
تقي زاده
Mois de Rabiol-awal, le mois de la réjouissance et de la joie du Prophète (s), sa famille et ses compagnons
Le Grand Prophète, Muhammad (صلی الله علیه و آله) vers la fin de sa vie noble.
Le Messager de Dieu (P) fut tout fait de lumière, tout fait de bien, tout fait de clémence et tout fait de message et de bons caractères inégalables. Il était la lumière qui éclairait les raisons des hommes par le Message et leur vie par la loi, et qui ouvrait leurs cœurs vis-à-vis de Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire. Dieu, le Très-Haut, dit dans Son Noble Livre : ((Nous ne t’avons envoyé que par miséricorde pour les univers)) (Coran XXI, 107).il a durant toute sa vie, été tellement éprouvé, lui qui a dit : « Aucun prophète n’a été maltraité comme je l’ai été moi-même ».
Dieu, le Très-Haut, dit : ((Muhammad n’est qu’un messager, -des messagers avant lui ont passé. S’il mourrait donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talents ? Quiconque retourne sur ses deux talons ne saura faire à Dieu le moindre mal, tandis que Dieu bientôt rétribuera les reconnaissants)) (Coran III, 144).
Dieu, le Très-Haut, dit : ((Muhammad n’est qu’un messager, -des messagers avant lui ont passé. S’il mourrait donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talents ? Quiconque retourne sur ses deux talons ne saura faire à Dieu le moindre mal, tandis que Dieu bientôt rétribuera les reconnaissants)) (Coran III, 144).
Dieu, le Très-Haut, a donc affirmé dans ce Verset que le Prophète (P) meurt, mais le Message continue d’exister et que les Musulmans devraient assumer la responsabilité du Message, qu’ils devraient croire au Message, agir pour le Message et appeler les hommes à adhérer au Message.
On sait que le Prophète (Psl) était tombé malade vers la fin de sa vie. Il s’était présenté à la mosquée avec la tête bandée tellement il souffrait. Comme il était faible, il s’appuyait du côté droit sur le Commandeur des croyants, ‘Alî Ibn Abû Tâlib (p) et, du côté gauche, sur al-Fadl Ibn ‘Abbâs(Ra). Monté à la tribune, le Prophète (Psl) a dit : « O gens ! Je ne tarderai pas de vous quitter. Que celui à qui j’ai promis quelque chose vienne pour que je le lui rende. Que celui à qui je dois quelque chose vienne pour me le dire. O gens ! Personne n’a auprès de Dieu quelque chose d’autre que l’action ».
« O gens ! Ne prétendez à rien et ne souhaitez rien. Car, par Dieu qui m’a envoyé par la vérité comme prophète, rien ne me sauvera qu’une action de compassion. Si je désobéis je serais perdant. Ai-je communiqué mon message ? Seigneur ! Sois-en témoin ».
Fâtima az-Zahrâ’ (p) était venue voir le Prophète (P) juste avant sa mort. Il l’a alors couvée de ses bras et, lui chuchotant quelques mots, elle s’est mise à pleurer. Il l’a couvée une seconde fois et là, elle s’est mise à sourire. L’assistance lui a demandé de l’informer sur ce qui se passe mais elle a refusé de dévoiler le secret que le Messager de Dieu (P) lui a communiqué. Elle ne l’a dévoilé qu’après sa mort en disant : « Quand il m’a couvée, la première fois, il m’a dit qu’il allait mourir, et c’est alors que j’ai pleuré. Quand il m’a couvée la seconde fois, il m’a dit que je serai la première parmi les siens qui mourra après lui, et c’est alors que j’ai souri ». Cela prouve que la relation spirituelle était très profonde entre az-Zahrâ’ (p) et son père (P).
