Alors que le président Trump a annoncé le retrait des troupes de combat US du « Moyen-Orient élargi », le Pentagone poursuit la mise en œuvre du plan Rumsfeld-Cebrowski. Il s’agit cette fois de détruire les États du « Bassin des Caraïbes ». Pas du tout, comme dans les années 70, du renversement de régimes dits « pro-Soviétiques », mais de la destruction de toutes les structures étatiques régionales sans considération des amis ou des ennemis politiques. Thierry Meyssan observe la préparation de cette nouvelle série de guerres.

تقي زاده
La riposte de la Résistance à toute attaque US sera "hybride, surprenante et appropriée"
Alors que des informations font état d'une hausse sensibles des activités des Américains en Irak parallèlement à l'annonce du retrait américain de Syrie, de nombreux analystes prévoient une escalade Résistance/USA dans les semaines à venir. Certaines sources évoquent le redéploiement des marines dans la ville pétrolifère de Kirkuk où lls veulent expulser les Hachd al-Chaabi.
Les agissements des États-Unis en Irak et sur les frontières de ce pays ont suscité la réaction des groupes politiques irakiens dont et avant tout ceux proches de la Résistance. Les Américains semblent vouloir ouvrir un nouveau front en Irak après la défaite de Daech, leur outil stratégique, selon Ramin Hossein Abadian, analyste iranien des questions politiques internationales.
Réaction de l’exécutif irakien
Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le Premier ministre irakien Adel Abdel-Mehdi a laissé entendre que les accords militaires signés avec les États-Unis ne sont pas éternels et qu'ils pourraient être revisités; "Le nombre de soldats américains et étrangers a nettement diminué sur le sol irakien", a lancé Abdel-Mahedi dont les propos pour de nombre analystes contiennent une mis en garde à peine voilée à l’adresse des États-Unis.
Haïfa : Israël, prêt à faire face au duo Russie-Hezbollah?
Les tensions montent au port stratégique de Haïfa : Selon Raï al-Youm, une société israélienne vient d'arracher un contrat de 15 millions de dollars pour assurer les équipements nécessaires à "la sécurité du port" alors que les mises en garde du Hezbollah sont bien présentes dans tous les esprits. Quelques jours plutôt, Tel-Aviv a annoncé avoir décidé de démanteler les réservoirs d'ammoniac de Haïfa pour les réimplanter dans le désert de Néguev.
Le secrétaire général du Hezbollah avait mis en garde Israël contre toute action militaire anti-Liban, laquelle déclencherait " une avalanche de missiles contre les réservoirs d'ammoniac de Haïfa", ce qui est la véritable "bombe nucléaire du Hezbollah". Mais le transfert des réservoirs d'ammoniac pourra-t-il mettre à l'abri le port israélien? Pas si sûr. Le gaz libanais qu'Israël continue à pomper au mépris total du droit international commence à faire sérieusement débat. La perspective d'une arrivée de la Russie au Liban via ses liens de plus en plus larges avec la Résistance a déjà mis en ébranle Israël qui a annoncé vouloir signer un contrat gazier dès le mois prochain avec les Chypriotes et Grecs dans l'objectif d'exporter du gaz en Europe. Si la Russie venait à être investi dans les projets gaziers du Liban, ainsi que le souhaite le gouvernement libanais, ce sera là un défi majeur à l'adresse de Tel-Aviv : un duo Russie-Hezbollah cherchera bien de noise au régime occupant qui exploitent illégalement les réserves gazières libanaises en Méditerranée.
C'est sans doute dans cette même perspective que la "société israélienne de défense électronique", Elbit Systems, a annoncé qu’un contrat de 15 millions de dollars lui avait été attribué par Energean Israël (qui contrôle le secteur gazier d'Israël) afin de fournir une "couverture sécuritaire complète" pour la plate-forme FPSO (Floating Production Storage and Offloading) des champs gaziers offshore de Karish-Tanin. Le contrat sera exécuté sur une période de deux ans, la garantie et le support logistique se prolongeant pour 10 ans supplémentaires, a rapporté Israël Defense le 7 janvier.
Mais quels sont les services offerts par la société israélienne?
