تقي زاده

تقي زاده

Alors qu’une croissance démographique ralentie menace gravement la sécurité d’Israël, le résultat d’un sondage effectué pour Channel 13 de la télévision israélienne montre qu'au moins un tiers des habitants des territoires occupés envisagent une migration inverse.

À en croire le sondage, 56 % des colons israéliens ont exprimé leur grande inquiétude quant à la possibilité d’une guerre civile qui pourra éclater en raison de la poursuite de la confrontation entre les parties pour et contre les réformes judiciaires du cabinet de Netanyahu. 

Ce sondage, publié mercredi 26 juillet et mené après l’approbation du plan controversé de réforme judiciaire du cabinet de Netanyahu, montre qu’un tiers des colons sionistes envisagent de quitter la Palestine occupée.

À noter que les changements que propose le projet de réforme judiciaire visent à retirer aux juges la possibilité d’annuler les décisions prises par le cabinet extrémiste de Netanyahu.

La Suède a accusé la Russie de mener une campagne de désinformation pour ternir l'image du pays nordique suite aux récents actes de profanation contre le Saint Coran dans la capitale Stockholm.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a affirmé mercredi que des « acteurs soutenus par la Russie » visaient la Suède avec une campagne de désinformation et tentaient de laisser entendre que le gouvernement suédois soutenait la profanation du Coran.

« Nous voyons que des acteurs russes sont actifs dans la diffusion de la fausse affirmation selon laquelle la Suède en tant qu'État serait à l'origine de la profanation de diverses écritures, c'est, bien sûr, complètement faux », a-t-il écrit sur Facebook.

Kristersson a en outre déclaré que les récents actes de profanation du Coran sont intervenus dans « une situation de sécurité compliquée », affirmant que le gouvernement suédois « ne délivre pas d'autorisations » pour brûler des copies du livre saint musulman en public, mais seulement « délivre des permis » pour les rassemblements publics.

Dans une lettre adressée au Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, la République islamique d'Iran a critiqué l'incapacité de la communauté internationale à faire face au crime terroriste de Khash, avant de l’appeler à condamner cet acte terroriste qui a tué quatre policiers sur la route Khash àTaftan, au sud-est de l'Iran.

Le haut responsable iranien des droits de l'homme a dénoncé les pays occidentaux et les organisations internationales pour avoir observé le silence vis-à-vis de la récente attaque terroriste meurtrière dans la province du Sistan-et-Baloutchistan, dans le sud-est iranien.

Dans une lettre envoyée le mercredi 26 juillet au Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, Kazem Gharibabadi, le secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l'homme, a critiqué les organisations internationales et les pays occidentaux pour le fléau mondial du terrorisme, trois jours après que des terroristes ont ouvert le feu sur un véhicule de la police de la circulation sur la route reliant les villes de Khash à Taftan, tuant quatre agents.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a appelé le Danemark à prendre des mesures efficaces pour punir les auteurs des récentes profanations du livre sacré des musulmans et empêcher la répétition de tels actes blasphématoires.

Pendant le mois dernier, des éléments extrémistes ont profané le Saint Coran en Suède et au Danemark sous l'aval des gouvernements de ces pays.

Ces actes de sacrilège ont mis en colère le monde musulman. Des ambassadeurs suédois et danois en poste dans les capitales de plusieurs pays musulmans ont été convoqués ou expulsés.

Le président nigérien Mohamed Bazoum, dernier allié des pays occidentaux dans le Sahel, a été renversé mercredi par des putschistes.

Un groupe de militaires, emmené par le colonel major Amadou Abdramane, s’est présenté mercredi soir 26 juillet devant les caméras de la télévision nationale et annoncé avoir renversé le président Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.

« Nous, Forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », a déclaré Abdramane. « Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale », a-t-il ajouté.

Il a affirmé "l’attachement" du CNSP au "respect de tous les engagements souscrits par le Niger", rassurant également "la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains".

« Toutes les institutions issues de la 7e République sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes, les Forces de défense et de sécurité gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer », indique en outre la déclaration.

Par ailleurs, "les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à la stabilisation de la situation" et "un couvre-feu est instauré à compter de ce jour (mercredi) de 22 h à 5 h (21 h à 4 h GMT) du matin sur toute l’étendue du territoire jusqu’à nouvel ordre".

Un adolescent palestinien a succombé à ses blessures après avoir été touché par balles à la tête par les forces israéliennes lors d'une attaque des militaires israéliens contre le nord-ouest de la Cisjordanie occupée.

Dans un communiqué publié jeudi matin 27 juillet, le ministère palestinien de la Santé a identifié la victime, appelé Fares Sharhabil Abou Samra.

Le Palestinien de 14 ans, ajoute le communiqué, a été blessé plus tôt après que les forces ont attaqué le quartier d'al-Naqqar dans la partie ouest de la ville de Qalqilia, incitant les jeunes palestiniens à descendre dans les rues.

jeudi, 27 juillet 2023 22:26

Imam Hussein et le jour de Achoura

Muslim Ibn 'Aqil(91) à Kûfa

La dernière lettre qu'al-Hussayn a reçue des habitants de Kûfa portait ces mots rédigés dans un style télégraphique:

«Au nom de Dieu... A al-Hussayn fils de 'Ali, Commandeur des croyants... De la part de ses chutes et des chutes de son père le Commandeur des croyants...