Les biographies du Prophète (P) nous parlent de la manière avec laquelle il se préparait pour rencontrer son Seigneur. Quelques jours avant sa mort, Il a dit : "L'ordre m'a été donné de demander le pardon pour les habitants de Baqî' (le cimetière de Médine). (C'est donc un enseignement prophétique qui incite à la nécessité de visiter les tombes. Les visiter équivaut à un cadeau qu'on offre à nos morts). En arrivant à Baqî', il a longuement demandé pardon pour les morts avant de leur adresser ces paroles aux morts en ces termes : «Bien à vous le bonheur où vous vivez par comparaison à ce qui est vécu par les vivants… Les discordent s’approchent comme des gros amas de nuit ténébreuse. Les dernières suivent les premières et chacune sera pire que la précédente'" ». Après avoir longuement invoqué Dieu de les pardonner, il s’est tourné vers ‘Alî (p) et il lui a dit : « Gabriel me présentait le Coran une fois par ans et cette année-ci il l’a fait deux fois. Je pense que c’est parce que l’heure de ma mort s’est approchée. Ô ‘Alî, on m’a donné à choisir les trésors de ce monde ci avec la vie éternelle ou la rencontre avec mon Seigneur et le Paradis, et j’ai choisi ce dernier ».
D'après Ibn Sa'd, qui le tient de Abû Sa'îd al-Khudarî, le Prophète (P) a dit :
"O gens les croyants sont des frères, et les biens de l’un ne sont pas licites pour un autre contre son gré. Ai-je bien communiqué mon Message ? Seigneur, sois en témoin! Ne redevenez pas après moi des incrédules qui s'entretuent. O gens votre Seigneur est un et votre père est un. Votre père à tous est Adam, et Adam est créé de poussière. Le plus noble d’entre vous est celui qui est le plus pieux. Un Arabe n’est supérieur à un non Arabe que par la piété". Il a dit aussi : “Je ne tarderai pas à être appelé et j’irai. Je vous laisse les deux Choses Grandioses : Le Livre de Dieu et les Membres de ma Famille, une corde tendue entre le ciel et la terre. Le Subtil, l’Informé m’a annoncé qu’elles ne se sépareront pas avant de venir me rejoindre au bord du Bassin. Voyez donc comment les traiter après ma mort".
28 SAFAR: ANNIVERSAIRE DU DÉCÈS DU MESSAGER D'ALLAH, MOUHAMMAD (paix et salut sur lui et sa famille)
La Dernière Prière et le Dernier Sermon du Prophète(P) dans son Masjid
Tôt le lundi matin (le jour de Sa mort), le Prophète, toujours la tête bandée, sortit au Masjid, soutenu par deux hommes. Après les prières, il fit un court sermon, d'une voix qu'on entendait au-delà des portes extérieures du Masjid, lequel était inhabituellement rempli par les gens anxieux qui étaient venus s'enquérir de son état après la crise de la nuit précédente.
Dans son sermon, le Prophète dit que les esprits malfaisants étaient proches et que la plus noire partie d'une nuit noire et tempétueuse s'approchait. A la fin du sermon, Abû Bakr dit: «Ô Prophète! Par la Grâce de Dieu, tu es mieux aujourd'hui!».
Osâmah était lui aussi présent, pour recevoir les bénédictions du Prophète qui lui dit: «Dépêche-toi avec ton armée; que la bénédiction de Dieu soit avec toi». Osâmah retourna au camp et donna l'ordre du départ le même jour. Abû Bakr revint chez lui à al-Souh.
La Mort du Prophète(p)
Le Prophète regagna sa maison et, exténué, se jeta sur son lit. Ses forces le lâchèrent rapidement. Il appela toutes ses femmes près de lui et leur donna les instructions nécessaires en leur ordonnant de rester tranquilles dans leurs maisons et de ne pas se montrer dans un état de l'Epoque de l'Ignorance (Sourate al-Ahzâb, 33: 33).(237)
Fâtimah, sa fille bien-aimée pleurait. Il l'appela, la fit asseoir à côté de lui et chuchota quelques mots dans son oreille. Elle fondit en larmes. Le Prophète glissa encore quelques mots dans son oreille et essuya ses larmes avec ses mains. Elle parut alors réconfortée et sourit.