L'information est bien précise : "la suite technologique à fournir par la filiale de la société, Elbit Security Systems Ltd. (ELSEC), comprend un large éventail de capteurs, notamment des systèmes électro-optiques, des radars, des sonars, un centre de commande et de contrôle ainsi que des équipements d'interception rapide, des bateaux avec une suite dédiée de capteurs et tout ceci, pour détecter et identifier les menaces de surface et sous-marines et agir en conséquence".
De quoi a peur Israël? Des opérations dirigées par des commandos marines de la Résistance ou/et d'une riposte en due et bonne forme de la Russie qui ne restera sans doute pas les bras croisés à regarder Tel-Aviv saper sa quasi omnipotence gazière en Europe? Les avis divergent. Certains analystes croient que la Russie de Poutine a tout intérêt à investir au Liban, un investissement qui pourrait l'aider à mieux contrôler ses intérêts au Moyen-Orient, note l'analyste des questions internationales Hadi Mohammadi. "Vu la protection que les Israéliens s'entourent à Haïfa, ils semblent avoir bien peur d'infiltrations cybernétiques. On tend à penser que la défaite israélienne à contrer les S-300 en Syrie, a provoqué de véritables remous au sein des milieux militaires et sécuritaires israéliens qui attendent avec inquiétude la réaction russe au projet gazier israélien. Or cette réaction pourrait aussi comprendre les paramètres de la Résistance".
La Résistance irakienne se rapproche de la Résistance palestinienne
Ce qui vient de se produire en Jordanie n'a rien de rassurant pour Israël : Le régime de Te-Aviv est-il sur le point de perdre définitivement le Golan? Lors d’une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, ce mardi 8 janvier à Amman, le ministre jordanien des Affaires étrangères a déclaré que le Golan appartenait à la Syrie et qu’Israël devrait s’en retirer.
Pour les analystes du Moyen-Orient, le ministre jordanien n'aurait jamais pu se prononcer de la sorte sans le feu vert implicite préalable des États-Unis dont le conseiller pour la sécurité, venait juste, au moment de ce point de presse, de quitter Israël. En effet, la tournée israélienne de John Bolton qui aurait du conduire ce dernier sur les hauteurs occupés du Golan, a manqué cette étape et ce n'est sans doute pas sans raison. Lors de ses entretiens avec le conseiller, Netanyahu a exigé que Washington fasse tout son possible pour faire reconnaître par la "communauté internationale" la souveraineté israélienne sur le Golan occupé, la réponse de Bolton s'est fait attendre. Pour un État syrien qui compte se faire restituer à tout prix le Golan, c'est plutôt une bonne nouvelle, surtout que les alliés de l'armée syrienne sont bien partants pour contribuer activement à la libération du Golan.
Soulignant la nécessité du renforcement des relations entre les groupes de résistance dans la région face à une armée israélienne totalement "démoralisée", le secrétaire général d’al-Nujaba, dont le groupe est l'une des principales composantes des Hachd al-Chaabi, conseille aux Israéliens d'éviter toute confrontation militaire avec le Hezbollah et se garder bien de provoquer la Syrie.
« Le régime d’Israël s'est affaibli. Il ne dispose pas de marge de manœuvre suffisamment grand et n'a plus d'initiative. Vu cette fragilité organique qui les paralysent, les Israéliens ne sont pas en mesure de déclencher une guerre et de faire face à la Résistance. Al-Nujaba est convaincs que toute guerre israélienne contre la Résistance finira par un cuisant échec israélien », a déclaré le secrétaire général du Hezbollah irakien, al-Nujaba, dont les combattants participent à une armée baptisée "Armée pour la libération du Golan" et qui "se tient prête à suivre l'État syrien quand ce dernier donnera l'ordre de la libération du Golan". Et al-Nujaba d'ajouter : « Comme nous l’avons vu dernièrement, Israël n’a tenu que deux jours face aux forces de la Résistance à Gaza. Si une guerre venait à éclater, l’axe de la Résistance remportera la victoire», a affirmé le Cheik Akram al-Kaabi pour qui Israël manque cruellement de soldats "motivés" et " compétents".