»Les gens t'attendent. Leur opinion ne s' arrête sur personne d'autre que toi. Dépêche-toi, ô fils du Messager de Dieu. Les environnements ont verdi, les fruits ont mûri, la terre s'est couverte d'herbes, les arbres ont revêtu leur feuillage. Viens vers nous si tu veux. Tu verra en nous des soldats mobilisés pour toi...»(92)

Al-Hussayn lut et relut cette lettre. Il l'examina longuement et interrogea les deux messagers qui l'avait portée, sur les personnes qui s'étaient associées à sa rédaction et la rédaction du pacte qu'elle renfermait. La lettre lui paraissait tout à fait satisfaisante. Elle équivalait à une prestation de serment d'allégeance effective et à un pacte. Elle traduisait aussi une appréciation de la situation et une incitation à sa venue rapide à Kûfa.

Cette lettre lui permit de se fixer sur son point de départ. Toutefois, comme nous l'avons vu plus haut, al-Hussayn ne voulait pas se précipiter, en raison de la mauvaise expérience des Ahl-ul-Bayt avec les Irakiens. Aussi décida-t-il de se faire précéder par un délégué, un représentant qui lui préparerait le terrain, aplanirait les éventuelles difficultés, et surtout étudierait de plus près la situation et lui en ferait part avec précision, afin qu'il puisse prendre lui-même en conséquence la décision définitive qui s'imposerait.

Une tâche aussi difficile, exigeait un homme d'une fidélité insoupçonnable envers al-Hussayn, envers le Message et envers la Umma, ainsi que bien d'autres qualités. Le choix d'al-Hussayn se porta sur son cousin, Muslim Ibn 'Aqil. Il lui fit part de sa décision et de la tâche qu'il entendait lui confier. Il le mit au courant de la teneur des messages qu'il avait reçus des gens de Kûfa, et lui expliqua la nature du travail qui l'attendait, en tant que son ambassadeur et son représentant. Les quelques mots suivants résument assez bien ce qu'al-Hussayn attendait de son cousin et messager, Muslim Ibn 'Aqil:

«Va à la rencontre des gens de Kûfa pour voir. Si ce qu'ils m'ont écrit est vrai, fais-le-moi savoir afin que je te suive...»

Muslim Ibn 'Aqil, accompagné de ses hommes et de deux guides, quitta la Mecque pour Kûfa, vers la mi-Ramadan de l'an 60 hégirien. Le voyage était long, difficile et périlleux. L'été battait son plein: il fallait traverser des déserts arides, supporter la chaleur brûlante du soleil. Les deux guides moururent à mi-chemin, et Muslim Ibn 'Aqil fut contraint de s'arrêter et d'envoyer un messager à al-Hussayn pour lui faire part de la difficulté du trajet et de son désir d'abandonner cette entreprise périlleuse.(93) La réponse d'al-Hussayn ne tarda pas à arriver: il faut poursuivre le voyage. Muslim Ibn 'Aqil s'exécuta et continua son chemin. Il arriva à destination le cinq Chawwâl. Là, il s'installa dans la maison de Mukhtâr Ibn 'Obaida al-Thaqafi et en fit le siège de ses activités politiques à Kûfa.

Les délégations commencèrent à affluer vers lui, lui exprimant leur joie et leur satisfaction de son arrivée et de celle attendue d'al-Hussayn, et renouvelant leur allégeance et leur soutien à ce dernier. Les gens pleuraient de joie lorsque Muslim Ibn 'Aqil leur lisait le message d'al-Hussayn et l'annonce de sa venue prochaine.

Muslim Ibn 'Aqil multiplia les contacts avec les gens et continua à mobiliser les Musulmans pour la cause défendue par al-Hussayn, jusqu'à ce qu'il se fût assuré que le nombre d'hommes prêts à se battre pour elle ait atteint environ 18,000 combattants. Une fois assuré du nombre suffisant de combattants, et de la sincérité du soutien des musulmans de Kûfa à l'Imam al-Hussayn, il écrivit à ce dernier pour lui brosser un portrait réel de la situation dans cette province de la nation islamique, et lui conseiller de venir.

L'avènement de Muslim à Kûfa continua à susciter un climat d'effervescence populaire et un courant d'opposition affichée, de plus en plus agité et de plus en plus menaçant pour le pouvoir central et ses représentants dans cette ville.

Le gouverneur de Kûfa, al-Nu'mân tenta de pallier pacifiquement à la situation, mais en vain. Cette attitude pacifique face à une volonté populaire résolument hostile aux Omayyades ne plut pas aux agents et partisans du pouvoir, car ils craignaient sérieusement de perdre les privilèges économiques, politiques et sociaux dont ils jouissaient au détriment des masses populaires. Aussi, l'un d'eux ('Abdullah Ibn Muslim), écrivit-il à Yazid un rapport détaillé sur l'évolution dangereuse de la situation et lui conseilla de destituer al-Nu'mân qu'il accusa de faiblesse et de manque de fermeté, et de le remplacer par un élément rompu aux méthodes de la terreur et de la répression pour pouvoir rétablir le prestige du Pouvoir. D'autres agents omayyades(94) envoyèrent des rapports similaires à la capitale califale. Dans son rapport, ledit 'Abdullah Ibn Muslim écrivait notamment:

