Israël est un organe autonome issu de l’impérialisme anglo-saxon

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L’imam Khomeiny a parfaitement analysé qu’Israël n’est rien par lui-même, mais est un organe autonome issu de l’impérialisme anglo-saxon.

Thierry Meyssan, écrivain français président-fondateur du Réseau Voltaire dans un entretien avec l’Agence Internationale de Presse coranique a abordé la question du sionisme et ses origines.

1- Comment vous voyez les évolutions du Moyen-Orient ?

Plusieurs événements ont lieu au même moment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais cela ne les rend pas identiques. Les situations des peuples sont extrêmement différentes, aussi bien du point de vue sociologique que politique.

En Tunisie et en Egypte, le département d’Etat souhaitait préserver ses intérêts au-delà de la mort de leurs leaders, Ben Ali et Moubarak. Aussi, a t-il organisé dans ces deux Etats un début de famine en spéculant sur les denrées alimentaires. Simultanément, il avait préparé de jeunes gens pour former des mouvements révolutionnaires libéraux. Il suffisait d’attendre. Les révolutions ont démarré spontanément fin 2010.

En Libye et en Syrie, le département de la Défense avait planifié, dès le 15 septembre 2001, d’aller y faire la guerre. Il n’y a jamais eu de mouvements révolutionnaires dans ces Etats. En Libye, l’Otan a divisé le pays en s’appuyant sur le séparatisme de la Cyrénaïque (qui ne faisait partie de la Libye que depuis les années 50). En Syrie, l’Otan a divisé le pays en communautés religieuses. Mais s’il a été possible de bombarder la Libye et ainsi de la conquérir, cela n’a pas été possible en Syrie.

Au Yémen, on retrouve une situation ancienne qui s’est cristallisée autour des divisions tribales.

Enfin, à Bahreïn, on a assisté à une véritable révolution populaire que personne n’avait planifiée.

Au demeurant, dans tous ces Etats, les gens sont descendus dans la rue et ont pris goût à la politique, c’est nouveau.

2- Quel rôle joue le sionisme dans les pays moyen-orientaux ?

Le sionisme est un projet britannique, élaboré au XVIIe siècle par Lord Cromwell. Il suppose l’extension de la puissance impériale britannique dans le monde en s’appuyant sur la diaspora juive et en lui offrant un Etat échappant au droit international.

Il se trouve que ce projet n’a été réalisé qu’au XXe siècle et que l’Etat juif a été créé en Palestine. Par conséquent, il existe actuellement une confusion au Moyen-Orient entre le problème de l’Etat colonial et anachronique d’Israël et celui du sionisme qui continuerait à exister même si Israël était déménagé sur un autre continent.

L’imam Khomeiny a parfaitement analysé qu’Israël n’est rien par lui-même, mais est un organe autonome issu de l’impérialisme anglo-saxon.

3- Commet vous définissez le rôle d’un guide dans une révolution ?

Certaines révolutions ont été guidées par des personnalités qui se sont abstenues d’exercer directement le pouvoir.

Cependant, le problème actuel n’est pas de savoir si la Révolution iranienne a ou non besoin d’un guide, mais si l’idéal révolutionnaire des peuples du monde en a besoin.

De ce point de vue, deux personnalités exercent ce rôle : Fidel Castro en Amérique latine et l’ayatollah Khamenei au Proche-Orient. Il est pour moi très étonnant qu’elles n’aient pas de liens entre elles.

4- Quelle différence existe-elle entre la révolution islamique d’Iran et celle d’Egypte ?

Il n’y a aucun rapport entre les révolutions en Egypte et en Iran. Et c’est une erreur que d’y voir un même rôle de la religion musulmane. Toutes les deux visent à s’affranchir de l’impérialisme occidental, mais dans des sociétés différentes.

L’islam ne peut constituer un lien entre elles que s’il est interprété au sens d’Ali Shariati, comme une force divine qui transforme les hommes et la société que l’on soit musulman ou non.

5- Pourquoi les révolutions dans les pays moyen-orientaux comme celles d’Egypte et du Libye n’aboutissent pas à une stabilité sociale ?

En Tunisie et plus encore en Egypte, l’instabilité provient de l’imposition d’un gouvernement minoritaire, formé par la Confrérie des Frères musulmans. L’instabilité est plus forte en Egypte car les Frères y sont historiquement plus puissants.

Le problème en Libye est différent (bien que les Frères musulmans y soient également au pouvoir). Il s’agit d’une société tribale et le seul leader reconnu par toutes les tribus a été assassiné. Il ne pourra y avoir de stabilité en Libye que lorsque les tribus auront reconnu un nouveau leader. Ce sera un processus d’au moins une génération.

6- Quels sont les éléments primordiaux pour une révolution populaire ?

La plupart des révolutions ne sont pas populaires. Ainsi celle de 1917 en Russie était l’œuvre d’un tout petit parti qui prétendait être l’avant-garde du peuple. S’il a été capable les premiers mois de soulever le peuple, il s’en est progressivement séparé et a instauré sa dictature.

Pour être populaire, une révolution doit écouter le peuple. Cependant cela n’est possible que lorsqu’un long travail idéologique préparatoire a été accompli. En Iran, il y avait eu de longues années de militance d’Ali Shariati et de l’imam Khomeiny.

7- Comment un guide peut diriger une révolution vers un but défini ?

La force d’un guide vient de ce que chacun reconnaît sa sagesse. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut prévoir, c’est une grâce que l’on reçoit.

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