l’Imâm Ja’far Ibn Muhammad as-Sâdiq (p)

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Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

Dieu, le Très Haut a dit dans son Noble Livre : ((Dieu ne veut qu’écarter de vous la souillure, ô Gens de la Famille et vous purifier totalement)) (Coran XXXIII, 33).

Parmi les Gens de la Famille (p), on compte l’Imâm Ja’far Ibn Muhammad as-Sâdiq (p) dont nous célébrons l’anniversaire de naissance au dix-septième jour du mois de rabî’ premier. Il est l’Imâm qui, à son époque, avait rempli le monde en matière de science et de culture, au point que les penseurs, les chercheurs et les savants continuent jusqu’à nos jours de lire ses œuvres et de profiter de ses connaissances. En nous penchant sur l’oeuvre de l’Imâm as-Sâdiq (p), nous ne trouvons aucune question parmi les questions de l’Islam, qu’elle soit relative à la doctrine, à la loi, à la philosophie, à la morale ou à l’ouverture vis-à-vis de Dieu et des perspectives spirituelles qui portent l’homme à s’incliner devant son Seigneur, sans que l’Imâm as-Sâdiq (p) n’eut donné à son propos un avis ou une qualification.

L’Imâm as-Sâdiq (p) dirigeait en effet une grande école assez vaste pour accueillir tous les gens. Même les hérétiques qui ne croyaient pas à l’Islam accouraient à lui et venaient le rejoindre à la Mosquée sacrée pour lui poser leurs questions. Et chaque fois, ils étaient confondus sous les arguments de l’Imâm (p). L’un de ces hérétiques a été invité par l’un de ses amis à rencontrer l’Imâm as-Sâdiq (p) à la Mosquée sacrée et à lui poser ses questions ? Après la rencontre, cet hérétique a dit à ses compagnons : « Vous m’avez envoyé vers une conquête, mais voilà que je me trouve devant une braise qui m’a brûlé et brûlé toutes mes idées ».

On trouve dans sa biographie qu’Abû Hanîfa, le chef de fil de l’école sunnite hanafite, était l’un de ses élèves. Il est établi que, parlant de deux années qu’il avait passées à s’instruire à l’école de l’Imâm (p), il a dit : « S’il n’y avait pas les deux années, an-Nu’mân se serait perdu », an-Nu’mân n’étant qu’Abû Hanîfa lui-même. Mâlik Ibn Anas, le chef de fil de l’école mâlikite, également sunnite, dit : « Aucun œil n’a vu, aucune oreille n’a entendu et aucun cœur d’homme n’a soupçonné quelqu’un qui soit meilleur que Ja’far Ibn Muhammad en fait de vertu, de science, de dévotion et de piété ».

On a demandé à Abû Hanîfa qui est l’homme le plus versé dans la jurisprudence à son époque ; il a répondu que c’est Ja’far Ibn Muhammad as-Sâdiq. S’expliquant, il a fait le rapport suivant : « Le calife Abû Ja’far al-Mansûr m’a convoqué et m’a dit : ‘Les gens sont fascinés par Ja’far Ibn Muhammad. Prépare-lui donc quelques-unes parmi les questions les plus sophistiquées pour prouver son incompétence. Je me suis donc rendu au palais où m’attendait une assemblée de savants dont l’Imâm Ja’far, et al-Mansûr m’a dit : ‘Pose tes questions à Abû ‘Abdullâh’. J’ai commencé à les poser et chaque fois, il me répondait : ‘Vous dites telle chose, nous disons telle chose et les jurisconsultes de Médine disent telle chose’. Il a ainsi répondu à toutes mes quarante questions montrant qu’il connaissait les vues de tous les jurisconsultes musulmans. Et Abû Hanîfa de conclure : « Ne disons-nous pas que le plus savant parmi les gens est celui qui connaît le plus leurs points de divergences ? ».

De toutes les contrées, les gens accouraient vers l’Imâm as-Sâdiq (p) pour s’instruire. On dit que juste avant de quitter ce monde, son père, l’Imâm Muhammad al-Bâqir (p) lui a dit : « Mon fils ! Je te recommande de bien traiter mes compagnons ». – « Je m’efforcerai, a répondu l’Imam as-Sâdiq (p), de les éduquer et de les instruire jusqu’à ce qu’ils n’auront plus besoin de se renseigner auprès de qui que ce soit ». Et en fait, l’Imâm as-Sâdiq (p) s’est appliqué dans son école à être fidèle à cet engagement.

