تقي زاده

تقي زاده

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié dimanche de "futile" la conférence internationale de Paris visant à relancer l'effort de paix moribond sur le conflit israélo-palestinien.
 
"La conférence qui se tient aujourd'hui à Paris est une conférence futile", a-t-il déclaré aux ministres au début du conseil des ministres hebdomadaire à Jérusalem.

"Elle a été coordonnée par les Français et les Palestiniens avec le but d'imposer à Israël des conditions incompatibles avec nos besoins nationaux", a-t-il estimé.

Le gouvernement de M. Netanyahu s'est fermement opposé à cette conférence, assurant que seuls des pourparlers directs avec les Palestiniens pouvaient mettre fin au conflit, l'un des plus vieux au monde.

De leur côté, les Palestiniens soutiennent l'initiative de la France, affirmant que des années de négociations avec le régime hébreu n'avaient pas permis de mettre fin à l'occupation de la Cisjordanie.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a ouvert ce dimanche la conférence de Paris en présence de plus de 70 pays et organisations internationales, mais sans les parties concernées.
Dix détenus de la prison militaire américaine de Guantanamo sont arrivés lundi au sultanat d'Oman où ils résideront de "manière provisoire", a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Mascate.Le ministère n'a pas précisé les nationalités de ces détenus accueillis par Oman à quelques jours de la fin du mandat du président Barack Obama qui avait fait de la fermeture de Guantanamo, prison controversée où sont détenus des présumés, un des objectifs de sa présidence.
 

Pour garantir sa survie personnelle, le président Recep Tayyip Erdoğan a lancé une vaste purge de tous les éléments pro-US de son pays ; une purge qui s’ajoute au combat qu’il mène déjà contre la Syrie, contre le PKK, et désormais contre ses anciens mercenaires de Daesh.

La destruction de l’influence états-unienne est d’abord passée par l’éradication du Hizmet de Fethullah Gülen, le prédicateur islamiste qui travaille pour la CIA depuis la Pennsylvanie. Elle se poursuit aujourd’hui avec le limogeage et souvent l’arrestation non seulement de tous les militaires liés aux États-Unis, mais des militaires laïques en général. On n’est jamais trop prudent.

450 des 600 officiers supérieurs turcs en poste à l’Otan ont été rappelés en Turquie. Plus de 100 d’entre eux et leurs familles ont demandé l’asile politique à la Belgique, siège de l’Alliance atlantique.

Première conséquence de cette purge anti-laïque, l’armée turque est décapitée pour longtemps. En cinq mois 44 % des généraux ont été remerciés. Et ceci alors que, lors du scandale Ergenekon 70 % des officiers supérieurs de l’époque avaient été limogés, arrêtés et emprisonnés. Privée de son commandement, l’opération « Bouclier de l’Euphrate » piétine.

Erdoğan est donc contraint de revoir à la baisse ses ambitions militaires pour les prochaines années ; que ce soit en Syrie, en Irak ou à Chypre —trois États qu’il occupe partiellement—. Il a donc laissé tomber Alep-Est (Syrie) —mais pas Idleb— et s’apprête à se retirer de Bachiqa (Irak).

Vu de Washington, une possible sortie de la Turquie hors de l’Otan, ou tout au moins hors du Commandement intégré de l’Alliance atlantique, provoque des sueurs froides à la faction impérialiste du pouvoir. En nombre d’hommes, l’armée turque est en effet la seconde de l’Otan après celle des États-Unis. Au contraire, une possible sortie de l’Alliance suscite plutôt du soulagement à la faction de Donald Trump pour qui la Turquie est un pays à la dérive.

D’où le forcing des néo-conservateurs pour ramener la Turquie dans le « sens de l’Histoire » (celui du « Nouveau siècle américain »). Ainsi, l’assistante du secrétaire d’État, Victoria Nuland, tente d’offrir Chypre à Recep Tayyip Erdoğan ; un projet qu’elle avait conçu suite aux élections de novembre 2015, lorsque le président Barack Obama a ordonné d’éliminer le président turc.

Exerçant un chantage sur le président chypriote Níkos Anastasiádis, Madame Nuland l’a prié d’accepter son « plan de paix » pour Chypre : l’île serait réunifiée et démilitarisée —c’est-à-dire privée de son armée— tandis que l’Otan —concrètement les troupes turques— s’y déploierait. Ainsi, l’armée turque pourrait achever sa conquête de l’île sans combattre. Dans le cas où il refuserait ce marché de dupes, le président Anastasiádis pourrait être poursuivi en justice à New York au motif de son implication en tant qu’avocat dans les affaires de la société Imperium de son ami russe Leonid Lebedev ; une affaire à 2 milliards de dollars.

