Dialogue US avec l'Iran : Quels objectifs?

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Le dialogue américano-iranien aura-t-il lieu ?

La proposition de dialogue direct avec l'Iran, élaborée, ces dernières semaines, par les responsables washingtoniens, mais aussi et surtout, la réaction du Guide suprême de la Révolution islamique et d'autres responsables du pays à cette proposition, ont été, largement, répercutées, au niveau des milieux politiques et médiatiques, régionaux et mondiaux. Différents médias du monde ont élaboré, chacun leur propre analyse, à ce sujet. Mais la question essentielle est de savoir quels objectifs poursuivent, vraiment, les Américains, au travers de cette proposition ? Les Américains recherchent-ils, véritablement, des négociations directes avec l'Iran, et si, une fois leur proposition acceptée par les Iraniens, peut-on se permettre d'être optimiste ? Ou peut-être, encore, les Américains ne sont pas si sérieux avec cette proposition ? Et si c'est le cas, quels objectifs recherchent-ils au travers de cette proposition ?

Les relations irano-américaines ont été, depuis la victoire de la Révolution islamique, une question importante, dans le débat politique de la région, la RII étant un pays puissant et déterminant, dans le monde. Malgré des hostilités contre l'Ordre islamique, le gouvernement américain a toujours cherché à établir des relations directes avec l'Iran, dans l'espoir de pouvoir exploiter la diplomatie, sans abandonner les pressions sur la RII, en vue de faire avancer ses objectifs. Suite à la prise de son ambassade, à Téhéran, qui leur servait de nid d'espionnage, les Etats-Unis ont rompu leurs relations avec l'Iran et gelé les avoirs iraniens, sur leur sol. Pourtant, l'établissement de liens directs avec Téhéran a, toujours, été, au centre du débat politique, à l'intérieur des Etats-Unis, compte tenu des évolutions survenues, plus de 3 décennies durant, à l'échelle régionale et internationale. La question des négociations directes entre l'Iran et les Etats-Unis a été, ainsi, élaborée, dans les milieux politiques et médiatiques, alors que les campagnes malveillantes des Etats occidentaux n'ont pas cessé, tout en alimentant, en même temps, le doute et le pessimisme, autour de l'affaire nucléaire iranienne. Bien qu'ils aient été, eux aussi, présents, dans le cadre des négociations, entre l'Iran et les 5+1, les Américains se sont toujours montrés intéressés par un dialogue direct avec le pays. Leur stratégie consiste, donc, à accuser, d'une part, l'Iran, au terrorisme, à la violation des droits de l'Homme et à la prolifération des armes atomiques et ADM, et à parler, d'autre part, du dialogue et des négociations, comme quoi ils ne cherchent, nullement, l'option militaire.

Au cours de ces 34 ans, qui ont se sont écoulés, depuis la victoire de la Révolution islamique, les Américains n'ont pas manqué de parler, de temps à autre, des négociations avec l'Iran ; par leur attitude, ils ont, pourtant, montré qu'entre leurs actes et leurs paroles, il y avait un gap énorme. Par leur politique de la carotte et du bâton, les Etats-Unis ont témoigné d'un comportement des plus hostiles envers le peuple iranien. Par leur politique de ruse, ils font subir des pressions politiques et économiques sur ce peuple.

Parler du dialogue avec l'Iran n'empêche, pourtant, pas les responsables US d'appliquer des sanctions contre l'Iran. Un nouveau train de sanctions s'est appliqué contre l'Iran, 3 jours après que le vice-Président iranien, Joe Biden ; eut évoqué, devant la Conférence sécuritaire de Munich, la demande washingtonienne d'entrer en pourparlers directs avec Téhéran. L'article 1 de ce nouveau tour de sanctions visait à réduire les capacités iraniennes, en matière d'exportation de pétrole, de façon à empêcher le pays de pouvoir empocher, à compter du 6 février, ses revenus pétroliers. L'article 2 des sanctions permettait au département américain au Trésor, de bloquer les biens de quiconque aide l'Iran à acquérir les métaux précieux. Le fait que d'un côté, les Etats-Unis expriment, de temps à autre, une volonté de dialoguer avec l'Iran, et de l'autre, resserrent l'étau autour de l'Iran, devrait nous faire penser au maillon manquant, dont ont parlé le Guide suprême de la révolution islamique et d'autres responsables iraniens. En réaction à la demande américaine, en faveur du dialogue, le Guide suprême de la Révolution islamique, l'Ayatollah Ali Khamenei, a réitéré que la première condition, en parlant du dialogue entre l'Iran et les Etats-Unis, est la bonne foi, que l'on ne remarque, ni dans la demande élaborée, aujourd'hui, par les Américains, ni dans leur comportement du passé. Elaborer cette demande serait, donc, à elle seule, une tactique trompeuse, aux objectifs particuliers.