«Muslim Ibn 'Aqil est venu à Kûfa. Les chutes ont prêté devant lui, serment d'allégeance à al-Hussayn Ibn 'Ali Ibn Abi Tâlib. Si tu tiens encore à Kûfa, envoies-y un homme fort capable d'exécuter tes ordres et de faire ce que tu fais avec tes ennemis. Al-Nu'mân est un homme faible, ou bien il fait montre de faiblesse».(95)

Lorsque Yazid reçut cette lettre ainsi que d'autres messages alarmants, il se mit à la recherche d'un homme sans scrupules, habitué à la terreur, aimant le pouvoir à tout prix, dévoué aux Omayyades et haineux à l'égard des Ahl-ul-Bayt.

Ses recherches dans ce sens le conduisirent à 'Obeidullah Ibn Ziyâd, gouverneur de Basrah à l'époque. Le facteur déterminant dans ce choix fut l'opinion favorable de Serjoun, maître de Mu'âwîyah. Serjoun dit à Yazid que Mu'âwîyah avait écrit de son vivant une promesse de nomination de 'Obeidullah comme gouverneur de Kûfa, qu'il conservait cette lettre dont le contenu n'était pas encore exécuté et qu'il était temps de le faire, puisque personne d'autre n'était aussi dévoué que lui au trône omayyade. Yazid décida, sans plus attendre, de notifier à l'intéressé, qui occupait la fonction de gouverneur de Basrah (en Irak), son affectation à Kûfa. Il lui écrivit à cet effet une lettre dans laquelle il lui ordonna de mettre Muslim Ibn 'Aqil hors d'état de l'inquiéter, par tous les moyens:

«... Mes partisans à Kûfa m'ont écrit pour me dire qu'Ibn 'Aqil y rassemble les masses populaires pour faire scission au sein des Musulmans. Dès que tu auras lu cette lettre, va à Kûfa... pourchasse Ibn 'Aqil jusqu'à ce que tu le captures. Après quoi, enferme-le, tue-le ou bannis-le...».(96)

Notes:

91. . Le cousin d'al-Hussayn

92. Ibn Tâwûs, "Maqtal al-Hussayn", pp. 15-16

93. . Voir, Ibn Kathir, "Istich-hâd al-Hussayn", op. cit., p. 29

94. . Tels que 'Amara Ibn 'Oqbah, 'Omar Ibn Sa'ad Ibn Abi al-Waqqâç

95. . Al-Cheiki al-Mufid, op. cit., p. 205. Voir aussi Abi Ishaq al-Asfarâïnï, "Nour al-'Ayn fi Mach-had al-Hussayn", op. cit., pp. 20-21

96. . Ibn Kathîr, " Istich-hâd al-Hussayn", op. cit. p. 31; et

al-Cheikh al-Mufid, op. cit., p. 206

Le livre "Imam Hussein et le jour de Achoura

www.Bostani.org

jeudi, 27 juillet 2023 22:25

Imam Hussein et le jour de Achoura (9)

Dans L'Enceinte Sacrée et Sûre
(La Mecque)

Al-Hussayn arriva au "Lieu de la descente de la Révélation", la Mecque, Ville de la Paix, pendant la nuit du troisième vendredi du mois de Cha'bân. Il y entra en récitant ce verset coranique:

«Il dit, tout en se dirigeant vers Madian: "Il se peut que mon Seigneur me guide sur la Voit Droite». (Coran, XXVIII, 22)

Il descendit dans la demeure de 'Abbas Ibn 'Abdul Muttalib et s'y établit pour mener son action politique avec l'immunité légale de la Maison Sacrée de Dieu.

Sa venue à la Mecque ne manqua pas de susciter l'étonnement et la surprise. Les Mecqois et les pèlerins de cette cité l'accueillirent chaleureusement. La nouvelle de son départ de Médine pour la Mecque et son refus de prêter serment d'allégeance à Yazid se rependit rapidement. Des délégation et des lettres affluèrent vers lui de partout. Al-Hussayn s'attacha pour sa part à envoyer partout des messagers et des messages, appelant à la révolution contre Yazid, et au retrait de sa désignation au califat, obtenue par la force, la terreur, les pots-de-vin et les mensonges, contrairement aux statuts et aux règles islamiques de la désignation du gouvernant. Des rassemblements et des réunions commencèrent à se former dans les quatre coins du monde islamique. Les masses populaires musulmanes se félicitèrent du mouvement d'al-Hussayn et organisèrent des débats politiques sur la situation.

La lecture des correspondances d'al-Hussayn nous permet de constater que la raison de son départ de Médine pour la Mecque comme première étape de son mouvement se résumait dans les points suivants:

- Attirer l'opinion publique, la sortir de sa léthargie, la mouvoir, la surveiller de plus près, et la tester.

- Commencer la mobilisation et la préparation du soulèvement général; exposer le problème politique selon les principes islamiques de gouvernement, de politique et de direction.

- Planifier en vue de diriger les masses et définir les points de départ de la confrontation, sur les plans de temps, de lieu et de conjoncture.

- Amorcer la confrontation pour déchoir le gouvernement de Yazid et instaurer un Etat bien dirigé sous la direction d'al-Hussayn, fondé sur les principes du Coran et de la Sunna du Prophète.

