Pourquoi la Syrie est-elle la ligne rouge pour l'Iran?

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Pour mieux comprendre les différents aspects stratégiques des liens entre l’Iran et la Syrie, il faut, d’abord, remonter aux origines de leurs relations.

Dès l’indépendance de la Syrie, l’Iran a reconnu le gouvernement syrien et les deux pays ont toujours exprimé leurs intérêts réciproques, pour établir des relations amicales. Pourtant, il fallait attendre le début des années 1970, pour que Téhéran et Damas puissent développer des liens diplomatiques et politiques. La visite, à Téhéran, de l’ancien président syrien, Hafez Assad, en 1975, fut un tournant important, dans les relations entre les deux pays. Pourtant, avant la victoire de la Révolution islamique de 1979, en Iran, ces relations étaient en proie à différents défis dus aux relations du régime du Shâh avec israël, aux prises de position anti-arabes de Téhéran, ainsi qu'aux distances entre la Syrie et l’Occident.

Les relations des deux pays se sont développées, après la victoire de la Révolution islamique, en Iran. Depuis trois décennies, malgré des divergences de vue, sur certaines questions, Téhéran et Damas ont toujours eu de très bonnes relations. En ce qui concerne l’Iran, ce pays a obéi, pendant toutes ces années, à une logique réaliste, pour développer ses liens avec Damas, dans le cadre de ses intérêts nationaux :

1-Malgré toutes les pressions régionales et internationales, la République islamique d’Iran a toujours essayé d’établir des liens stratégiques avec les acteurs régionaux. Le rapprochement stratégique avec la Syrie en est un bon exemple. En effet, la promotion des coopérations stratégiques avec Damas a été, sans doute, l’un des facteurs indéniables du progrès des approches politiques et sécuritaire de l’Iran, dans la région. En effet, les deux pays ont toujours développé leurs relations bilatérales, en fonction des réalités de la région et de leurs besoins, de part et d’autre.

2-La situation géopolitique de la Syrie a fait de ce pays un acteur important de toutes les équations régionales. De sorte que certains analystes surnomment la Syrie «le plus grand petit pays du monde».

3-Après la victoire de la Révolution islamique de 1979, en Iran, surtout, après la guerre de huit ans que le régime déchu de Saddam Hussein avait imposée à l’Iran, un climat tendu s’était créé, dans la région, suggérant une rivalité entre l’iran et ses voisins arabes. Les relations étroites entre l’Iran et la Syrie ont permis à Téhéran de contenir ce climat.

4-En ce qui concerne la question de la Palestine, la République islamique d’Iran avait besoin d’un allié régional, pour compenser son éloignement géographique, par rapport aux territoires occupés de la Palestine.

5-Pour pouvoir mieux défendre les intérêts de la communauté chiite du Liban, l’Iran avait encore besoin de ses liens avec la Syrie, compte tenu du rôle important que Damas a toujours joué, dans les évolutions libanaises.

Il est, donc, évident que ce qui se passe, aujourd’hui, en Syrie, a, directement ou indirectement, des effets indéniables sur les intérêts nationaux de la République islamique d’Iran, car la Syrie joue le rôle de pont entre Téhéran et le front de la résistance anti-sioniste. C’est dans ce contexte que Téhéran annonce, explicitement, que la Syrie constitue la ligne rouge de sa sécurité nationale.

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