L'empire de l'homme de fer du Kremlin: Fin d'un rêve ?

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la crise économique plane sur le rêve de l'empire de l'homme de fer du Kremlin, Vladimir Poutine.  Tous les communiqués, émis par les parties officielles témoignent de la baisse de la croissance économique du pays et ce à telle enseigne que les prévoient, dans le meilleur cas, une croissance de 2.4% d'ici la fin de l'année en cours. Le taux de la croissance industrielle se chiffrera à 1.4% et le taux d'investissements baissera, considérablement. Ce, alors que la croissance économique de la Russie était de l'ordre d'environ 7%, en 2007, dernière année du deuxième mandat de Vladimir Poutine. Ce chiffre est tombé, en raison des effets de la crise économique mondiale, à 3.4, en 2012. De nombreux experts russes estiment que l'économie russe risque d'entrer dans une étape de récession économique dite « la récession dure à l'inflation », période qui sera marquée par la baisse considérable de la croissance économique et la hausse vertigineuse de l'inflation. De même, selon les prévisions, cela affectera, considérablement, les revenus pétroliers et gaziers, principale source du budget du pays, revenus qui sont passés, de 30% à 50%, dans les années allant de 2004 à 2013. Donc, si cette tendance se confirme, le Président russe, Vladimir Poutine risque de ne pas pouvoir tenir ses promesses en matière de croissance économique et de programmes sociaux. Autrement dit, on pourrait aller vers la fin de l'exemple du « pays de rêve », en Russie.

C'est dans la foulée de cette évolution économique, qui était, semble-t-il prévisible pour Poutine, que Tsar de l'époque contemporain de la Russie a brigué le troisième mandat afin de sauver le pays de la crise économique qui l'attendait. C'est pour cette raison qu'il a désigné, fin juin 2013, Alexeï Oulioukaev, en tant que nouveau ministre de l'économie. Il a succédé à Andreï Beloussov. Ce dernier a été désigné comme conseiller économique du Président. Beloussov était partisan de l'intervention de l'état dans l'économie. Il a assuré cette fonction, pendant un peu plus d'un an, tandis que le nouveau ministre de l'économie est favorable au marché libre et ne croit pas tellement en l'intervention de l'état dans les activités économiques. Il compte, également, au premier rang des figures de l'équipe des libéraux de la nouvelle Russie. Sous la présidence, Eltsine, il était conseiller économique du gouvernement et il a jouté un rôle important dans l'orientation des nouvelles politiques du pays en matière d'économie, dans les années 90, qui ont laissé des impacts très négatifs sur l'économie et la société russes. Dans sa première déclaration en qualité de nouveau ministre de l'économe ; Alexeï Oulioukaev a déclaré que sa priorité consistait à créer un climat convenable pour attirer les investissements dans le secteur privé avec pour objectif d'endiguer la baisse de la croissance économique. De nombreux experts voient en retour d' Alexeï Oulioukaev, le retour de l'équipe des libéraux au pouvoir et sur la scène de l'économie traditionnelle. A rappeler qu'avant la décision de Poutine de changer son ministre de l'économie, il y avait un débat houleux, au Kremlin, sur la politique à suivre pour freiner la baisse de la croissance économique, en Russie. A ce propos, Andreï Beloussov insistait sur la nécessité de gros investissements du gouvernement dans les grands chantiers d'infrastructures, thèse, rejetée, catégoriquement, par l'équipe des libéraux de l'actuel gouvernement, conduit par Dimitri Medvedev. Il avait proposé, également, la libéralisation du taux de la monnaie nationale (Rouble), étant un handicap à la baisse de la croissance économique, idée qui a suscité de nombreuses oppositions. En janvier dernier, Vladimir Poutine a reconnu que la baisse de la croissance économique était très coûteuse pour le gouvernement. Sont nombreux les analystes qui n'écartent pas la possibilité de voir la nouvelle équipe économique du pays, répéter l'expérience des années 90, d'autant plus que la nouvelle équipe croit, essentiellement, au marché de libre-échange et à l'augmentation de la quantité de la liquidité en proportion aux besoins sociaux. Ce, alors que la Chambre des représentants russes (la Douma), a adopté, début juillet 2013, la loi d'amnistie pour les délits économiques et financiers voulue par le président Vladimir Poutine pour améliorer le climat des affaires dans le pays. Le texte, qui pourrait concerner des milliers de personnes, a été approuvé en troisième lecture avec 298 voix pour et une abstention. Il doit être validé par la chambre haute puis promulgué par Vladimir Poutine. Le chef de l'État russe avait demandé fin juin au Parlement de voter une telle loi, dans le cadre d'une série de mesures destinées à favoriser les investissements à un moment où la croissance économique du pays a fortement ralenti. L'amnistie ne concernera en outre que les personnes condamnées pour la première fois, ce qui devrait exclure l'ex-patron du pétrolier Ioukos emprisonné depuis 2003, Mikhaïl Khodorkovski, condamné à deux reprises. Le PC a évoqué une trop grande "subjectivité" dans l'application de l'amnistie, alors que le LDPR de Vladimir Jirinovski, adepte des provocations verbales, a proposé que les bénéficiaires remis en liberté soient contraints de s'installer en Extrême-Orient. Ce serait la seule manière, selon lui, d'assurer "l'augmentation de la population dans ces régions". L'un des aspects les plus débattus de la loi concerne l'obligation de payer des dommages aux victimes.