Ses contacts et correspondances avec les différentes communautés de la nation islamique ne tardèrent pas à porter leurs premiers fruits. En effet, l'esprit de la révolution se mit en branle en Irak, centre du mouvement politique partisan des Ahl al-Bayt à cette époque. Les chefs de l'opposition, parmi les partisans de l'Imam al-Hussayn, se réunirent à Kûfa, dans la maison de Sulayân Ibn Çard al-Khazâ'î pour examiner les situations politiques et sociales, la mort de Mu'âwîyah et la passation du pouvoir à Yazid. Ils discutèrent du projet d'al-Hussayn, de son refus du califat de Yazid et de son départ pour la Mecque. Ils prient la décision de la soutenir, de se mettre sous sa direction et à sa disposition. A la clôture de ces débats Sulaymân Ibn Çard al-Khazâ'î se leva et fit ce discours:

«Mu'âwîyah est mort. Al-Hussayn appelle les Musulmans à lui prêter serments d'allégeance. Il est parti pour la Mecque. Vous êtes ses chiites (partisan) et les chiites de son père. Si vous êtes de sûrs de vouloir le soutenir et de combattre son ennemi, de vous sacrifier pour lui, écrivez-le-lui et faites-le-lui savoir. Mais si vous craignez l'échec et la faiblesse, ne l'appâtez pas inutilement.

- Non, Nous combattrons son ennemi et nous nous sacrifierons pour lui, répondirent les assistants.

- Ecrivez-lui donc, leur dit Sulaymân»(82)

Les gens présents à ce rassemblement écrivirent la lettre suivante à al-Hussayn:

«Au Nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux. Que la paix soit sur toi. Nous remercions Dieu, en dehors de Qui il n'y a pas d'autre dieu.

»Louange à Dieu qui a brisé ton ennemi tyrannique et têtu qui s'empare de cette Umma, soutira son "affaire"(83) usurpa ses butins, la gouverna sans qu'elle l'y autorise, assassina ses pieux, et conserva ses méchants. Il n'est donc pas Imam. Viens! Nous espérons que Dieu nous réunirait (avec toi) dans le bon droit. Quant à al-Nu'mân Ibn Bachir(84) qui se trouve dans le palais d'Imarah(85), nous ne nous réunirons avec lui ni les vendredis, ni les jours de fête. Et quand nous apprendrons que tu viendras auprès de nous, nous l'expulserons vers Damas, si Dieu le veut. Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions de Dieu soient sur toi».

Ils expédièrent cette lettre par 'Abdullah Ibn Saba' al-Ramadân et 'Abdullah Ibn Wâl. Deux nuits plus tard, ils envoyèrent une deuxième lettre accompagnée d'environ cent cinquante pages écrites par la population, pour le prier de venir à Kûfa. Cette deuxième lettre fut suivie d'un autre messager dépêché pour presser al-Hussayn de se diriger vers l'Irak. Puis des personnalités irakiennes, tels Chabth Ibn Rub'i, Hajjar Ibn Abjar, Yazid al-Hârith, Yazid Ibn Rouim, 'Urwah Ibn Qais, 'Omar al-Zubaidi et Muhammad Ibn 'Amir al-Temîmi lui envoyèrent des messages dans le même sens(86). Les lettres continuèrent à affluer vers al-Hussayn; elles lui apportaient les cris de secours des Irakiens: «Nous n'avons pas d'Imam! Viens vers nous»! ou «Les gens t'attendent. Ils n'ont que toi. Viens vite, viens vite, viens vite, viens vite».(87)

Conscient de la gravité de sa responsabilité et de l'importance de sa mission, tenant compte de l'expérience malheureuse et douloureuse de son frère al-Hassan et de son père l'Imam 'Ali avec les Irakiens, al-Hussayn ne pouvait prendre une décision de cette importance que prudemment, et ne voulait réagir positivement aux requêtes pressantes et réitérées de ses partisans en Irak qu'après avoir obtenu des assurances suffisantes quant au sérieux de leur soutien. Aussi leur écrivit-il une lettre dans laquelle il leur rappela le contenu de leurs missives et leur demanda d'accueillir son représentant et cousin Muslim Ibn 'Aqil afin qu'il apprécie la situation sur place et prépare sa venue:

«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. (...) J'ai reçu vos lettres et vos messagers (...). J'ai pris note de tout ce que vous avez écrit et exprimé dans ces lettres. (...) Je vous envoie mon frère et cousin, mon homme de confiance, quelqu'un de ma famille: Muslim Ibn 'Aqil. S'il m'écrivait qu'il y avait un consensus unanime de la population sur ce que vous avez écrit dans vos lettres... je viendrais auprès de vous bientôt; si Dieu le veut...»(88)

En même temps, al-Hussayn prit soin de préparer et de mobiliser les habitants de Basrah. Il adressa la lettre suivante aux chefs de cette ville et à ses leaders de l'opposition:

«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux... Dieu a élu Mohammad parmi Ses créatures pour lui accorder l'honneur de la mission prophétique. Il l'a choisi pour communiquer Son message. Puis Il l'a appelé vers Lui. Le Prophète a conseillé les serviteurs de Dieu et a communiqué ce pourquoi il fut choisi comme Prophète... Nous étions sa famille, ses amis, ses héritiers présomptifs, ses légataires et les premiers ayants droit à le représenter auprès des gens. D'aucuns parmi notre peuple nous ont usurpé notre droit. Et cependant, nous n'avons rien dit, car nous détestions la division et nous avons voulu favoriser la sécurité, tout en sachant que nous avions plus de droit au califat que ceux qui l'ont confisqué.