Taïwan annonce de nouveaux exercices tactiques
Les chefs militaires taïwanais ont annoncé la tenue de nouvelles manœuvres militaires d’envergure visant à défendre l’île contre une éventuelle « invasion chinoise ».
L’armée taïwanaise a annoncé une série d’exercices militaires à grande échelle pour « contrer la nouvelle menace de la Chine d’utiliser la force pour prendre le contrôle de l’île ».
Alors que les forces armées taïwanaises organisent régulièrement de tels exercices, les manœuvres de cette année annoncées, ce mercredi 9 janvier, sont « en cours d’élaboration sur la base de la tactique récemment adoptée pour se défendre contre une éventuelle invasion chinoise », a déclaré le chef de la planification du ministère de la Défense, le général Yeh Kuo-hui.
Le président chinois a affirmé mercredi dernier que l’indépendance de Taïwan mènerait à un « terrible désastre », sans manquer de dire que la Chine n’excluait pas de recourir à la force.
Il s’est toutefois dit disposé à œuvrer à une réunification pacifique entre les deux pays.
Les relations entre Pékin et Taipei se sont détériorées depuis la prise de fonction en 2016 de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, favorable à une indépendance officielle de Taïwan, une demande considérée comme inacceptable par Pékin.
La présence chinoise à Haïfa met en colère l'US NAVY qui soupçonnerait Israël de collusion
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, s’est rendu le samedi 5 janvier en Israël, pour rassurer, apparemment, l’allié israélien du soutien de son pays face à la présence iranienne dans la région, après le « retrait » de troupes US de Syrie. Mais quel était le vrai objectif de la visite de Bolton à Tel-Aviv ? Il voulait informer son allié régional de l’inquiétude de Washington par rapport à la présence et l’investissement de la Chine en Israël et leurs effets négatifs sur les intérêts régionaux de Washington.
En effet, les États-Unis s’inquiètent beaucoup du renforcement des liens entre la Chine et Israël dans le domaine commercial et technologique. Les Américains ont exprimé ces dernières semaines leur vive inquiétude au sujet d’un accord qui confiera au Shanghai International Port Group la responsabilité du terminal à conteneurs du port de Haïfa à partir de 2021.
Haïfa, la plus grande ville portuaire d’Israël a régulièrement accueilli des exercices navals américano-israéliens et des navires américains. Cependant, l’accord de 2015 entre le ministère des Transports israélien et la société chinoise jette un doute sur l’avenir du partenariat américano-israélien. Les Américains ont peur que l’influence de la Chine dans un lieu d’une telle importance stratégique, non loin d’une base navale israélienne, mette en danger les moyens de renseignement israéliens et empêchent les navires militaires américains de faire tout arrimage à Haïfa.
Plus tôt, l’amiral à la retraite Gary Roughead, ancien chef des opérations navales américaines, avait averti qu’un port géré par les Chinois pourrait obliger la marine à amarrer ses navires de guerre ailleurs.
Gilets jaunes : escalade verbale entre Paris et Rome
Il va sans dire que le mouvement des Gilets jaunes est un appel à la source : les français ne veulent plus se soumettre aux valeurs anglo-saxones qui "affectent" toutes les strates de leur vie sociale, tous les recoins de leur système de gouvernance à commencer par l'économie qui touche directement leur quotidien. C'est d'ailleurs en ce sens que leur mouvement a dépassé les frontières de "l’Hexagone", pour atteindre d'autres pays d'Europe pas seulement au sein du peuple, mais aussi au sein de certains partis anti-système. En effet, en Italie, deux vice-présidents du Conseil des ministres italien, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, ont réussi à provoquer l’ire de Paris, en endossant chacun un gilet jaune. La ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a immédiatement condamné cet acte.
Golan : La Syrie a averti les Etats-Unis dans leurs actes
Ayman Safadi a déclaré avoir discuté avec son homologue américain de l’avenir de la région frontalière d’al-Tanf en Syrie.
« Le règlement de la crise en Syrie compte parmi les objectifs stratégiques de la Jordanie », a réaffirmé le chef de la diplomatie jordanienne.
Il a souligné que le rétablissement de la sécurité au camp de réfugiés d’al-Rukban et le retour des habitants de ce camp à leurs domiciles étaient deux conditions nécessaires pour la stabilisation des frontières syro-jordaniennes.