Ainsi, la rupture avec l’Otan coûterait à la Turquie le Nord-Est de Chypre qu’elle occupe, tandis que son maintien dans l’Alliance atlantique lui offrirait la totalité de l’île.

Certes, dans quelques semaines Victoria Nuland devrait être remerciée par le nouveau secrétaire d’État, Rex Tillerson, mais le groupe qu’elle représente ne devrait pas perdre pour autant tout pouvoir. Madame Nuland est membre de la famille des fondateurs du « Projet pour un nouveau siècle américain », qui participa à la planification des événements du 11-Septembre. Son beau-père, Donald Kagan du Hudson Institute, a formé les néo-conservateurs et les disciples de Leo Strauss à l’histoire militaire de Sparte. Son beau-frère, Frederick Kagan de l’American Entreprise Institute, a assuré les relations publiques des généraux David Petraeus et John R. Allen. Sa belle-sœur, Kimberly Kagan, a créé l’Institute for the Study of War. Son époux, Robert Kagan est aujourd’hui rémunéré par l’ancien émir du Qatar à la Brookings Institution. Quatre figures, cinq think tanks, mais une seule idéologie.

Victoria, quant à elle, fut successivement ambassadrice à l’Otan, porte-parole d’Hillary Clinton, et organisatrice du coup d’État de Kiev, en février 2014. Elle a aidé les présidents Petro Porochenko et Erdoğan a créer officiellement la « Brigade internationale islamique » qui a organisé de vastes sabotages en Russie. Son action sera poursuivie par l’État profond US contre l’administration Trump.

C’est le groupe qui se tient derrière les Kagan qui poursuit la guerre en Syrie, sans autre objectif que de se maintenir au Pouvoir. Non seulement le président Barack Obama n’a pas été en mesure de les chasser de son administration, mais une personnalité comme Victoria Nuland qui était considérée comme une figure de proue de l’administration Bush n’a pas eu de difficulté à monter en grade dans l’administration démocrate et à organiser une vague de russophobie. Si elle travaillait en bonne intelligence avec Hillary Clinton, elle n’a pas cessé, avec son ami Jeffrey Feltman, le véritable patron de l’Onu, de saboter la diplomatie du secrétaire d’État, John Kerry.

Connaissant la capacité d’Erdoğan à changer brusquement de stratégie, Moscou va devoir soit calmer les angoisses d’Anastasiádis, soit proposer quelque chose de plus alléchant à Ankara pour le garder au milieu du gué, entre les États-Unis et la Russie.

dimanche, 15 janvier 2017 09:01

Nigeria: six morts dans un attentat à Yola

Au moins six personnes ont été tuées et 14 autres blessées par l’attaque de quatre terroristes contre un marché dans le Nord-Est du Nigeria.

Selon la chaîne de télévision TRT World, quatre terroristes s’en sont pris, samedi 14 janvier, à un marché de fruits et de légumes, à Yola, dans le nord-est de l’État d’Adamawa.

Aucun groupe n’a encore revendiqué l’attentat, mais la région est une cible fréquente des attaques du groupe terroriste Boko Haram.

Le groupe Boko Haram, affilié à Daech, a récemment donné de l’ampleur à ses activités terroristes au Niger, au Cameroun et au Tchad. 

Des milliers de Tunisiens ont manifesté massivement dans diverses régions de la Tunisie, au seuil du sixième anniversaire de la révolution du pays.   

Selon TRT World, au seuil des festivités marquant le sixième anniversaire de la révolution tunisienne, diverses villes et régions du pays notamment la province de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, étaient le théâtre des protestations populaires.

Ces mouvements de protestation s’intensifient au moment où les Tunisiens multiplient les manifestations contre le retour des terroristes des zones de tension vers la patrie.   

Ces manifestations ont eu lieu sous haute sécurité dans la capitale du pays, Tunis.

Ces manifestations ont été organisées à l’appel du collectif  « Nous, les Tunisiens » et de la « Coalition des associations de la société civile ».

Les protestataires ont exprimé leur colère face à cette grâce du gouvernement envers les terroristes en route vers les territoires tunisiens. Ils ont réclamé dans leurs slogans la déchéance de la nationalité de ces Tunisiens partis dans les zones de tension pour diffuser la terreur.

