Cisjordanie : fin de l’état de grâce pour Israël

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Cisjordanie : fin de l’état de grâce pour Israël

Le rabbin Raziel Shevah a été tué le mardi 9 janvier au soir alors qu’il circulait dans sa voiture près de Havat Gilad, en Cisjordanie. En moins de 40 secondes, 22 balles ont donc été tirées contre sa voiture sans que les forces de sécurité israéliennes puissent mettre la main sur les « assaillants ». Depuis, les forces spéciales du régime israélien procèdent à des recherches « intensives » dans le secteur où a eu lieu l’attaque, selon un communiqué de l’armée. 

DEBKAfile, site proche du renseignement israélien, revient sur cette fusillade qui a fait voler en éclats en 40 secondes le concept même de « surveillance sécuritaire » en Israël. 

Mais qui est Raziel Shevah ?

Rabbin extrémiste, Shevah a été l’un des fondateurs de la colonie Havat Gilad, colonie implantée à l’ouest de Naplouse et qui empiète sur les terres du village palestinien de Tell. Shevah n’hésitait pas à appeler au meurtre des Palestiniens, allant même jusqu’à recommander à ses héritiers d’enterrer son corps dans le village palestinien, ce qui ne pourra plus être le cas, vu la panique qu’a provoquée sa mort au sein des colons israéliens. 

DEBKA souligne comment une armée de forces spéciales — caméras nocturnes, ballons de surveillance, drones de reconnaissance et chiens renifleurs à l’appui — s’est lancée dans les recherches pour trouver les assaillants et comment ces recherches se sont avérées parfaitement stériles. 

Face à la panique des colons, la sécurité israélienne multiplie excuses et justifications. DEBKA affirme : « L’appareil sécuritaire dispose d’informations qui confirme le caractère prémédité de l’attaque et la volonté palestinienne d’avoir recours à une action armée. Selon ces informations, les cellules palestiniennes s’activent en Cisjordanie pour se lancer dans une lutte armée. Il s’agit d’individus formés et entraînés qui savent tirer sur des véhicules en mouvement et manier des armes de combat ». 

Une chose est sûre : depuis la fusillade du 9 janvier et la « disparition dans la nature de ses auteurs », les colons sont dans tous leurs états : le chef d’état-major israélien s’est même rendu sur les lieux de l’attaque pour rassurer la population, décrétant un périmètre de sécurité dans la zone et intimant à ses soldats de se tenir en état d’alerte permanent pour éviter que le scénario ne se reproduise à l’avenir. Mais Gadi Eizenkot n’est plus trop sûr de ce qui pourrait se reproduire dans les jours ou les semaines qui viennent. 

L’attaque a eu lieu à peine quelques jours après que la Knesset a voté une loi permettant l’exécution des candidats aux opérations martyres, soit ces Palestiniens qui, excédés par les crimes d’Israël, renoncent à leur vie pour nuire à l’occupant. Ce qui inquiète particulièrement l’armée israélienne, c’est que la fusillade s’est produite dans une zone soumise à d’intenses patrouilles militaires, zone particulièrement fréquentée. Pis, la sécurité israélienne ne cessait ces derniers temps de se montrer rassurante, affirmant aux colons qu’ils sont partout en sécurité. 

Selon DEBKA, « l’appareil sécuritaire israélien » vient d’être cruellement mis à l’épreuve des faits et ne parvient pas à s’en sortir. Mais ce n’est pas tout, car l’attaque de Havat Gilad « a fait voler en éclats la stratégie qui justifie l’existence même de l’appareil sécuritaire israélien ». Et le rapport de conclure : « Une cellule du Tanzim, la branche armée du Fatah, serait soupçonnée d’avoir mené cette attaque à l’arme automatique. Le modus operandi constitue une preuve claire qu’il s’agit d’une attaque professionnelle, précise et bien planifiée par une équipe bien entraînée. C’était le premier incident, depuis des années, dans lequel ont été utilisées des armes automatiques classiques plutôt que des armes improvisées ». Israël va avoir du pain sur la planche. 

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