« Le Golan appartient à la Syrie. Il s’agit d’une région occupée et nous demandons à Israël de s’en retirer », a-t-il réaffirmé.
Le chef du bureau du Golan à la primature syrienne a appelé la communauté mondiale à passer à l’acte pour contrer un plan du régime israélien destiné à faire reconnaître l’occupation du Golan.
Madhat Saleh a déclaré que le régime israélien exploitait toutes les conditions et situations dans le cadre de ses plans d’occupation et expansionnistes.
« Le régime israélien entend séparer le Golan occupé du territoire syrien, mais tous ses plans sont jusqu’ici tournés au fiasco sur l’échiquier international. En plus, le fait que les habitants du Golan aient rejeté une loi appelée “les élections locales” a porté un coup sérieux au plan expansionniste des Israéliens. Après l’échec de ce projet, Israël a décidé de lancer un plan de production d’électricité dans les terres agricoles pour ainsi nuire à l’agriculture de cette région, mais les habitants du Golan ont neutralisé ce plan. Maintenant, le régime israélien coopère avec l’administration américaine pour faire reconnaître sa souveraineté sur cette région », a expliqué Madhat Saleh.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a récemment demandé aux États-Unis de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan.
Le responsable syrien a averti que la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté d’Israël sur le Golan entraînerait la reconnaissance de cette occupation par tous les autres pays.
« Il faut contrer ce plan aux niveaux national, régional et international pour ainsi transmettre un message clair aux États-Unis et à Israël. Il faut contrer ce plan pour faire reculer Israël, même si cela aboutit à un acte de résistance, car cette terre nous appartient et nous avons le droit de résister », a déclaré le chef du bureau du Golan à la primature syrienne.
Le responsable syrien a ensuite réclamé la coopération de la Russie pour déjouer le plan d’Israël concernant le Golan.
Madhat Saleh avait auparavant déclaré que la Russie essayait de faire de sorte que la Syrie puisse récupérer la souveraineté du Golan.
Israël s’est emparé en juillet 1967 quelque 1 200 kilomètres du sol du Golan et l’a annexé en 1981, l’annexion qui n’a jamais été reconnue par la communauté mondiale. Le Golan constitue une région occupée conformément aux lois internationales. La résolution 242 du Conseil de sécurité stipule que le régime israélien devra se retirer du Golan.
Le président des Etats-Unis comprend pas à pas la puissance de l'Iran
Le consultant international et ancien conseiller au ministère français de la Défense et de l’Intérieur, Alain Corvez, était l’invité spécial d’une émission diffusée à l’antenne de la chaîne d’information continue iranienne IRINN, portant sur les exigences et les stratégies de la sécurité et de la défense.
« Les États-Unis finiront certes par sortir de la région », a affirmé Alain Corvez.
« Les États-Unis sont confrontés à d’innombrables questions. À l’intérieur des États-Unis, les forces de l’ombre se sont réveillées. De nos jours, les États-Unis ont compris qu’aucun de leurs alliés, pas même l’Arabie saoudite, n’était un allié digne de son nom. »
Le général Baqeri a déclaré que les États-Unis ne faisaient qu’alimenter l’insécurité dans le golfe Persique par leur présence dans cette région stratégique.
L’analyste politique français a ajouté qu’Israël, aussi, finirait par se trouver dans l’isolement dans la région ; « son Premier ministre Benjamin Netanyahu s’en est aperçu », a-t-il précisé.
D’après l’ancien conseiller du ministère français de la Défense, « l’Europe aussi est aux prises avec des problèmes ; les peuples ont mis en cause le leadership technocrate de Bruxelles ».
L'éducation religieuse, un enjeu des religions abrahamiques
Lors de la première conférence de presse internationale sur l'éducation religieuse dans les religions abrahamiques, tenue le 8 janvier 2019, en présence de plusieurs représentants des médias, au bureau du vice-président académique de l'Astan Quds-e Razavi, Ali Serouri Majd a déclaré :
« Cette conférence scientifique se tiendra en mars 2019 et nous envisageons deux colloques spécifiques avant cette conférence. L'Université internationale Imam Reza (a.s) est le principal exécutant du programme. D'autres universités et centres d'enseignement religieux iraniens, et des instituts de recherche participeront à la conférence. Concernant les objectifs de la première conférence internationale sur l'éducation religieuse dans les religions abrahamiques, nous avons pour objectif la coopération des érudits musulmans et des autres religions abrahamiques.»
