump. Une bataille s’est engagée entre la classe médiatique et le nouveau président, chacun accusant l’autre de propager de fausses nouvelles.

Un peu partout dans les pays de l’Otan —et uniquement dans ces pays—, des responsables politiques dénoncent les fake news. Il s’agit de mettre en lumière l’influence supposée de la propagande russe au sein des « démocraties occidentales ». L’État le plus impacté par cette campagne est la France dont le président Emmanuel Macron a annoncé la rédaction d’une loi spécifique pour lutter contre cette « atteinte à la démocratie », mais uniquement « en période électorale ».

Le fait que l’expression anglaise fake news soit conservée comme telle dans toutes les langues de l’Otan alors qu’elle désigne un phénomène aussi vieux que le monde, les fausses nouvelles, atteste l’origine anglo-saxonne de cette problématique.


Réagissant au projet de loi d’Emmanuel Macron, le ministre russe des Affaires étrangères se demande jusqu’où la censure ira en Europe occidentale.

À l’origine de la campagne contre les « fake news » : l’Otan

En 2009, le président Obama annonça au sommet de l’Otan de Strasbourg-Kehl son intention de créer un service de « Communication stratégique » de l’Alliance [1]. Il fallut six ans pour le mettre en place autour de la 77th Brigade de l’armée de Terre britannique et de la 361st Civil Affairs Brigade de l’armée de Terre états-unienne (basée en Allemagne et en Italie).

La mission de départ était de contrer les discours accusant l’État profond US d’avoir lui-même organisé les attentats du 11-Septembre, puis ceux accusant les Anglo-Saxons d’avoir planifié les « printemps arabes » et la guerre contre la Syrie ; discours qualifiés de « conspirationnistes ». Cependant, rapidement les choses évoluèrent pour convaincre les populations de l’Alliance que la Russie poursuit la propagande de l’Union soviétique —et donc que l’Otan est encore utile—.

En définitive, en avril 2015, l’Union européenne se dota d’un « Groupe de travail pour les communications stratégiques vers l’Est » (East StratCom Task Force). Il adresse chaque semaine à des milliers de journalistes un relevé de la propagande russe. Par exemple, sa dernière édition (datée du 11 janvier 2018) accuse Sputnik d’avoir prétendu que le zoo de Copenhague nourrit ses fauves avec des animaux familiers abandonnés — Bigre, les « démocraties » sont menacées ! À l’évidence, il est difficile pour ces spécialistes de trouver des exemples significatifs de l’ingérence russe. En août de la même année, l’Otan inaugura son « Centre de communication stratégique » à Riga (Lettonie). L’année suivante, le département d’État US se dota, quant à lui, du « Centre d’engagement global » (Global Engagement Center) qui poursuit les mêmes buts.

Comment Facebook, la marotte d’Hillary Clinton, s’est retourné contre elle

En 2009, la secrétaire d’État Hillary Clinton, sous l’impulsion de Jared Cohen (responsable au Bureau de la planification politique), se persuada qu’il était possible de renverser la République islamique d’Iran en manipulant les réseaux sociaux. Cette théorie n’eut pas l’effet escompté. Cependant, deux ans plus tard, en 2011, le même Jared Cohen devenu patron de Google Ideas réussit à mobiliser la jeunesse cairote. Bien que la « révolution » de la place Tahrir n’ait pas influé l’opinion du peuple égyptien, le mythe de l’extension du mode de vie états-unien par Facebook était né. Du coup, le département d’État a sponsorisé quantité d’associations et de congrès pour promouvoir Facebook.

Cependant, l’élection présidentielle US de 2016 créa la surprise. Un outsider, le promoteur immobilier Donald Trump, élimina tous ses rivaux un à un, y compris Hillary Clinton, et fut porté à la Maison-Blanche alors qu’il disposait des conseils de Facebook. Pour la première fois, le rêve de l’égérie des politiciens professionnels devenait réalité, mais contre elle. Du jour au lendemain, Facebook fut diabolisé par la presse dominante.

Il apparait à cette occasion que l’on peut artificiellement créer des mouvements de foule avec les réseaux sociaux, mais qu’au delà de quelques jours, les utilisateurs retrouvent leur esprit. C’est la constante de tous les systèmes de manipulation de l’information : ils sont éphémères. La seule forme de mensonge qui permet de créer des comportements sur le long terme suppose d’avoir poussé les citoyens à un engagement mineur, c’est-à-dire de les embrigader [2].

