Pourquoi l’Imam Ali (paix sur lui) a-t-il patienté tandis que l’Imam al-Hussein (paix sur lui) s'est sacrifié ?

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Pourquoi l’Imam Ali (paix sur lui) a-t-il patienté tandis que l’Imam al-Hussein (paix sur lui) s'est sacrifié ?

Au nom d’Allah le Très Miséricordieux le Plus Miséricordieux

*Pourquoi l’Imam Ali (paix sur lui) a-t-il patienté tandis que l’Imam al-Hussein (paix sur lui) s'est sacrifié ?*

_L’Imam Ali (paix sur lui) a prêté allégeance et a accepté la paix lorsqu’il n’a trouvé aucun soutien en disant : « J’ai regardé autour de moi et je n’ai trouvé ni appui, ni défenseur, ni aide, si ce n’est les membres de ma famille. Et je les ai épargnés de la mort, alors j’ai fermé les yeux sur la poussière (de l’injustice), et j’ai avalé ma salive malgré l’amertume. »_
_Ici, un infaillible a épargné les siens de la mort. Là-bas, le troisième infaillible (al-Hussein, paix sur lui) a emmené les siens vers la mort._
_Lequel des deux a donc pris la bonne décision ?_

Les deux imams ont pris la bonne décision  car chaque Imam a agi selon son devoir divin et les circonstances de son époque. Il n’y a aucune contradiction entre la position de l’Émir des croyants Ali (paix sur lui) et celle de l’Imam al-Hussein (paix sur lui). Chacun d’eux a agi avec une sagesse propre, dictée par la nature de la période qu’il a vécue.

Cela ressemble à ce que nous avons déjà évoqué au sujet de la trêve de l’Imam al-Hassan (paix sur lui) et du soulèvement de l’Imam al-Hussein (paix sur lui), où certains s’imaginent à tort qu’il y a une contradiction. En réalité, la différence de position découle de la différence des circonstances et des contextes historiques, et non d’une divergence dans la vision ou dans l’objectif.

Lorsque l’Imam Ali (paix sur lui) constata que les gens l’avaient abandonné après l’événement de Saqîfa et qu’il n’avait plus de soutien, il comprit qu’un affrontement n’aboutirait à rien, sinon à la perte de lui-même et des membres de sa famille, sans aboutir à un objectif réformateur. Il fut donc contraint de patienter, afin de préserver l’islam ainsi que les membres de la famille prophétique, qui avaient un rôle futur à jouer dans la continuité du message et a exprimé cela en ces termes : « J’ai regardé autour de moi et je n’ai trouvé ni appui, ni défenseur, ni aide, si ce n’est les membres de ma famille. Et je les ai épargnés de la mort, alors j’ai fermé les yeux sur la poussière (de l’injustice) et j’ai avalé ma salive malgré l’amertume. » [Nahj al-Balâgha, sermon 26].
Il a également expliqué sa position dans son célèbre sermon « al-Chaqshaqiyya », en disant : « Je me suis mis à réfléchir : devais-je attaquer avec une main coupée, ou bien patienter face à une obscurité aveugle, où le vieillard devient faible, où l’enfant blanchit avant l’âge, et où le croyant peine jusqu’à rencontrer son Seigneur ? J’ai jugé que la patience, face à cela, était la plus sage des deux options. J’ai donc enduré, l’œil plein de poussière, la gorge nouée d’amertume, tandis que je voyais mon héritage se faire piller… » [Nahj al-Balâgha, sermon 3].

Ce texte montre clairement que l’Imam Ali (paix sur lui) était pleinement conscient que le recours à l’affrontement armé à cette période n’aurait pas contribué à la protection de l’islam. Au contraire, cela aurait pu provoquer un grave désordre menaçant l’avenir même de la religion, sans parler du risque d’extermination des membres de la famille prophétique (paix sur eux), sans aucun résultat positif. Il a donc préféré la patience et a adopté une voie politique visant à assurer la préservation et la continuité de la religion.

Cette position est également confirmée par ce qu’il a écrit dans sa lettre à ses compagnons, lorsqu’ils l’ont appelé à se soulever contre Mu‘âwiya après l’arbitrage. Il leur dit : « Après vous avoir lus, j’ai reçu vos lettres et compris les propos de ceux d’entre vous que j’ai rencontrés. Vous êtes venus avec l’intention de partir à l’assaut de votre ennemi. J’ai jugé préférable d’attendre, jusqu’à ce que la situation se stabilise et que le nombre (des combattants) soit complet. » ([Nahj al-Balâgha, lettre 28].
Cela montre que l’Imam savait exactement quand il fallait agir et quand il fallait patienter, et que chaque initiative nécessitait des circonstances appropriées pour atteindre les objectifs escomptés.

Concernant l'Imam Al-Hussein (paix sur lui), il a fait face à une situation totalement différente. La religion était en danger existentiel, et la communauté musulmane était asservie par les Omeyyades. Le serment d'allégeance à Yazid signifiait l'anéantissement de ce qui restait de l'Islam authentique. Dans ce contexte, son devoir était de se soulever, sachant que son sang et celui de sa famille réveilleraient la communauté et exposeraient l'injustice. C'est exactement ce qui s'est produit : son soulèvement a été l'étincelle qui a bouleversé l'équilibre du pouvoir des Omeyyades et a rendu à la communauté sa conscience.

Ainsi, l'Imam Ali (paix sur lui) a protégé les membres de sa famille pour préserver leur existence en vue de l'avenir, tandis que l'Imam Al-Hussein (paix sur lui) a offert les siens pour qu'ils deviennent des flambeaux de guidance et de salut pour la communauté.
Tous deux ont agi conformément à l'intérêt divin suprême : à l'époque du premier, cela exigeait la patience et la préservation des survivants, tandis qu'à l'époque du second, cela nécessitait le sacrifice ultime.

Ainsi, chaque Imam a eu son rôle dans la préservation de l’Islam : là où la sagesse exigeait la patience, l’Emir des Croyants (Ali) a patienté, et là où l’intérêt suprême réclamait le sacrifice, Al-Hussein et sa famille se sont immolés. Tous deux ont été les maillons d’un même combat, celui de la renaissance de la communauté.

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