« L'éducation religieuse, a-t-il dit, dans les religions abrahamiques, les échanges d'expériences entre les adeptes des religions abrahamiques, et le partage de ces expériences, ainsi que la préparation d'un champ pour l'acquisition des connaissances sur les religions abrahamiques constituent les autres buts de cette conférence. »
Serouri Majd a souligné : « Grâce à ses discussions avec les leaders des différentes religions, l’Imam Reza (a.s) a suscité le développement de diverses sciences au Khorasan et dans le monde islamique. Un autre objectif de la conférence est de présenter le mouvement scientifique d’éducation religieuse dans le monde, créé par l'Imam Reza (a.s) à la fin du deuxième siècle et au début du troisième siècle de l’hégire. »
« La philosophie de l’éducation religieuse, les théories et les modèles d’enseignement religieux, les expériences d'éducation religieuse dans l'enseignement public et les institutions gouvernementales, ainsi que l'éducation religieuse dans les enseignements de l’Imam Reza (as) figurent parmi les thèmes de cette conférence », a-t-il ajouté.
Il a indiqué : « Notre objectif est de faire connaître au monde les enseignements de l'Imam Reza (a.s) axés sur l'éducation religieuse. L’appel à cette conférence qui aura lieu du 5 au 20 mars 2019, a été mis sur notre site et dans le cyberespace. »
« Une réunion de préparation a été organisée au Liban à Beyrouth, en présence de professeurs iraniens et libanais. Ce voyage nous a permis de nous familiariser avec les écoles religieuses et l’éducation religieuse au Liban, et de présenter ces expériences aux établissements d’enseignement iraniens », a conclu le secrétaire exécutif de la première conférence internationale sur l'éducation religieuse dans les religions abrahamiques.
Une autre réunion aura eu lieu les 9 et 10 janvier 2019, à Machhad, en présence de quatre personnalités chrétiennes de France.
L’effroyable destruction à venir du « Bassin des Caraïbes »
Dans une série d’articles précédents, nous avons présenté le plan du SouthCom en vue de provoquer une guerre entre Latino-américains afin de détruire les structures étatiques de tous les États du « Bassin des Caraïbes » [1].
Préparer une telle guerre, qui devrait succéder aux conflits du « Moyen-Orient élargi » dans le cadre de la stratégie Rumsfeld-Cebrowski, demande une décennie [2].
Après la période de déstabilisation économique [3] et celle de préparation militaire, l’opération proprement dite devrait débuter dans les années à venir par une attaque du Venezuela par le Brésil (soutenu par Israël), la Colombie (allié des États-Unis) et le Guyana (c’est-à-dire du Royaume-Uni). Elle serait suivie d’autres, à commencer contre Cuba et le Nicaragua (la « troïka de la tyrannie » selon John Bolton).
Cependant, le plan initial est susceptible de modifications, notamment en raison du retour des ambitions impériales du Royaume-Uni [4] qui pourrait influer sur le Pentagone.
Voici où nous en sommes :
Évolution du Venezuela
Le président vénézuélien Hugo Chávez avait développé des relations avec le « Moyen-Orient élargi » sur une base idéologique. Il s’était particulièrement rapproché du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et du président syrien Bachar el-Assad. Ensemble, ils avaient imaginé la possibilité de fonder une organisation intergouvernementale, le « Mouvement des alliés libres » sur le modèle du « Mouvement des non-alignés », celui-ci étant paralysé par l’alignement au cours du temps de certains de ses membres sur les États-Unis [5].
Si Nicolas Maduro tient le même discours qu’Hugo Chávez, il a choisi une toute autre politique étrangère. Il a certes poursuivi le rapprochement avec la Russie et a, à son tour, accueilli des bombardiers russes au Venezuela. Il a signé un contrat d’importation de 600 000 tonnes de blé pour faire face à la disette dans son pays. Surtout, il s’apprête à recevoir 6 milliards de dollars d’investissements dont 5 dans le secteur pétrolier. Les ingénieurs russes prendront la place qui revenait aux vénézuéliens mais que ceux-ci ont laissé vacante.