»Je vous envoie cette lettre avec mon messager et je vous appelle au Livre de Dieu et à la Sunna de son Prophète (P), car, en effet, celle-ci a été assassinée, et l'hérésie ressuscitée. Je vous invite à écouter ma parole, obéir à mes ordres; je vous conduirais vers la bonne voie. Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions de Dieu soient sur vous».(89)

De cette façon Basrah apprit la nouvelle du mouvement d'al-Hussayn. Cette ville était l'un des fiefs de l'action politique de l'opposition, et le plus grand centre islamique après Kûfa, en Irak, à cette époque-là. Elle comptait des leaders de l'opposition et connaissait une opinion publique hostile au régime Omayyade. Elle avait beaucoup souffert des gouverneurs de Mu'âwîyah. Avec l'arrivée de cette lettre, les notables de la ville se sont réunis à la maison d'une femme de l'opposition et ont décidé de soutenir le mouvement d'al-Hassayn.

Ibn al-'Athir nous fait un compte rendu de cette réunion dans son livre: "Al-Kâmel fil Târikh" (Tom. VI, p. 21):

«Des Chiies se sont réunis dans la maison d'une femme de la famille Abdul Qaïs. Elle s'appelait Mariya Binta Sa'dah. Elle était devenue chiite, et sa maison un lieu de réunion et de débats pour les Chiites... Yazid Ibn Banit, lui aussi de la famille de 'Abdul Qaïs, décida d'aller à la rencontre d'al-Hussayn. Il avait dix fils. Il leur demanda: «Lequel de vous viens avec moi». Deux d'entre eux se sont présentés: 'Abdullah et 'Obeidullah. Ils partirent à la Mecque... et ils furent tués avec lui plus tard».

D'autres réunions et d'autres débats ont eu lieu pour donner suite à la lettre d'al-Hussayn. Ainsi, Yazid Ibn Mas'oud rassembla les Bani Temim, les Bani Handhalah et les Bani Sa'ad. Il leur tint un discours dans lequel il les incita à soutenir al-Hussayn et les mit en garde contre toute velléité de faire défection. Voici quelques extraits du discours:

«... Yazid, cet alcoolique et cette tête de la débauche prétend au califat des Musulmans et s'impose comme leur chef sans leur consentement. Pourtant il manque de clémence et de savoir, il est ignorant du bon droit. Je jure donc avec force, par Dieu, que le jihad contre lui est préférable pour la religion au jihad contre les polythéistes. Et voici al-Hussayn fils de 'Ali et fils du Messager de Dieu; il est d'un honneur authentique, d'une opinion enracinée, d'une grâce indescriptible, et d'un savoir inépuisable. Il a la priorité pour cette affaire (le califat) en raison de ses bons antécédents, de son âge, de son ancienneté, et de sa parenté. Il est tendre avec les cadets et bienfaiteur pour les aînés. Il est donc le meilleur pasteur pour ses ouailles et l'Imam d'un peuple. (...) Ne manquez donc pas de voir la lumière du vrai et n'errez pas dans l'abîme du faux. Çakhr Ibn Qaïs a été trahi par votre défection le Jour (de la bataille) de Jamal. Effacez donc cette faute en soutenant le fils du Messager de Dieu. Par Dieu, personne parmi vous ne pourrait manquer à le soutenir sans que Dieu n'humilie ses enfants et réduise sa tribu. (...) Me voilà en habit de guerre. Celui qui n'est pas tué dans la guerre, mourra naturellement; et celui qui fuit, n'échappera pas à son sort. Essayez donc - que Dieu vous couvre de sa miséricorde - de me donner une bonne réponse».

Les Bani Handhala ont répondu les premiers: «Ô Abou Khâled, nous sommes les flèches de ton carquois et les cavaliers de ta tribu. Si tu tirais avec nous, tu atteindrais la cible, et si tu attaquais avec nous, tu conquerrais. Par Dieu tu ne livrerais pas une bataille sans que nous ne la livrions, et tu ne rencontrerais pas une difficulté sans que nous ne la partagions. Par Dieu nous te soutiendrons avec nos sabres, et te protégerons avec nos corps. Fais et nous te suivrons».

Puis ce fut autour des Banou Sa'ad Ibn Yazid de prendre la parole: «Ô Abou Khâled, ce que nous détestons le plus, c'est de nous opposer à toi et d'avoir une opinion différente de la tienne. Si nous avions abandonné le champ de bataille (de Jamal) c'était parce que Çakhr Ibn Qaïs, nous l'avait demandé... Aussi avons-nous conservé notre force. Donne-nous donc un peu de temps pour nous concerter et t'apporter notre réponse ».

