Pourquoi Ankara s'est excusé vite auprès de l'Iran après l'avoir accusé ?

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Pourquoi Ankara s'est excusé vite auprès de l'Iran après l'avoir accusé ?

Le rédacteur en chef du journal Raï al-Youm vient d’écrire un article consacré aux récentes accusations portées par Ankara à l’encontre de Téhéran, selon lesquelles Téhéran attiserait des guerres confessionnelles dans la région.

Voici en résumé les propos d’Abdelbari Atwan :

Eu égard au fait que le président et le ministre des Affaires étrangères de la Turquie ont été amenés à s’excuser moins d’une semaine après qu’ils eurent adressé les pires accusations à Téhéran, on est en droit de s’interroger sur la politique adoptée par ce pays.

Excuses prévisibles et changements de position récurrents

Ces excuses étaient prévisibles et l’on s’y attendait parce qu’Ankara a l’habitude d’agir de la sorte, du moins depuis 6 années. Ankara a déjà été amené à s’excuser auprès de Moscou et de Tel-Aviv. Ankara a fermé les yeux sur la situation palestinienne pour simplement avoir des relations stratégiques avec le régime israélien. Le pire est qu’Ankara s’excuse immédiatement après avoir fauté. Et c’est là qu’on se demande : mais pourquoi ?

Visite prévue en Iran

Une prochaine visite en Iran d’Erdogan ou de Cavusoglu pourrait être la cause des plates excuses adressées à Téhéran sitôt prononcées les accusations contre les autorités iraniennes.

Cavusoglu a déclaré à la chaîne d’information iranienne IRINN : « Nous n’oublierons jamais le soutien de Téhéran durant la période du coup d’État manqué. Il existe de nombreux points d’intérêts communs entre les nations iranienne et turque, favorisant un développement de relations fraternelles entre nos deux pays. »

Et, il semble que Cavusoglu fasse allusion à une prochaine visite de lui-même ou d’Erdogan en Iran lorsqu’il parle d’échanges plus soutenus et de malentendus à éviter. 

Le ton franc et sévère du ministre iranien des Affaires étrangères

Zarif a répondu aux autorités turques qu’elles avaient la mémoire courte et qu’elles accusaient Téhéran de causer des tensions entre sunnites et chiites dans la région alors que c’est Téhéran qui a conseillé jusqu’au petit matin Ankara, le soir du putsch manqué. Et ce, alors même que la Turquie n’est pas un pays musulman à majorité chiite.

La mémoire courte des autorités turques ?

En effet, les autorités turques ont une mémoire courte et elles sont en plus coupables d’ingratitude.

La Turquie suscite des guerres tribales et il ne faut pas non plus oublier ses ingérences dans les affaires intérieures de la Syrie, son occupation du sol syrien en alléguant le motif fallacieux de vouloir créer une zone sûre.

Décrédibilisation du pouvoir turc

Et malheureusement, en adoptant des politiques fluctuantes et éphémères, le pouvoir turc se décrédibilise aux yeux du monde entier, qui doit se demander pourquoi Ankara attaque un chasseur russe alors qu’il va falloir s’excuser auprès de Moscou pour éviter de grandes tensions, voire des sanctions économiques. Pourquoi, les Turcs fustigent-ils Téhéran et présentent-ils de sincères excuses aux autorités iraniennes à peine prononcées leurs phrases virulentes ?

L’art de se faire des ennemis

Les Turcs sont en effet devenus maîtres en la matière et l’on peut dire qu’il y a désormais toute une rangée d’« ennemis » à leurs portes.

Ils sèment la discorde autour d’eux et ils perdent leurs amis.

Les Taliban sont installés à leurs frontières et l’économie turque, dont les responsables du pays disaient qu’elle était la plus florissante de la région, voire du monde, est tout simplement en train de s’effondrer en ce moment.

Les touristes ont déserté les hôtels turcs et la monnaie du pays ne cesse de se déprécier. Et en dépit de tout cela, on a l’impression que les responsables turcs ont organisé une course entre eux. C’est à qui fustigera le plus vite un pays voisin et à qui fera perdre le plus vite un ami à la Turquie.

L’espoir qu’elle a placé dans le nouveau président américain, cette personnalité anti-musulmane, est un espoir vain.

Se mettre à dos l’Iran, la Chine et la Russie n’est pas non plus très intelligent.

La Turquie sera d’autant plus forte si elle entretient de bonnes relations avec ses voisins.

La Turquie devrait retourner à la politique de sa civilisation ancestrale, qui était fondée sur la coexistence entre les ethnies et les religions. Des politiques contraires causeront à terme un renversement du régime, une guerre civile et un effondrement économique du pays.

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