Nicolas Maduro a réorganisé les alliances de son pays sur de nouvelles bases. Il a ainsi noué des liens étroits avec la Turquie, qui est membre de l’Otan et dont l’armée occupe actuellement le Nord de la Syrie. Maduro s’est rendu quatre fois à Istanbul et Erdoğan une fois à Caracas.
La Suisse était un allié d’Hugo Chávez qu’elle avait conseillé pour rédiger sa constitution. Craignant de ne plus pouvoir raffiner l’or de son pays en Suisse, Nicolas Maduro l’adresse désormais à la Turquie qui transforme le minerai brut en lingots. Par le passé, cet or restait dans des banques suisses pour garantir les contrats pétroliers. Désormais, les liquidités ont été également transférées en Turquie tandis que le nouvel or traité retourne au Venezuela. Cette orientation peut être interprétée comme fondée non plus sur une idéologie, mais sur des intérêts. Reste à définir lesquels.
Simultanément, le Venezuela fait l’objet d’une campagne de déstabilisation qui a commencé avec les manifestations des guarimbas, s’est poursuivie par la tentative de coup d’État du 12 février 2015 (« Opération Jéricho »), puis par des attaques sur la monnaie nationale et l’organisation de l’émigration. Dans ce contexte, la Turquie a fourni au Venezuela la possibilité de contourner les sanctions US. Les échanges entre les deux pays ont été multipliés par quinze en 2018.
Quelle que soit l’évolution du régime vénézuélien, rien n’autorise ce qui se prépare contre sa population.
Coordination des moyens logistiques
Du 31 juillet au 12 août 2017, le SouthCom a organisé un vaste exercice avec plus de 3 000 hommes venant de 25 États alliés, dont la France et le Royaume-Uni. Il s’agissait de préparer un rapide débarquement de troupes au Venezuela [6].
La Colombie
La Colombie est un État, mais pas une nation. Sa population y vit géographiquement séparée selon les classes sociales, avec d’énormes différences de niveaux de vie. Presque aucun Colombien ne s’est aventuré dans un quartier attribué à une autre classe sociale que la sienne. Cette stricte séparation a rendu possible la multiplication de forces paramilitaires et par voie de conséquence des conflits armés intérieurs qui ont fait plus de 220 000 victimes en une trentaine d’années.
Au pouvoir depuis août 2018, le président Iván Duque a remis en cause la fragile paix intérieure conclue par son prédécesseur, Juan Manuel Santos, avec les FARC —mais pas avec l’ELN—. Il n’a pas écarté l’option d’une intervention militaire contre le Venezuela. Selon Nicolas Maduro, les États-Unis forment actuellement 734 mercenaires dans un camp d’entrainement situé à Tona en vue d’une action sous faux drapeau pour déclencher la guerre contre le Venezuela. Compte tenu de la particularité sociologique de la Colombie, il n’est pas possible de dire avec certitude si ce camp d’entraînement est contrôlé ou non par Bogota.
- Rex Tillerson était directeur d’ExxonMobil au moment de la découverte des gisements pétroliers du Guyana. Il devint peu après secrétaire d’État des États-Unis.
Le Guyana
Au XIXème siècle, les puissances coloniales sont convenues de la frontière entre la Guyane britannique (l’actuel Guyana) et la Guyane hollandaise (actuel Suriname), mais aucun texte n’a fixé la frontière entre la zone britannique et la zone espagnole (actuel Venezuela). De fait, le Guyana administre 160 000 km2 de forêts qui restent disputés avec son grand voisin. En vertu de l’accord de Genève du 17 février 1966, les deux États s’en sont remis au secrétaire général de l’Onu (à l’époque le Birman U Thant). Rien n’a changé depuis, le Guyana proposant de porter l’affaire devant la Cour d’arbitrage de l’Onu, tandis que le Venezuela privilégie des négociations directes.