Les manifestants portaient en main les images de la chancelière allemande, Angela Merkel et le président français François Hollande, « protecteurs des terroristes», criaient-ils dans leurs slogans.

Les manifestations portaient également des images sur les ruines en Syrie causées par les terroristes.

Les participants à ces manifestations ont appelé à la traduction en justice et à la punition de ceux qui ont encouragé les jeunes tunisiens à partir à l’étranger et à rejoindre les camps des terroristes.

Les Tunisiens avaient également organisé la semaine dernière une manifestation devant le parlement de leur pays pour réitérer leur protestation contre le retour des terroristes et contre la loi du « repentir ».

Selon les informations, 6000 terroristes tunisiens sont partis en Syrie et en Irak pour répandre la terreur et la violence.

Ce fléau puise ses origines dans le chômage des jeunes et l’absence de sécurité dans le pays. 

Le conseiller du ministre syrien de l’Information, Ali Ahmad, vient de déclarer que l’Amérique est la principale cause de l’insécurité en Syrie et peu importe qui sont ses mercenaires régionaux : le régime israélien, la Turquie ou encore certains pays arabes du golfe Persique.

Dans un entretien avec Tasnim News, Ali Ahmad a affirmé concernant la récente attaque du régime sioniste contre l’aéroport militaire de Mazzeh à l’ouest de Damas: «  En principe, il existe un cadre général et l’on ne peut pas séparer les actions des groupes terroristes pour l’occupation de la zone de la Fontaine d’Ain al-Fijah à l’ouest de Damas de l’occupation des régions antiques à Palmyre ou encore des attentats-suicides récents à Kafr Sousa. Tous ces événements sont liés ! »

Le conseiller du ministre syrien a ajouté: « La vérité est qu’Israël est soutenu par les États-Unis qui jouent aussi le rôle de soutien d’un groupe de pays arabes partisans eux-mêmes du terrorisme. »

Sur la diffusion rapide des attaques récentes commises sur le sol syrien par les médias du régime israélien alors qu’en principe, ces médias censurent de telles informations, Ahmad a indiqué: « Il s’agit d’annonces destinées à remonter le moral des groupes armés et de leur faire croire qu’ils vont être victorieux finalement ; surtout depuis les victoires récentes de l’armée et les pertes subies par les terroristes dans les différentes régions syriennes. »  

Et le conseiller du ministre syrien de l’Information a conclu ainsi: « L’Amérique est la source et la principale cause du déclenchement du chaos en Syrie ; que son bras exécutant soit la Turquie, le régime sioniste ou encore certains régimes arabes du golfe Persique. Il y a un lien entre toutes ces parties et au fond, dans le soutien apporté au Front al-Nosra et à Daech, il y a une volonté (américaine) de semer le chaos et la destruction des autres pays à l’instar de la Syrie. Ceci porte évidemment atteinte au gouvernement syrien, mais les conséquences (désastreuses) de ces soutiens se font sentir aussi actuellement dans d’autres pays de la région comme en Turquie. »

dimanche, 15 janvier 2017 08:56

Sommet du Mali : faut-il croire Paris?

Dans son 57e engagement, le président François Hollande avançait vouloir agir pour venir en aide aux pays en développement. Mais au vue de l'étude faite par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), son plan a plus contribué à affaiblir les pays africains qui devaient pourtant être les cibles prioritaires.

Reproduit par le site de Cameroon Voice, l'article qui suit a été publié avant la fin du sommet France Afrique:

Comme pour davantage faire vivre ce leurre, François Hollande est présent au sommet Afrique-France où il avancera avoir rempli sa mission.

Dans ce sillage, il sera inéluctable pour le Président Hollande de donner raison en son ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault qui déjà en novembre 2016 affirmait que « l'aide française va considérablement augmenter en atteignant un surplus de 160 millions d'euros comparé à son niveau de 2012 ». Ainsi donc, il promettra d'aider les pays africains à hauteur de 2 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) d'ici à 2020 pour leur électrification, soit une parade à la revendication de ces derniers lors de la COP21.

Donc quand le Président Hollande s'aventurera de dire que « l'Afrique est notre avenir » comme ce fut le cas en février 2015, aux chefs d'Etats africains d'emprunter la riposte de Philippe Jashshan, le président de Coordination Sud, qui trouvait «incompréhensible que, face à la multiplication des crises humanitaires, à l'accumulation des besoins, le gouvernement ne puisse remobiliser les moyens en faveur des plus pauvres».