Puis il appela al-Hassan et al-Hussayn, ses deux fils chéris qu'il n'avait cessé de caresser dans son giron depuis des années, voulant les embrasser pour la dernière fois. Al-Hassan posa son visage sur celui du Prophète et al-Hussayn se jeta sur sa poitrine. Chacun d'eux se mit à sangloter et à crier avec une telle amertume que toute l'assistance vit leurs larmes perler dans leurs yeux. Le Prophète les étreignit et les embrassa avec beaucoup d'affection et ordonna à toutes les personnes présentes de les traiter, ainsi que leur mère avec grand amour et respect, exactement comme il les traitait lui-même (le Prophète avait l'habitude de se lever et de faire un ou deux pas en direction de Fâtimah chaque fois qu'il la voyait venir vers lui. Il l'accueillait toujours avec une joie manifeste. Puis baisant sa main, il la faisait asseoir à sa propre place).
Ensuite, il appela 'Alî qui prit place près du lit. Le Prophète lui ordonna de rendre la somme qu'il avait empruntée à un certain Juif pour couvrir les frais de l'expédition d'Osâmah, et lui enjoignit d'endurer avec patience et résignation les troubles auxquels il serait confronté après sa mort. Il lui demanda de rester patiemment sur son droit chemin menant à l'autre monde, lorsqu'il constaterait que les gens se trouveraient sur celui menant vers le monde d'ici-bas.
Le Prophète prit la tête de 'Alî sous son manteau qui les couvrit tous deux, et ce jusqu'à ce que 'Alî ait sorti sa tête pour annoncer la mort du Messager de Dieu.
Ibn Sa'd et al-Hâkim ont noté que le Prophète avait rendu le dernier soupir, sa tête dans le giron de 'Alî ("Madârij al-Nubuwwah").
Les derniers mots prononcés par le Prophète, selon 'Alî furent: «La compagnie bénie dans le Ciel. Les prières», après quoi il s'est étiré doucement, et puis tout a été fini. Que la paix éternelle soit sur lui et sur les membres de sa famille qui se sont sacrifiés pour la cause de l'Islam et qui nous ont dirigés sur le droit chemin.
Fâtimah, se frappant le visage et se lamentant d'amertume rejoignit les autres femmes qui gémissaient bruyamment.
C'était à peine midi passé, le Lundi 28 Safar que le Prophète rendit l'âme, à l'âge de soixante-trois ans.
Le jour de son décès retenu unanimement est cependant un lundi.
Selon une tradition, avant la mort du Prophète, quelqu'un avait demandé la permission de lui rendre visite, alors qu'il se trouvait dans un état d'inconscience. Fâtimah répondit au visiteur que le moment ne convenait pas à une telle intrusion. Sans prêter attention à la réponse, le visiteur avait demandé encore la permission de se rendre auprès du Prophète, et Fâtimah lui répondit de la même façon. Il réitéra sa demande une troisième fois sur un ton si horrible que Fâtimah en fut terrifiée.
Jibrîl (l'Ange Gabriel) qui était descendu en ce moment-là pour visiter le Prophète dit à ce dernier: «Ô Prophète! C'est l'ange de la Mort. Il te demande la permission d'entrer. Jamais auparavant, il n'a demandé la permission à aucun homme, et jamais par la suite il ne fera preuve d'une telle sollicitude envers aucun autre».
Le Prophète demanda alors à Fâtimah de le laisser entrer.
L'ange de la Mort entra et s'arrêtant devant le Prophète, dit: «Ô Prophète du Seigneur! Dieu m'a envoyé à toi et m'a donné l'ordre d'agir selon ton désir. Ordonne-moi d'arracher ton âme, je le ferai; ou bien ordonne-moi de la laisser, et je t'obéirai».
Alors, Jibrîl s'interposa: «Ô Ahmad! Le Seigneur te désire (auprès de Lui)». «Vas-y donc, dit le Prophète à l'ange de la Mort, et fais ton travail». Jibrîl fit ses adieux au Prophète dans ces termes: «Que la paix soit sur toi, Ô Prophète du Seigneur! Ma descente sur terre se termine avec toi». Le Prophète en décida ainsi et un gémissement de voix céleste s'éleva du convoi funèbre invisible.
Le plateau du Golan sera restitué à la Syrie
Tout en saluant les habitants du Golan occupé pour avoir boycotté l’élection des maires et des conseils municipaux, le directeur du bureau des affaires du Golan auprès du gouvernement syrien a affirmé que cette région serait rendue à la Syrie.