Ce différent territorial ne semblait pas urgent car la zone contestée est une forêt non peuplée et que l’on croyait sans valeur, mais c’est un espace immense qui représente les deux-tiers du Guyana. L’accord de Genève a été violé 15 fois par le Guyana qui a notamment autorisé l’exploitation d’une mine d’or. Surtout, un enjeu de taille a surgi en 2015 avec la découverte par ExxonMobil de gisements pétroliers dans l’Océan atlantique, précisément dans les eaux territoriales de la zone contestée.
La population du Guyana est composée de 40 % d’Indiens, de 30 % d’Africains, de 20 % de métis et de 10 % d’Amérindiens. Les Indiens sont très présents dans la fonction publique civile et les Africains dans l’armée.
Le 21 décembre, une motion de censure était déposée contre le gouvernement du président David Granger, un général pro-britannique et anti-vénézuélien, au pouvoir depuis 2015. À la surprise générale, un député, Charrandas Persaud, votait contre son propre parti et, dans une indescriptible pagaille, provoquait la chute du gouvernement qui n’avait qu’une voix de majorité. Depuis, la plus grande instabilité règne : on ne sait pas si le président Granger, qui suit une chimiothérapie, sera en mesure d’assurer les affaires courantes, tandis que Charrandas Persaud a quitté le Parlement avec une escorte par une porte dérobée et s’est enfui au Canada.
Le 23 décembre 2018, en l’absence de gouvernement, le Ramform Thethys (battant pavillon des Bahamas) et le Delta Monarch (Trinidad et Tobago) ont entrepris des explorations sous-marines dans la zone contestée pour le compte d’ExxonMobil. Considérant que cette intrusion viole l’accord de Genève, l’armée du Venezuela a chassé les deux navires. Le ministère guyanais des Affaires étrangères, agissant en affaires courantes, a dénoncé un acte hostile.
Le ministre de la Défense du Royaume-Uni, Gavin Williamson, a par ailleurs déclaré au Sunday Telegraph du 30 décembre 2018, que la Couronne mettait fin à la décolonisation qui, depuis l’affaire de Suez en 1956, était la doctrine de Whitehall. Londres se prépare à ouvrir une nouvelle base militaire dans les Caraïbes (pour le moment le Royaume n’en a qu’à Gibraltar, Chypre, Diego Garcia et sur les îles Falklands). Elle pourrait être à Montserrat (Antilles) ou plus probablement au Guyana et devrait être opérationnelle en 2022 [7].
Le Guyana est voisin du Suriname (la Guyane hollandaise). Son président, Dési Bouterse, est poursuivi en Europe pour trafic de drogues ; une affaire antérieure à son élection. Mais son fils, Dino, a été arrêté au Panama en 2013, bien qu’il soit entré avec un passeport diplomatique. Il a été extradé aux États-Unis où il a été condamné à 16 ans de prison pour trafic de drogues ; en réalité parce qu’il installait le Hezbollah libanais au Suriname.
- Le baptême de Jair Bolsonaro dans les eaux du Jourdain (Israël)
Le Brésil
En mai 2016, le ministre des Finances du gouvernement de transition du Libano-Brésilien Michel Temer, Henrique Meirelles, désigna l’Israélo-Brésilien Ilan Goldfajn comme directeur de la Banque centrale. Mereilles présidant le Comité de préparation des Jeux Olympiques, fit également appel à Tsahal pour coordonner l’armée brésilienne et la police et garantir ainsi la sécurité des Jeux. Tenant à la fois la Banque centrale, l’armée et la police brésiliennes, Israël n’eut pas de difficulté à soutenir le mouvement populaire de ras-le-bol face à l’incurie du Parti des Travailleurs.
Croyant que la présidente Dilma Rousseff avait maquillé les comptes publics dans le cadre du scandale Petrobras, mais sans qu’aucun fait ne soit établi, les parlementaires la destituèrent en août 2016.
- Eduardo et Carlos, les fils du président Jair Bolsonaro.
Lors de l’élection présidentielle de 2018, le candidat Jair Bolsonaro partit en Israël se faire baptiser dans les eaux du Jourdain. Il obtint ainsi massivement les voix des évangéliques.