Enfin ce fut le représentant des Bani 'Âmer Ibn Temîm qui intervint: «Ô Abou Khâled! Nous somme la tribu de ton père, et tes alliés. Nous ne resterions pas indifférents si tu es en colère, ni ne demeurerions ici, si tu pars. L'affaire est entre tes mains. Appelle-nous, nous te répondrons et ordonne-nous, nous t'obéirons...»

S'étant assuré du soutien de ces tribus, Yazid Ibn Mas'oud écrivit à al-Hussayn:

«Au nom de Dieu... J'ai reçu ta lettre et compris ce que tu m'as chargé de faire et l'appel que tu m'as lancé pour obtenir mon soutien. Dieu ne laisse jamais une terre sans un facteur de bien ou un guide pour la voie du salut. Vous(90) êtes la preuve de Dieu à Sa créature, et Son Dépôt dans Sa terre. Vous vous ramifiez d'un olivier d'Ahamd (un autre nom du Prophète Muhammad), dont celui-ci est le tronc et vous, les branchages. Viens donc, tu es le bienvenu...»

De son siège de la Mecque, al-Hussayn a donc pu faire remuer l'opinion publique, galvaniser le sentiment de révolte des Musulmans, diriger le mouvement de l'opposition. Pendant les mois de Cha'bân, Ramadân, Chawwâl, Thil-Qa'dah et une partie de Thil-Hajjat, il a pu déterminer le lieu, le temps et la conjoncture politique du déclenchement de sa bataille.

La révolution sera déclenchée en Irak.

Notes:

 

82. . Al-Cheikh al-Mufid, "Al-Irchâd", p. 202

83. . L'affaire qui revient à la Ummah: le choix d'un calife

84. . Gouverneur de Kûfa

85. . Le palais du gouverneur de Kûfa (Irak)

86. . Ibn al-'Athir, "Al-Kamel fil Târikh", Tom. IV, p. 20

87. . Sur les lettres envoyés par les Irakiens à al-Russayu, voir, entre autre, Abi Ishâq al-Asfaraïnï; "Nour al-'Ayn fi Mash'had al-Hussayn", p. 17

88. . Al-Cheikh al-Mufid, op., cit., p. 204

89. . Abdul Razzâq al-Muqarram, "Maqtal al-Hussayn", pp. 141-142

90. . Le "vous" désigne ici les "Ahl-ul-Bayt" (les Gens de la Maison) dont al-Hussayn est membre.

Le livre ''Imam Hussein et le jour de Achoura''

wwwww.ostani.org

jeudi, 27 juillet 2023 22:24

Imam Hussein et le jour de Achoura (8)

Adieu, Messager de Dieu!
Al-Hussayn quitte Médine

Al-Hussayn tenait à se rendre au tombeau de son grand-père le Messager de Dieu, comme si cette visite d'adieu devait annoncer un voyage de non retour. Il pressentait sans doute qu'il n'aurait plus l'occasion de visiter de nouveau ce tombeau béni. Il accomplit alors, près du tombeau deux rak'ah(77) de prière et se mit à adresser des supplications à Dieu:

«Ô mon Dieu! Ici se trouve le tombeau de Ton Prophète, et je suis le fils de la fille de Ton Prophète. Tu sais ce qu'il m'arrive. Ô mon Dieu! J'aime le bien et je renie le mal. Je Te demande, Ô Toi qui es plein de Majesté et de Munificence, par ce tombeau et celui qui y gît, de ne me faire faire que ce qui Te satisfait et satisfait Ton Prophète».(78)

Al-Hussayn et ses compagnons sortirent de Médine et se dirigèrent vers la Mecque en l'an 60 hégirien. Le cortège se composait de quelques membres de sa famille, de quelques proches, de ses femmes et enfants et de sa soeur Zaynab. Ils avaient à parcourir un désert aride d'environ 450 Kms avant d'arriver à la Mecque. Al-Hussayn se mit en route en récitant ce verset coranique:

Il sortit de la ville, inquiet et regardant de tous côtés, il dit: «Mon Seigneur! Délivre-moi de ces gens injustes». (Coran, XXVIII, 21)

Sur la route, 'Abdullah Ibn Muti' vit le cortège et fut pris d'inquiétude lorsqu'il apprit qu'al-Hussayn quittait Médine, car son absence de cette ville serait durement ressentie par tous ceux qui mettaient tous leurs espoirs en lui, en tant que seul dirigeant capable de s'opposer aux autorités de Yazid. Il lui exprima son inquiétude en ces termes:

«... Si tu vas à la Mecque, prends garde de la quitter pour Kûfa, car c'est une ville funeste dans laquelle ton père a été tué, et ton frère y a reçu un coup de poignard qui a failli lui coûter la vie. Reste à la Mecque, car tu y es le maître des Arabes. Personne, parmi ses habitants ne saurait t'égaler; les gens s'appelleront les uns les autres pour venir vers toi de tous côtés. Ne quitte pas la Mecque. Que mon oncle paternel et mon oncle maternel te soient sacrifiés! Par Dieu! Si tu mourais, nous serions asservis après toi».(79)