Les recommandations de l’Imâm (p) à ses partisans

Le calife abbasside, Abû Ja’far al-Mansûr, a demandé à l’Imâm as-Sâdiq (p) : « Pourquoi ne me crains-tu pas comme le font tous les autres ? ». Et l’Imâm (p) de répondre : « Tu n’as rien de ce dont j’ai besoin. Celui qui recherche l’Autre monde ne te suit pas. Tu es suivi par ceux qui recherchent ce monde-ci ; quant à moi, je ne veux rien de ton monde ». L’Imâm (p) tenait à instruire ses partisans pour en faire la communauté musulmane ouverte à tous les Musulmans. Il leur disait : « Ô partisans de la Famille de Muhammad ! Il ne fait pas partie de nous celui qui ne se contrôle pas au moment de la colère et celui qui n’agit pas de la meilleure façon à l’égard de ses compagnons. Ô partisans de la Famille de Muhammad ! Craignez Dieu de toutes vos capacités, il n’y a point de force et de capacité que par Dieu ».

Il demandait toujours à ses partisans d’être de bonne conduite en leur disant : « Ce qui est beau est beau d’où qu’il vient. Mais il est plus beau quand il vient de vous. Ce qui est laid est laid d’où qu’il vient. Mais il est plus laid quant il vient de vous. N’est-ce pas qu’on vous regarde comme étant nos partisans ? ». Il leur disait aussi : « Soyez ce qui nous embellit et non pas ce qui nous enlaidit ». Conduisez-vous envers les gens avec vos bons caractères, avec votre piété et avec votre tolérance. En le constatant, les gens diront ; Voilà ce que sont les Chiites.

L’Imâm (p) leur demandait aussi d’être des frères au service de la cause de Dieu : « Craignez Dieu et soyez des frères charitables qui s’aiment en Dieu. Communiquez les uns avec les autres et soyez compatissants les uns envers les autres. Faites que tout ce que vous faites soit fait pour plaire à Dieu et non pas pour plaire aux hommes, car ce qui est voué à Dieu sera trouvé chez Dieu et ce qui est voué aux gens ne monte pas auprès de Dieu. Gardez-vous de vous disputer. La dispute occupe le cœur et entraîne l’hypocrisie ».

La méthode dialectique de l’Imâm (p)

Pour ce qui est de la controverse jurisprudentielle entre Sunnites et Chiites, controverse qui trouve son origine dans certaines mentalités chiites qui traitent les Sunnites de mécréance, comme c’est également le cas de certains Sunnites qui traitent les Chiites de mécréance et les considèrent comme des hypocrites et des apostats, chose qu’on retrouve encore de nos jours. Ce problème n’est donc pas un problème récent. Il était posé de l’époque de l’Imâm as-Sâdiq (p). Cela peut être prouvé par le dialogue que nous rapporte Hâshim, le responsable du servie de renseignement. Il y dit : « Je me trouvais avec Muhammad Ibn Muslim et Abû al-Khattâb quant celui-ci a dit : ‘Que dites-vous au sujet de ceux qui ne reconnaissent pas l’Imâmat’ ? J’ai répondu que ceux qui ne le reconnaissent pas sont des mécréants. Abû al-Khattâb a dit qu’ils ne sont pas mécréants tant que la preuve n’est pas établie contre eux. Si la preuve est établie sans qu’ils ne la reconnaissent, ils sont alors mécréants. Muhammad Ibn Muslim a dit : ‘Comment cela ? Ils ne sont mécréants que lorsque, tout en reconnaissant l’imâmat, n’agissent pas en conséquence’. Je me suis rendu par la suite au pèlerinage et, visitant Abû ‘Abdullâh as-Sâdiq, je l’ai mis au courant de l’affaire. Il m’a dit : ‘Tu es là alors qu’ils sont absents. Venez tous me voir ce soir à Minâ. Nous nous sommes donc réunis tous chez lui, Abû al-Khattâb, Muhammad Ibn Muslim et moi. Il a pris un oreiller et, le posant sur sa poitrine, il a dit : ‘Que dites-vous au sujet de vos serviteurs, de vos femmes et de vos enfants ? Ne témoignent-ils pas qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu ?’. J’ai répondu que si. Il a dit : ‘Ne témoignent-ils pas que Muhammad est le Messager de Dieu ?’. J’ai répondu que si. Il a dit : ‘Ne prient-ils pas, ne jeûnent-ils pas, et ne font-ils pas le pèlerinage ?’. J’ai répondu que si. Il a dit : ‘Savent-ils ce que vous soutenez ?’. J’ai répondu que non. Il a dit : ‘Comment les considérez-vous ?’. J’ai dit : ‘Nous soutenons que celui qui ne reconnaît pas l’imâmat est mécréant’.

