Un ministre tué le premier janvier 2017

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Un ministre tué le premier janvier 2017

Après des troubles au Gabon, en Gambie et en RDC où le président a fini par renoncer au pouvoir pour un troisième mandat, l'instabilité latente s'étend au Burundi. Au premier jour du nouvel an chrétien, le ministre burundais de l’environnement a été assassiné. 

Ce meurtre est le premier visant un ministre en place depuis que le Burundi a plongé dans une grave crise politique en 2015, comme le précise l'AFP.  Le ministre de l’environnement du Burundi a été tué par balles par un agresseur inconnu, tôt dimanche matin premier janvier dans la capitale Bujumbura, a annoncé la police locale. 

Le ministre burundais de l'Environnement, Emmanuel Niyonkuru (Archives) 

Ce meurtre est le premier visant un ministre en place depuis que le Burundi a plongé dans une grave crise politique dont le scénario est toujours le même : la tentative du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat en 2015 a provoqué les contestations et ce, après un retour à la stabilité en 2015. Selon les chiffres relatés par les médias occidentaux, au moins 500 personnes ont été tuées et 300 000 ont choisi l’exil depuis le début de la crise politique au Burundi en avril 2015. 

Emmanuel Niyonkuru, 54 ans, ministre de l’eau, de l’environnement et de la planification, a été « tué par un homme armé d’une arme à feu, alors qu’il se rendait à son domicile à Rohero, vers 00 h 45 », selon un tweet du porte-­parole de la police, Pierre Nkurikiye, qui a précisé qu’une femme a été arrêtée après cet « assassinat ». 

Pourquoi déstabiliser le Burundi? 

« Pays des Mille et Une Collines» comme on l’appelle, le Burundi est situé au cœur de l’Afrique sur la Crête Congo-Nil, entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Est. Le Burundi est au centre des grandes communautés régionales dont la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), le Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) et l’East African Community (EAC).

Cette intégration confère aux "entreprises occidentales" établies au Burundi un très vaste marché de plus de 450 millions de consommateurs ! Le Lac Tanganyika, deuxième lac le plus profond au monde avec 320.000 km², offre la possibilité de faire de Bujumbura, Capitale du Burundi, un carrefour commercial idéal pour les puissances occidentales au cœur de l’Afrique.

En plus, Bujumbura est facile d’accès à partir de tous les aéroports du monde grâce aux vols réguliers des grandes compagnies aériennes. Dans la sous-région, Bujumbura est située à 25 minutes de vol de Kigali (Rwanda) ; à 1h 30 min de vol de Nairobi et d’Entebbe (Kenya et Ouganda) ; à 2 heures de vol de Serengeti et Zanzibar (Tanzanie).

Tous ces éléments font de ce pays africain une excellente proie pour des convoitises occidentales. 

Un président qui défie l'Occident

Pierre Nkurunziza "a osé" le 18 octobre signer une loi demandant le retrait du Burundi de la CPI. Selon RFI, le gouvernement burundais a affirmé que la cour est un instrument de pays puissants utilisé pour punir les dirigeants qui ne se soumettent pas à l'Occident. Ce discours s'entend plus des dirigeants africains, anciennement alliés de l'Occident et qui tombent les uns après les autres en disgrâce. 

Après le retrait du Burundi de la CPI, l'Union européenne a décidé de sanctionner le pays qu'elle qualifie d'"un des plus pauvres de l'Afrique" et ce sous prétexte d'avoir à "payer les salaires des soldats burundais engagés au sein de l'Amisom". L'organisation européenne qui se dit le premier donateur du Burundi affirme aussi fournir 20% du budget annuel de ce pays africain. Difficile à croire quand on sait à quel point le pays est riche en ressources minières et comment cette richesses arrive enfin sur le marché européen via un vaste réseau de trafic. Le sous-sol burundais regorge de nombreux minerais encore inexploités, notamment le coltan, le nickel, le walframite ou encore l’or.

 

Les soldats burundais de l'Amisom (photo d'archives 2013)

Les entreprises occidentales flairent également une odeur de pétrole dans ce pays qui ne compte, pour le moment, que sur le seul café comme principale source de devises fortes à l'exportation. 

Et l'avenir? 

Les sanctions européennes qui frappent le Burundi n'ont pas réussi à faire plier le président Pierre Nkurunziza qui a plutôt multiplié les gestes de défi.

L'Union européenne multiplie donc de son côté les tours de vis. En octobre 2016, l'Europe a donc décidé de canaliser l'argent destiné au contingent burundais au sein de l'AMISON. L'objectif avoué est de trouver un moyen de payer directement les soldats burundais, sans passer par leur gouvernement burundais. Ultime mépris pour la souveraineté d'un Etat africain. Entre-temps, le contingent burundais n'a pas été payé depuis 9 mois.

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