Il se fit élire avec le général Hamilton Mourão comme vice-président. Ce dernier déclara durant la période de transition que le Brésil devait se préparer à envoyer des hommes au Venezuela comme « force de paix », une fois que le président Maduro aurait été renversé ; des propos qui constituent une menace à peine voilée et que le président Bolsonaro tenta de minorer.
Dans un entretien, le 3 janvier 2019, à la chaîne SBT, le président Bolsonaro a évoqué des négociations avec le Pentagone en vue d’accueillir une base militaire US au Brésil [8]. Cette déclaration a soulevé une forte opposition au sein des forces armées pour qui le pays est capable de se défendre seul.
- Benjamin Netanyahu lors de l’investiture du président Bolsonaro. Israël a pris position au Brésil.
Lors de son investiture, le 2 janvier 2019, le nouveau président accueillit le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. C’était la première fois qu’une personnalité israélienne de cette importance se rendait au Brésil. Le président Bolsonaro annonça à cette occasion le prochain transfert de l’ambassade brésilienne de Tel-Aviv à Jérusalem.
Le secrétaire d’État US Mike Pompeo, qui s’était également rendu à l’investiture où il a également rencontré le ministre péruvien des Affaires étrangères, Néstor Popolizio, a annoncé avec le président Bolsonaro son intention de lutter avec lui contre les « régimes autoritaires » du Venezuela et de Cuba. De retour aux États-Unis, il a fait escale à Bogota pour rencontrer le président colombien, Iván Duque. Les deux hommes sont convenus de travailler à isoler diplomatiquement le Venezuela. Le 4 janvier 2019, les 14 États du Groupe de Lima (dont le Brésil, la Colombie et le Guyana) se sont réunis pour considérer « illégitime » le nouveau mandat de Nicolas Maduro qui débute le 10 janvier [9] ; un communiqué qui n’a pas été signé par le Mexique. En outre, six des États-membres déposeront une plainte à la Cour pénal internationale contre le président Nicolas Maduro pour crime contre l’humanité.
Il est parfaitement clair aujourd’hui que le processus vers la guerre est en marche. Des forces énormes sont en jeu et peu de choses peuvent désormais les arrêter. C’est dans ce contexte que la Russie étudie la possibilité d’établir une base aéronavale permanente au Venezuela. L’île de La Orchila —où le président Hugo Chávez avait été retenu prisonnier lors du coup d’État d’avril 2002— permettrait de stationner des bombardiers stratégique. Ce serait une menace bien plus grande pour les États-Unis que ne le furent, en 1962, les missiles soviétiques stationnés à Cuba.
[1] « Plan to overthrow the Venezuelan Dictatorship – “Masterstroke” », Admiral Kurt W. Tidd, Voltaire Network, 23 février 2018. « Le « Coup de Maître » des États-Unis contre le Venezuela », par Stella Calloni, Traduction Maria Poumier ; « Les États-Unis préparent une guerre entre latino-américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 mai et 18 décembre 2018.
[2] The Pentagon’s New Map, Thomas P. M. Barnett, Putnam Publishing Group, 2004. « Le projet militaire des États-Unis pour le monde », par Thierry Meyssan, Haïti Liberté (Haïti) , Réseau Voltaire, 22 août 2017.
[3] “Declaration of a National Emergency with Respect to Venezuela”, “Executive Order – Blocking Property and Suspending Entry of Certain Persons Contributing to the Situation in Venezuela”, by Barack Obama, Voltaire Network, 9 March 2015.
[4] « Brexit : Londres assume sa nouvelle politique coloniale », Réseau Voltaire, 3 janvier 2019.
[5] « Assad et Chavez appellent à la formation d’un Mouvement des alliés libres », Réseau Voltaire, 28 juin 2010.
[6] « Grandes manœuvres autour du Venezuela », par Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie) , Réseau Voltaire, 23 août 2017.
[7] “We are opening new overseas bases to boost Britain”, Christopher Hope, Sunday Telegraph, December 30, 2018.
[8] “‘Ficamos satisfeitos com a oferta da base militar’, diz Pompeo”, Eliane Cantanhêde, O Estado de S. Paulo, 6 Janeiro 2019.
[9] « Declaración del Grupo de Lima », Red Voltaire , 4 de enero de 2019.