Ce qui reste le plus regrettable dans cette union entre l'Afrique et la France reste le fait que nos pays déjà affaiblis sont obligés de s'endetter via ces soi-disant prêts. Il faut savoir que sur les 9 milliards d'euros annuels d'aide publique au développement, environ 300 millions d'euros seulement sont des dons. Or les pays les plus pauvres et ceux du Sahel en particulier n'ont pas les moyens de s'endetter.

Dans les régions où sévissent le terrorisme, la pauvreté à grande échelle, où l'aide publique devrait être beaucoup plus consistante, nous y notons une France grandement dépassée par la volonté de ses pairs comme l'Allemagne qui fait huit fois mieux que le pays de François Hollande. Alors lorsqu'il se targuera d'être le seul à se soucier de l'Afrique, beaucoup d'entre nous les africains y croiront parce qu'il s'est tristement affiché un peu partout en terre africaine, minant d'aider notre continent. Cette opération de charme est contradictoire avec les réalités des chiffres. Nos dirigeants eux, répondront comme à l'accoutumée à l'appel de la France comme s'ils étaient restés dans la période coloniale.

Nous avons noté sur nos petits papiers le fait qu'au Sénégal par exemple, les entreprises françaises s'accaparent des grands marchés et comme des parasites tuent nos entreprises locales à petit feu. Que nos ponts et routes soient construites par Eiffage et consorts et nos sociétés locales mourront sous nos yeux au moment où des présidents aveuglés par la beauté des mots vont comme sciemment piétiner nos maux.

A chaque fois que se soulèveront des critiques, vous verrez Paris mettre en avant l'effort que représente son engagement militaire dans la région mais il faut noter qu'il n'est que de 0,37 % du PIB contre 0,71 % par exemple pour le Royaume-Uni.

Pour comprendre ce plaidoyer, il faut savoir que les pays dits industrialisés se sont conventionnellement mis d'accord pour porter l'effort d'aide publique au développement à 0,7 % de la richesse nationale.

Sous ce rapport alors, vous comprendrez aisément que cette relation Afrique-France ne tend que vers l'appauvrissement de notre cher continent. Chers dirigeants africains devant être présents au sommet Afrique-France, sachez que ce partenariat tue votre continent, notre continent.

Après neuf jours de tension et d’affrontements, le calme revient à Bouaké, à 335 kilomètres au nord d’Abidjan.

Selon RFI, après de longues heures de négociations, le gouvernement ivoirien et les mutins sont parvenus à un accord, vendredi 13 janvier.

Cependant, des tirs en l’air ont été entendus dans certaines villes ivoiriennes dont à Bouaké, Abidjan, Man et Korhogo.

À Abidjan, des tirs ont retenti notamment dans les camps militaires d’Akouedo à Cocody et aussi du côté du camp Galliéni, situé au Plateau.

Soldats mutins à Bouaké, le vendredi 13 janvier 2017. ©AFP

Toujours d’après Radio France Internationale, les négociations étaient fermées à la presse, mais de l’extérieur on percevait des signes de mécontentement des mutins qui avaient envahi les lieux.

Finalement un accord a été trouvé en fin de soirée. Le gouvernement procédera au paiement de leur prime dès lundi. Cinq millions de francs CFA leur seront versés dans un premier temps et un million chaque mois afin de pouvoir solder les 12 millions de francs CFA.

Cela faisait plusieurs jours que les populations de Bouaké étaient confrontées à la mutinerie des militaires. Ceux-ci paradaient dans la ville tirant des coups de feu en l’air.

La deuxième plus grande ville de Côte d’Ivoire tournait donc au ralenti ; écoles et commerces étaient très souvent fermés. Une situation que les habitants de Bouaké supportaient de plus en plus mal.

Selon un journaliste afro-américain, la décision du gouvernement américain d’alléger les sanctions économiques contre le Soudan est en effet une récompense à Khartoum pour son changement de cap et l’amélioration de ses relations avec l’Occident et l’Arabie saoudite.

Abayomi Azikiwe, journaliste afro-américain installé à Détroit aux États-Unis a déclaré, dans une interview à Press TV, que la politique étrangère du gouvernement soudanais s’orientait de plus en plus vers l’Arabie saoudite.

« Cela a été évident lorsque le Soudan a participé dans la guerre lancée par l’Arabie saoudite contre le Yémen. Il a même interrompu ses relations diplomatiques avec la RII », a-t-il dit.