Mais al-Hussayn et son cortège continuèrent leur route. Le trajet était long, très long. Les sables et les cailloux du désert étaient rendus comme une fournaise par la chaleur brûlante du Soleil. Cette longue marche périlleuse vers l'inconnue (la Mecque n'était qu'une étape), qui entraînait avec elle des femmes et des enfants, se voulait être surtout la marche du défi. Elle rappelait un peu la marche de son père l'Imam 'Ali lequel (contrairement à la plupart des Muhâgirine - les Emigrants - qui empruntaient, à la faveur de l'obscurité de la nuit, des chemins déserts pleins de détours, pour éviter d'être vus par les polythéistes) étaient sorti de Médine en plein jour pour se diriger vers la Mecque, défiant ainsi l'orgueil et l'arrogance des Quraîch. Les courage de l'Imam 'Ali habitait toujours les tréfonds de son fils l'Imam al-Hussayn qui refusait les implorations de sa famille et de ses amis le priant d'éviter la route publique et d'emprunter un trajet discret, pour échapper à la poursuite des Omayyades. Al-Hussayn insistait pour que sa marche soit une marche d'information, un mouvement d'opposition, une protestation publique. Il voulait que les Musulmans assistent eux-mêmes à son départ afin qu'ils prennent conscience de la gravité de la situation, et qu'ils se demandent pourquoi al-Hussayn quitte la ville de son grand-père, le Prophète, alors qu'il est le maître, le fils et l'enfant le plus chéri de cette ville. Il voulait que sa marche soit le sujet de conversation de tout le monde, le déclenchement d'un mouvement de protestation, la levée du rideau de la peur.

Effectivement, après son départ, les gens de Médine, y compris les fils des Muhâjirine et des Ansars,(80) des Compagnons et des Suivants, commencèrent à se réunir, à discuter, à le plaindre: «Le fils(81) du Messager de Dieu est parti! Il a quitté sa ville. Il entreprend à Yazid et de se soumettre à son pouvoir! Qu'attend la Umma!?»

Pendant ce temps, la nuit et le silence planait sur les maison d'al-Hussayn et de sa famille. Un climat de désolation et de tristesse doublée d'une atmosphère de peur et d'inquiétude régnait sur la ville. Les gens avaient peur pour al-Hussayn. Ils craignaient la défection de ses partisans et la trahison de ses ennemis. Al-Hussayn mourrait! Ce serait une étoile sans pareille qui disparaître du Ciel de la ville!

Notes :

77. . Chaque prière en Islam comporte généralement plusieurs rak'ah (cycle)

78. . "Maqtal Abi Makhnaf", p 10, emprunté à Adbul Karim al-Qazwini: les documents officiels de la Révolution d'al-Hussayn, p. 45

79. . Ibn al-'Athir, "Al-Kâmel fil Târîkh", Tom. IV, p. 19

80. . Les partisans médinois qui ont accueilli le Prophète et ses compagnons lorsqu'ils ont émigré de la Mecque pour Médine.

81. . Al-Hussayn était le petit-fils du Prophète, mais vu l'amour que celui-ci lui vouait, on le surnommait: "Fils du Prophète, du Messager de Dieu".

Le livre Imam Hussein et le jour de Achoura 

www.bostani.org

jeudi, 27 juillet 2023 22:19

Imam Hussein et le jour de Achoura (7)

À Médine

L'Imam al-Hussayn a mesuré la gravité de la situation et s'est rendu compte de la volonté du parti omayyade de transformer coûte que coûte le califat en un règne héréditaire. Il a constaté que le Traité signé entre Mu'âwîyah et son frère al-Hassan était resté lettre morte et que si Mu'âwîyah lui-même l'avait totalement négligé, ses successeurs ne semblaient guère vouloir être plus royalistes que le roi à cet égard. Il a compris que la Umma ne tarderait pas à connaître un désastre politique effroyable, et que son devoir légal (religieux) lui imposait de ne pas décevoir l'espoir que la Umma mettait en lui pour la sortir du calvaire.

La situation politique à Médine était incertaine et trouble. Al-Wâlid, gouverneur de Médine, et Marwân, l'un des piliers du pouvoir omayyade, que le Prophète avait expulsé de cette ville, et qui y pesait actuellement d'un poids grandissant, n'ont pas désarmé face à son refus de prêter serment d'allégeance à Yazid, et semblaient vouloir l'y contraindre à tout prix, puisqu'ils l'avaient de nouveau convoqué.

Il lui fallait prendre rapidement la décision qui s'imposait pour faire face à la nouvelle situation. Aussi dit-il aux messagers de Wâlid et de Marwân, venus lui apporter la convocation de leurs maîtres: «Attendez jusqu'à demain. Puis, vous verrez et nous verrons».(73)

En examinant une dernière fois les données du problème auquel il était confronté, il estima qu'il ne pouvait accepter légalement le fait accompli pour les raisons suivantes:

1- Yazid s'est emparé du califat en violation des termes du Traité de Réconciliation qui stipulait qu'après la mort de Mu'âwîyah le Califat reviendrait aux ayants droit, soit à al-Hassan ou à défaut, à son frère al-Hussayn.

2- La passation du Califat à Yazid s'est déroulée de façon contraire à celle que les Musulmans avaient connue auparavant, soit le système de «choura» (la consultation).(74)

3- L'incompétence et la disqualification de Yazid pour diriger la Umma.

4- L'emprise du parti et de la famille omayyades sur le Pouvoir.

5- La déviation des principes islamiques de justice et d'égalité, et le pouvoir personnel au lieu de celui de la loi.

