Dans un communiqué publié ce lundi 18 août, le gouvernement burkinabè a déclaré la coordonnatrice résidente des Nations Unies, Carol Flore-Smereczniak, « persona non grata » sur le territoire de ce pays pour sa responsabilité dans un rapport « sans sources objectives, sans preuves ni justificatifs, véhiculant des informations graves et mensongères du secrétaire général de l’ONU sur les enfants et le conflit armé au Burkina Faso ».
« Dans un style narratif citant indistinctement les terroristes et les institutions de défense et de sécurité du Burkina Faso, ce rapport qui ressemble à une compilation des allégations sans fondements et de contre-vérités ne comporte en annexe, ni copies de rapports d’enquêtes, ni arrêts de justice pour étayer les cas prétendus de violations contre des enfants attribués aux vaillants combattants burkinabè », selon le communiqué lu à la télévision nationale de ce pays africain, par le porte-parole du gouvernement, Gilbert Ouédraogo.
Ouagadougou s’est indigné du « total mépris à l’endroit des autorités et institutions burkinabè qui n’ont été ni associées à son élaboration, encore moins informées des conclusions de l’étude ».
Le gouvernement burkinabè s’est étonné de la persistance de certaines agences des Nations Unies au Burkina Faso dans l’utilisation « avec légèreté et à dessein » des terminologies équivoques cachant, selon lui, « une volonté manifeste de légitimation ou de requalification de la barbarie dont le peuple burkinabè est victime depuis une décennie ».
Au regard de tous les graves écarts constatés, et pour préserver et renforcer les acquis importants de la coopération entre le Burkina Faso et les Nations Unies, le gouvernement a conclu que la coordonnatrice de du système de l’ONU « n’est plus une interlocutrice crédible » et a décidé de son expulsion du territoire.
Cette évolution tombe alors que le gouvernement burkinabè avait fait part de ses préoccupations récurrentes, dans un courrier adressé fin juillet à la coordination du système de l’ONU. Celles-ci portaient notamment sur le recrutement d’experts internationaux sans concertation préalable avec les structures nationales concernées, la mise à l’écart de l’expertise nationale au profit d’expatriés, même quand des compétences locales existent, ainsi que la suppression prioritaire de postes occupés par des experts burkinabés, en cas de réduction budgétaire.
Pour éviter que ces pratiques n’altèrent le climat de confiance entre le Burkina Faso et le système des Nations Unies, le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, avait appelé à un recentrage axé sur les idées du capitaine Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina Faso. Il s’agit ainsi de prioriser systématiquement l’expertise nationale, de protéger les postes nationaux en cas de réajustement budgétaire, et d’orienter une part considérable des ressources vers la réalisation d’infrastructures à fort impact pour les populations.
Karamoko Jean-Marie Traoré avait souhaité une évaluation conjointe des experts internationaux du système des Nations Unies pour garantir « leur efficacité et leur alignement avec les priorités nationales ».