Dans l’optique de ce journaliste américain, la levée de certaines sanctions économiques par Washington constitue une récompense pour le Soudan qui a tendance à se rapprocher de l’Occident.

Le président américain Barack Obama a annoncé, vendredi 13 janvier, la levée d’une partie des sanctions visant le gouvernement soudanais.

Obama qui passe ses derniers jours à la Maison Blanche a écrit une lettre au Congrès dans laquelle il a dit que les actions positives de Khartoum, tout au long de ces six derniers mois, l’avaient amené à lever une partie des sanctions économiques américaines contre le Soudan.

En septembre dernier, Israël avait appelé les États-Unis et les pays européens à essayer de renforcer leurs relations avec le Soudan.

Des déplacés au Darfour. ©AFP

Washington a sanctionné Khartoum en 1997 et l’accuse de soutien aux groupes terroristes et l’a mis sur la liste noire des pays protecteurs du terrorisme en 1993.

Les États-Unis accusent également le président soudanais Omar el-Béchir de crises de guerre au Darfour. 

La philosophie est-elle "dégénérescence"? Au Maroc, le ministère de l'Education tente d'éteindre une polémique qui a suivi la publication de nouveaux manuels scolaires d'éducation islamique.Mi-décembre, l'un de ces manuels du secondaire a suscité l'ire de nombreux professeurs de philosophie.

L'ouvrage en question cite un texte d'un clerc musulman du 13e siècle, Ibn Salah Achahzouri, qui y dépeint la philosophie comme "contraire à l'islam" et comme "l'essence de la dégénérescence".
Tempête et indignation chez les professeurs de la noble matière: l'Association marocaine des enseignants de philosophie (Amep) pointe du doigt le caractère "dangereux" du manuel et appelle même à son retrait. Plusieurs sit-in sont organisés.
Le ministère refuse toute idée de retrait de l'ouvrage, l'un de ses responsables déplore un "procès d'intention", pointant un extrait "sorti de son contexte".

L'incompréhension est d'autant plus grande chez les professeurs de philosophie que le manuel a été réédité fin octobre dans le cadre d'une vaste réforme de l'enseignement islamique voulue par le roi Mohammed VI.

Cette réforme, qui a abouti à la révision d'une trentaine d'ouvrages, vise à promouvoir "un islam tolérant".

L'éducation islamique est une matière à part dans le cursus scolaire marocain, de l'école primaire jusqu'au baccalauréat. Mais son enseignement donne lieu depuis des années à des passes d'armes récurrentes entre "modernistes" d'un côté, conservateurs et salafistes de l'autre.

- 'Scénario pédagogique' -
Dans un nouvel argumentaire rendu public mercredi, le ministère de l'Education est revenu sur la polémique, et souligne que la citation incriminée s'inscrit dans un "scénario pédagogique".

L'objectif est d'"amener les élèves à faire des comparaisons entre les contenus de cette position décrite comme violente et des positions différentes qui considèrent que la raison et la pensée sont des outils pour aboutir à la vérité", explique le ministère.

Au passage, il regrette les "préjugés" et critiques des professeurs de philosophie qui "occultent de manière totale les changements profonds" sur le curriculum de l'éducation islamique.

Le ministère affirme par ailleurs que le Maroc est l'un des rares pays à enseigner la philosophie "comme discipline obligatoire pour tous les élèves, pendant les trois années du cycle secondaire".

Les relations entre la philosophie et le pouvoir marocain ont longtemps été difficiles.

Dans les années 1970-1980, sous le règne du roi Hassan II, le pouvoir avait un moment interdit l'enseignement de la philosophie et combattu la sociologie, encourageant les courants islamistes pour contrer les idéologies de gauche, dont certains opposants au régime étaient alors imprégnés.

- 'Souffle wahhabite' -
Mais pour l'Amep --dont il est difficile de juger de l'exacte représentativité-- et son président, Abdelkrim Safir, inspecteur principal de philosophie, "c'est tout le souffle de l'idéologie wahhabite qu'on retrouve dans les manuels d'éducation islamique" dans le secondaire, en référence à une version rigoriste de l'islam sunnite, soutenue par l'Arabie saoudite.

"Les explications du ministère ne suffisent pas, le problème est bien plus grand qu'une citation", juge M. Safir. "Au lieu d'enseigner aux élèves la production philosophique moderne, on vient la dévaloriser".

"Avec la réforme, on s'attendait par exemple à ce que l'éducation islamique soit baptisée éducation religieuse. Mais il n'y a eu aucune évolution", selon le président de l'Amep.