Au demeurant, Facebook l’a fort bien compris en créant son « Bureau de la Politique mondiale et de la Sensibilisation des gouvernements » et en le confiant à Katie Harbath. Il entend créer des émotions collectives en faveur de tel ou tel client, mais ne cherche pas à organiser des campagnes durables [3]. C’est aussi pourquoi, le président Macron se propose de légiférer les réseaux sociaux uniquement pour les périodes électorales. Lui même a été élu grâce au bref désordre créé conjointement par un hebdomadaire et Facebook contre son rival François Fillon ; opération orchestrée par Jean-Pierre Jouyet [4]. Au demeurant, la crainte d’Emmanuel Macron que la prochaine fois les réseaux sociaux soient utilisés contre lui se superpose avec la volonté de l’Otan de montrer la continuité URSS-Russie en matière de propagande. Il cite donc comme exemple de manipulation une interview de Sputnik à propos de sa vie privée et le relai d’une allégation sur un compte bancaire à l’étranger.

Le rapport de Christopher Steele

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Au Royaume-Uni les jeunes considèrent la rhétorique officielle sur les « fakes news » comme une volonté gouvernementale de leur bourrer le crâne, ainsi qu’en atteste le succès de la marque de jeans Fake News.

Durant la campagne présidentielle US, l’équipe d’Hillary Clinton a commandé à l’ancien agent des services secrets britanniques Christopher Steele une enquête sur le candidat Donald Trump. Ancien patron du « Bureau Russie » du MI6, il est connu pour ses allégations scandaleuses et toujours invérifiables. Après avoir accusé sans preuve Vladimir Poutine d’avoir commandité l’empoisonnement d’Alexander Litvinenko au polonium 210, il l’accusa d’avoir fait tomber Donald Trump dans un piège sexuel et de le faire chanter. Le Dossier Steele est alors discrètement remis à divers journalistes, hommes politiques et maîtres espions, et enfin publié [5].

D’où l’hypothèse selon laquelle, cherchant à faire élire sa marionnette et à empêcher l’élection d’Hillary Clinton, le maître du Kremlin aurait ordonné à « ses » médias d’acheter des publicités sur Facebook et de répandre des calomnies contre l’ancienne secrétaire d’État ; hypothèse qui serait aujourd’hui étayée par une conversation de l’ambassadeur australien à Londres avec un conseiller de Donald Trump [6]. Peu importe que Russia Today et Sputnik n’aient dépensé au total que quelques milliers de dollars pour des publicités rarement consacrées à Madame Clinton, la classe dirigeante US est persuadée qu’ils ont renversé l’engouement en faveur de la candidate démocrate et sa campagne à 1,2 milliard de dollars. À Washington, on persiste à croire que les inventions technologiques permettent de manipuler le genre humain.

Il ne s’agit plus d’observer que Donald Trump et ses partisans ont mené campagne sur Facebook parce que la totalité de la presse écrite et audio-visuelle leur était hostile, mais de prétendre que Facebook a été manipulé par la Russie pour empêcher l’élection de l’égérie de Washington.

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Ancien collaborateur de Condoleezza Rice, puis d’Hillary Clinton et désormais d’Eric Schmidt, Jared Cohen partage la philosophie scientiste des dirigeants de Google (le transhumanisme). Selon lui, il est possible de renverser des gouvernements en utilisant les bons algorithmes sur les réseaux sociaux.

Le privilège juridique de Google, Facebook et Twitter

En cherchant à prouver l’ingérence de Moscou, la presse US a souligné le privilège exorbitant dont disposent Google, Facebook et Twitter : ces trois sociétés ne sont pas considérées comme responsables de leurs contenus. Du point de vue du droit états-unien, elles sont uniquement des transporteurs d’information (common carrier).

Les expériences conduites par Facebook ayant montré la possibilité de créer des émotions collectives d’une part, et l’irresponsabilité juridique de cette société d’autre part, attestent d’une anomalie du système.

D’autant que le privilège de Google, Facebook et Twitter est à l’évidence indu. En effet, ces trois sociétés agissent au moins de deux manières pour modifier les contenus qu’elles transportent. D’abord, elles censurent unilatéralement certains messages, soit par l’intervention directe de leur personnel, soit mécaniquement par des algorithmes cachés. Puis, elles promeuvent leur vision de la vérité au détriment des autres point de vue (fact-checking).

Par exemple, en 2012, le Qatar commanda à Google Ideas, déjà dirigé par Jared Cohen, la création d’un logiciel permettant de suivre la progression des défections dans l’armée arabe syrienne. Il s’agissait de montrer que la Syrie était une dictature et que le peuple entrait en révolution. Or, il s’avéra rapidement que cette vision des choses était fausse. Le nombre de soldats ayant fait défection ne dépassa jamais les 25 000 dans une armée de 450 000 hommes. C’est pourquoi, après avoir fait la promotion de ce logiciel, Google le retira discrètement.

À l’inverse, Google promeut depuis sept ans les articles relayant les communiqués de l’Observatoire syrien des Droits de l’homme (OSDH). Ils donnent, jour après jour, le décompte exact du nombre de victimes dans les deux camps. Sauf que ces chiffres sont imaginaires : il est impossible pour qui que ce soit de les établir. Jamais en période de guerre, un État n’est capable de déterminer quotidiennement le nombre de soldats morts au combat et de civils tués à l’arrière-ligne. Pourtant, au Royaume-Uni, l’OSDH sait ce que les gens sur place, en Syrie, ne peuvent pas savoir.