Certains députés ont estimé qu'il s'agissait d'un privilège accordé aux plus riches pour échapper à la prison. On peut aussi y voir une sorte de double peine, lorsque les condamnés sont des entrepreneurs honnêtes victimes d'une expropriation, avec la complicité de tribunaux poreux à la corruption. "Si une personne a effectivement volé, elle devra payer les dommages. C'est une bonne chose, dit Lioudmila Alexeïeva, célèbre militante à la tête du Groupe Helsinki de Moscou. Mais beaucoup de businessmen sont emprisonnés non pas parce qu'ils ont volé, mais parce qu'on leur a arraché leur entreprise. Devront-ils en plus payer pour être relâchés ?"

Par ailleurs, la Russie a annoncé, pour la première fois, le niveau de ses réserves en pétrole et en gaz avec pour objectif d'attirer les investissements étrangers dans le secteur de l'énergie, la chose qui était considérée, dans le passé, comme étant confidentielle, sur quoi, personne ne disposait des informations précises. Selon les chiffres, récemment, fournis par le gouvernement russe, le volume de ses réserves en pétrole et en gaz. Selon ces chiffres, les réserves en pétrole du pays s'estiment à 17.8 milliards, chiffre auquel il faut additionner 10.9 milliards de réserves pétrolières éventuelles. De même, les réserves prouvées et éventuelles du gaz naturel sont estimées, respectivement, à 48.8 et 19.6 milliards de dollars. Cependant, ce chiffre pourrait, indiquent de nombreux analystes, ne pas être attrayant pour pouvoir attirer les sociétés mondiales actives dans le secteur de l'énergie, car la définition de Moscou en matière d'évaluation de ses réserves en pétrole et e, gaz est différente des définitions internationales. Le gouvernement russe procède à l'évaluation du volume de ses réserves en pétrole et en gaz sans prendre en compte les profits et les préjudices d'extraction, tandis que le critère international tient compte des frais d'extraction dans l'évaluation des réserves d'énergie. C'est pourquoi le chiffre fourni par la Russie est supérieur à celui des instances internationales. Selon les estimations internationaux, les réserves pétrolières de la Russie sont de l'ordre de 11.9 milliards de tonnes et non pas 17.8 milliards de tonnes.

La tentative de Vladimir Poutine de sauver l'économie du pays et d'éviter l'entrée dans l'étape du marasme économique, l'a poussé à opter pour une politique, lui permettant de tenir ses promesses, faites, lors de son retour au Kremlin, en 2012. Il avait dit vouloir doper les revenus sociaux. Mais, le recours à la politique en matière économique risque d'être en porte-à-faux avec les promesses qu'il avait faites aux citoyens russes, une qui question qui pourrait servir d'un prétexte aux opposants politiques de monter la société civile contre lui.

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