Aussi décida-t-il de quitter Médine pour la Mecque, avec sa famille, son entourage et ses compagnons, la deuxième nuit après son entretien avec al-Wâlid. C'était donc le point de départ de la longue et pénible marche historique d'al-Hussayn, d'une cascade de sang qui ne cessera de couler à travers l'histoire, rappelant à tout moment, aux injustes, que l'injustice à des limites, et aux déviationnistes, que le Message a toujours des gardiens dévoués et prêts en toute conscience, à se sacrifier pour le défendre, quelque soient la puissance et la tyrannie de ceux qui veulent le faire dévier de son cours originel.

En décidant de réagir et de ne pas céder aux pressions omayyades, al-Hussayn savait pertinemment qu'il avait affaire à forte partie: Mu'âwîyah avait pu renforcer solidement le pouvoir des Omayyades; et à une partie difficile et intraitable: si lui-même n'avait pour arme que les principes, les valeurs et les idéaux dont il ne pouvait ni ne voulait n'écart, ses adversaires n'hésitaient devant rien: tous les moyens leur étaient bons: la ruse, le mensonge, l'assassinat, la déviation, l'immoralité. A un pouvoir solidement assis, à la riche fabuleuse de la Umma islamique dont les Omayyades disposaient, et aux moyens perfides qu'ils utilisaient, l'Imam al-Hussayn ne pouvait opposer que sa foi, son intégrité, son prestige moral et ses principes. De là, la valeur de symbole son combat.

Devant la crainte de voir la déviation, déjà largement entamée, se généraliser et se banaliser, et la civilisation islamique s'engager définitivement dans une voie qui s'écartait Message, al-Hussayn estimait que seule une autorité morale, une force morale, était capable de faire mouvoir et d'émouvoir la conscience de la Umma et de rappeler à celle-ci la gravité sa situation déviationniste. Or il n'y avait que lui-même pour incarner cette force morale, et faire face courageusement à la puissance des Omayyades, contester légalement leur idéologie déviationniste, s'opposer légitimement à leurs agissements déviés, et atteindre, quelque soit l'issue de sa bataille, les objectifs de sa Révolution: s'il l'emportait sur les ennemis, il pourrait diriger la Umma et rétablir les lois du Coran et de la Sunna du Prophète, et s'il mourait pendant sa Révolution et que celle-ci venait à avorter, son sang de martyr, celui du fils de l'Imam 'Ali et du petit-fils du Prophète, jaillirait à tout jamais et rappellerait à ses contemporains et à toutes le générations futures que la sauvegarde et l'intégralité du Message ne sauraient faire l'objet de compromis et de marchandage.

En fait, en décidant d'affronter les Omayyades, al-Hussayn espérait moins obtenir une victoire matérielle et immédiate contre eux, que les empêcher de porter injustement le titre de la légitimité et de la légalité. Mieux, tout porte à croire que lorsqu'il décida d'engager la lutte contre Yazid et son empire, il savait préalablement qu'il y perdrait sa vie. Ainsi lorsque quelques-uns de ses proches - tels 'Omar Ibn 'Ali Ibn Abi Tâlib (son frère), Om Salama (la femme du Prophète) et Mohammad Ibn al-Hanafiyya - essayèrent de le convaincre de revenir sur sa décision d'affronter les Omayyades en arguant de l'issue désespérée de cet affrontement, il restait inébranlable, leur expliquant qu'il n'ignorait pas ce qui personnellement l'attendait. La preuve en est ce témoignage de 'Omar Ibn 'Ali Ibn Abi Tâlib: «Lorsque mon frère al-Hussayn refusa de prêter serment d'allégeance à Yazid, à Médine, j'entrai chez lui et le trouvai seul. Je lui dis: "Que Dieu me sacrifie pour toi, ô Abou 'Abdullah! Car ton frère Abou Mohammad al-Hassan m'a raconté". Mes larmes m'empêchèrent de terminer et je me mis à pleurer. Al-Hussayn m'étreignit et me dit:

- On t'a dit que je serais mort...!

- A Dieu ne plaise, ô fils du Messager de Dieu! dis-je.

- Par ton père, je t'ai demandé, s'il t'a parlé de mon assassinat? insista al-Hussayn.

- "Oui", répondis-je. "Ne veux-tu pas bien prêter serment d'allégeance?"

- "Mon père m'a dit que le Messager de Dieu(sawas) prédit assassinat(75) et le mien et prévit que mon tombeau serai du sien", dit al-Hussayn. " Crois-tu donc que tu savais ce que je ne savais pas?!" ajouta-t-il».(76)

Lorsque Om Salma, la femme du Prophète(sawas) le pria d'abandonner son projet en lui disant que son grand-père, le Prophète, avait prédit son assassinat dans le combat qui l'attendait, il ne dit pas autre chose: «Oui, mère, je sais que je tué».

Notes:

67-68

73. . Ibn al-'Athir, "Al-Kâmil fil Târikh", op. cit., Tom. IV, p. 16

74. . Voir: Aboul 'Alâ' al-Mawdoudi, op. cit., p. 99

75. . De son père, l'Imam 'Ali

76. . Ibn Tâwûs, "Maqtal al-Hussayn", p. 12

www.bostani. org

Le livre Imam Hussein et le jour de Achoura