Loin de n’être que des transporteurs d’information, Google, Facebook et Twitter en sont des façonneurs et, à ce titre, ils devraient être responsables juridiquement de leurs contenus.

Les règles de la liberté d’expression

Considérons que les efforts de l’Otan et ceux du président Macron contre la Russie en matière audiovisuelle et sur Internet sont voués à l’échec. Il n’en reste pas moins qu’il convient de faire rentrer les nouveaux médias dans le droit général.

Les principes régissant la liberté d’expression ne sont légitimes que s’ils sont identiques pour tous les citoyens et sur tous les médias. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Si le droit général s’applique, il n’existe pas de règle précise en matière de démenti ou de droit de réponse pour les messages sur Internet et les réseaux sociaux.

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À propos du Réseau Voltaire, Le Décodex du Monde affirme : « Le site de Thierry Meyssan, un conspirationniste proche du gouvernement syrien. Il affirme notamment, sans preuve, que la tuerie de Charlie-Hebdo est un attentat orchestré par Washington » (sic).

Comme toujours dans l’histoire de l’information, les médias anciens tentent de saboter les nouveaux. Je me souviens ainsi de l’éditorial vengeur que le quotidien français, Le Monde, consacra en 2002 à mon travail sur Internet à propos de la responsabilité des attentats du 11-Septembre. Ce qui choquait le journal tout autant que mes conclusions, c’est que le Réseau Voltaire soit libre des obligations financières dont il se sentait prisonnier [7]. C’est la même attitude corporatiste dont il fait preuve quinze ans plus tard avec son service, Le Décodex. Plutôt que de critiquer les articles ou les vidéos des nouveaux médias, Le Monde se propose de noter la fiabilité des sites Internet rivaux du sien. Bien sûr, seuls les sites émanant de ses confrères papier trouvent grâce à ses yeux, tous les autres sont jugés peu fiables.

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Éminente personnalité maçonnique, Gérard Collomb est un saint-simonien. Proche de Dominique Strauss-Kahn, il rejoignit Emmanuel Macron dès le début de sa campagne électorale. Éternel secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès, depuis sa création en 1992, il lui a fait publier une étude qualifiant ses opposants politiques de « conspirationnistes », puis un faux sondage les accusant de crédulité. Il est ministre de l’Intérieur.

Pour étayer la campagne contre les réseaux sociaux, la Fondation Jean-Jaurès (c’est-à-dire la fondation du Parti socialiste liée à la National Endowment for Democracy) a publié un sondage imaginaire [8]. Chiffres à l’appui, il vise à démontrer que les gens frustrés, les classes laborieuses et les partisans du Front national sont crédules. Il affirme que 79 % des Français croient une théorie du complot. Pour preuve de leur naïveté, il précise que 9 % d’entre eux sont persuadés que la Terre est plate.

Or, ni moi, ni aucun de mes amis français consultés par Internet n’ont rencontré de compatriotes croyant que la Terre soit plate. Ce chiffre est évidemment inventé et discrédite l’ensemble de l’étude. Au demeurant, bien que liée au Parti socialiste, la Fondation Jean-Jaurès a toujours comme secrétaire général Gérard Collomb, devenu ministre de l’Intérieur du président Macron. Cette même fondation avait déjà publié, il y a deux ans, une étude visant à discréditer les opposants politiques au système qu’il qualifiait déjà de « conspirationnistes » [9].

[1] « La campagne de l’Otan contre la liberté d’expression », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 5 décembre 2016.

[2] Sur les méthodes de propagande, lire « Les techniques de la propagande militaire moderne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 16 mai 2016.

[3] « Comment une cellule secrète de Facebook manipule les opinions publiques », par Shelley Kasli, Traduction Jean-Marc Chicot, Great Game India (Inde) , Réseau Voltaire, 28 décembre 2017.

[4] Personnalité centrale du corps des Inspecteurs des Finances, Jean-Pierre Jouyet fut avocat au très mitterrandien cabinet Jeantet, directeur-adjoint du cabinet de Lionel Jospin, secrétaire d’État aux Affaires européennes sous Nicolas Sarkozy, secrétaire général de l’Élysée sous François Hollande et mentor d’Emmanuel Macron qui l’a immédiatement nommé ambassadeur de France à Londres.

[5The Steele Report

[6] “How the Russia Inquiry Began : A Campaign Aide, Drinks and Talk of Political Dirt”, Sharon LaFranière, Mark Mazzetti et Matt Apuzzo, New York Times, December 30, 2017.

[7] « Le Net et la rumeur », éditorial du Monde, 21 mars 2002.

[8] « Le conspirationnisme dans l’opinion publique française », Rudy Reichstadt, Fondation Jean-Jaurès, 7 janvier 2018.

[9] « L’État contre la République », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 9 mars 2015.