«Suivant les normes des Etats-Unis et des puissances hégémoniques, le dialogue veut dire : allez ! Négocions, pour que vous acceptiez ce que nous vous disons...comme quoi c'est l'objectif même du dialogue : venez négocier, et l'objectif de ce dialogue, c'est que vous acceptiez ce que vous n'acceptiez pas avant...» Et pour mieux expliquer l'objectif des Américains au travers cette proposition, le Guide suprême de la Révolution islamique continue en ces termes : «Allez ! Négocions, pour persuader l'Iran d'arrêter l'enrichissement de l'uranium. C'est ça, l'objectif. Ils ne disent pas : négocions, pour que l'Iran avance ses arguments, pour que nous abandonnions nos pressions, au sujet de l'affaire nucléaire, mais aussi, des ingérences politiques et sécuritaires, et autres..., ils disent : négocions, pour que l'Iran accepte ce que l'on dit !». L'Ayatollah Khamenei a, aussi, élucidé la condition sine qua non d'un tel dialogue, en affirmant que «les Américains doivent prouver leur bonne foi et montrer qu'ils ne cherchent pas à imposer leur diktat. S'ils le font, ils verront que la nation iranienne y répondra». Les Américains chercheraient, ainsi, à séduire, par cette diplomatie, les Iraniens ; or, tant que la politique annoncée révèlera des différences fondamentales par rapport à la politique appliquée, il sera normal que la société et les responsables politiques iraniens ne puissent pas faire confiance à la littérature diplomatique états-unienne.

La politique washingtonienne appliquée envers l'Iran consiste, de nos jours, à menacer, à freiner, à sanctionner et, à la fois, à inciter. Cela montre que l'approche états-unienne n'est pas destinée à résoudre l'affaire. Cela explique, aussi, la complication de la donne irano-américaine ; or, les responsables américains parlent de paix, de négociation et de coopération, alors que la politique qu'ils appliquent autorise différentes formes de pressions politiques et de sanctions économiques, et parfois même, des menaces de guerre. C'est dans ce contexte que les leaders politiques, en Iran, analysent le discours américain, en faveur de la paix et de la réconciliation, dans la perspective des phénomènes historiques. L'histoire montre qu'à chaque fois que les acteurs diplomatiques et exécutifs des pays, comme les Etats-Unis ou la Grande Bretagne, ont abusé de sanctions renforcées, leur objectif ultime a été le renversement politique. C'est, donc, normal que n'importe quel pays qui fasse preuve de résistance, face aux menaces implicites ou explicites des puissances internationales, offre un parfait modèle de résistance, dans le monde. Dans l'optique du Guide suprême de la Révolution islamique, la promesse, même, de lever les sanctions, une fois, commencées les négociations directes, aurait, pour but, de renforcer, auprès des Iraniens, l'enthousiasme d'entrer en dialogue avec Washington ; «Parce qu'ils croient que le peuple iranien est accablé, à cause des sanctions, que tout est chamboulé, que nous allons leur demander de négocier et de lever le boycott». L'Ayatollah Khamenei a, également, affirmé qu'il voyait une opportunité dans les pressions et sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés. «Nous avons expérimenté. Nous avons essayé. Nous avons résisté 30 ans, face aux pressions américaines, et nous sommes parvenus là où nous sommes, aujourd'hui. Il y a, quand même, des nations qui se sont inclinées, face aux Etats-Unis. Mais la résistance ne nous a apporté que du bien. La résistance réhabilite et fait fonctionner les forces internes d'une nation. Ces mêmes sanctions qu'ils nous imposent finiront par aider le peuple iranien et le feront parvenir, grâce à Dieu, à la croissance et à l'épanouissement. Et ça, c'est une question importante», comme l'a judicieusement fait remarquer le Guide suprême de la Révolution islamique.

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