Il a dit : ‘Comment cela ? N’as-tu pas vu les voyageurs et les nomades ?’. J’ai répondu que si. Il la dit : ‘N’est-ce pas qu’ils prient, jeûnent, font le pèlerinage et témoignent qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu ?’. J’ai répondu que si. Il a dit : ‘Savent-ils ce que vous soutenez ?’. J’ai répondu que non. Il a dit : ‘Comment les considérez-vous ? J’ai dit : ‘Nous soutenons que celui qui ne reconnaît pas l’imâmat est mécréant’.

Il a dit : ‘Comment cela ? C’est l’avis des Kharijites. Puis il a fini par dire : ‘Il vous est fatal de dire quelque chose que vous n’avez pas entendu de notre part’. J’ai eu l’impression qu’il nous demande de suivre l’avis de Muhammad Ibn Muslim ».

Cela prouve que les califes étaient derrière la question de l’excommunication des écoles les unes par les autres. Le Prophète (P) avait averti de cette question en disant : « Celui qui témoigne qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu, protège par ce témoignage son sang, ses biens et son honneur. Ne redevenez pas, après moi, des mécréants qui s’accusent mutuellement de mécréance, qui s’entretuent mutuellement et qui se maudissent les uns les autres ». Le Prophète se contentait donc d’entendre les gens prononcer les deux témoignages (la profession de foi). Le Coran dit à ce propos dans la Sourate « Les Appartements privés » (al-Hujurât) : ((Les Bédouins disent : ‘Nous croyons’. Dis : ‘Vous ne croyez pas. Dites plutôt : ‘Nous nous soumettons, tandis que la foi n’est point entrée dans vos cœurs’)) (Coran XIL, 14). Cela veut dire qu’avec les deux témoignages on est considéré comme des Musulmans ayant le droit de s’intégrer dans la société islamique.

L’adhésion à l’Islam

La question de l’Imâmat constitue l’un des fondements de l’école et non pas de la religion. C’est pour cette raison que l’islam est la base commune qui nous réunie avec les Sunnites. L’Imâm ‘Alî (p) lui-même avait, vis-à-vis des califes qui l’ont frustré dans son droit, une attitude semblable à son attitude de tous les autres Musulmans. L’Imâm as-Sâdiq (p), tout comme les autres Imâms (p), s’opposait à la mentalité excommunicatrice qui est toujours en vigueur chez certains.

Ainsi, chers frères, notre engagement à l’égard des Imâms appartenant aux Gens de la Famille (p) nous exige un engagement à l’égard de tout ce qui émane d’eux en matière de pensée, de recommandations et de sermons dans tous les domaines de la vie. Les Imâms (p) nous demandent de suivre le Coran et les Traditions rapportées des Infaillibles. Le Messager de Dieu (P) a dit : « Ce qui va à l’encontre de la parole de notre Seigneur n’émane pas de nous ». Il a dit aussi : « Il existe une marque sur chaque chose vraie et une lumière sur chaque chose juste. Prenez donc ce qui est compatible au Livre de Dieu et abandonnez ce qui n’est pas compatible avec le Livre de Dieu ».

L’Imâm as-Sâdiq (p) a dit dans l’un de ses sermons : « Crains Dieu comme si tu Le vois; et si tu ne Le vois pas, C’est lui qui te voit. Si Tu sais qu’Il te voit et que tu continues de lui désobéir, tu Le traites ainsi, parmi ceux qui te regardent, avec le moins de considération ».

L’Imâm as-Sâdiq (p) rapporte du Messager de Dieu (P) la Tradition suivante : « Il y a plusieurs genres d’hommes dont les invocations ne sont pas exaucées : Un homme qui invoque Dieu contre ses parents. Un homme qui invoque Dieu contre un autre auquel il aura prêté de l’argent en dehors de la présence des témoins. Un homme qui invoque Dieu contre sa femme alors que Dieu lui a donné le droit de la divorcer. Un homme qui invoque Dieu à l’intérieur de sa maison (sans sortir à la recherche de ses subsistances). Et un homme qui a eu beaucoup d’argent mais qu’il l’a dilapidé avant de se mettre à dire : ‘Seigneur ! Donne-moi !’. Et le Seigneur de lui répondre : « Je t’ai tant donné’ ».

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