En protestation contre la tentative israélienne de judaïser le Golan, situé dans le sud de la Syrie, les habitants de cette région ont pris part à un sit-in.
Les USA n’envisagent pas d’envoyer du renfort dans le golfe Persique
Le département à la défense vient d'apposer une fin de recevoir catégorique à une demande bien imprudente du général Jospeh Votel, commandant en chef du CentCom US au Moyen-Orient. Fraîchement de retour de sa visite inopinée à al-Tanf en Syrie, le général a demandé au Pentagone un renforcement de la présence militaire US dans le golfe Persique. Ce qui pourrait signifier les inquiétudes au sein du CentCom quant à une possible confrontation avec l'armée syrienne et ses alliés et partant, une possible défaite. la chaîne CNN, elle, affirme que la demande renvoie au rétablissement des sanctions pétrolières contre l'Iran qui pourrait pousser l'Iran "à bloquer le détroit d'Hormuz".
"Cette demande a été formulée par crainte d’une réaction de la part de l’Iran à la nouvelle salve de sanctions rétablies par les États-Unis", a rapporté CNN citant le CentCom. Le Pentagone, lui, a répondu qu'il ne disposait d'aucune information concernant une décision iranienne de représailles militaires.
Tel-Aviv est une menace pour les militaires russe en Syrie (Sergueï Lavrov)
Les frappes de l’aviation israélienne contre la Syrie, effectuées en dépit des mises en garde de Moscou, mettent en danger les militaires russes et ont finalement conduit à la destruction de l’Il-20 le 17 septembre, a annoncé lundi le chef de la diplomatie russe.
Les frappes israéliennes en Syrie ont à plusieurs reprises mis en en danger la vie des soldats russes qui y sont déployés, a indiqué le lundi 5 novembre, Sergueï Lavrov, dans une interview accordée au journal espagnol El País.
Les Nations unies examinent la lettre de l’Iran contre les États-Unis
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies a affirmé que l'approche de son organisation dans le dossier nucléaire reste la même et que l'ONU a bien reçu la lettre de Téhéran adressée à Antonio Guterres qui porte plainte contre Washington pour avoir rétabli, au mépris du droit international, des sanctions unilatérales contre l’Iran. Cette lettre est en cours d'étude, selon le porte-parole.
« Nous examinons la lettre de l’Iran et nous y donnerons une réponse appropriée », a affirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a apporté son soutien au PGAC (Accord sur le nucléaire iranien) en appelant toutes les parties à le respecter et à y rester attachées, en vertu de la résolution 2231 du Conseil de sécurité.

Pour de nombreux experts, le retour des sanctions US contre l'Iran est d'ors et déjà un échec: à côté de l’expression « pression implacable sur le régime iranien », scandée lundi par le chef de la diplomatie américaine à propos des nouvelles sanctions contre l’Iran, il faudrait ajouter un astérisque: sauf dérogations.
En effet, huit pays bénéficient néanmoins d’exemptions pour le pétrole. La Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, l’Italie et la Grèce continueront d’importer du brut iranien, sans subir la « pression maximale » promise par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin à toute entreprise étrangère qui « tente[raient] de les contourner ».
Ces dérogations marquent une première victoire de l'Iran dans sa grande bataille contre le régime des sanctions ainsi que le confirmait le président iranien, Hassan Rohani, le lundi 5 novembre: « Nous allons briser fièrement le carcan des sanctions... Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d’intimidation. Je ne pense pas que dans l’histoire américaine il y ait eu jusqu’à présent quelqu’un à la Maison Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales. »
Washington est beaucoup plus isolé qu’entre 2012 et 2015.. Aucun des États parties au PGAC, aucun allié traditionnel des États-Unis, aucune puissance économique majeure, ni aucun des principaux acheteurs de pétrole iranien n’a rejoint les États-Unis en 2018, relevait récemment Elizabeth Rosenberg, qui a supervisé les sanctions contre l’Iran au département du Trésor entre 2009 et 2013.
Mme Rosenberg doutait même de la capacité de Washington à faire respecter les sanctions: « Les États-Unis ont les moyens financiers de faire pression sur tous les pays et les entreprises pour qu’elles restent éloignées de l’Iran, mais beaucoup auront en même temps de nombreux avantages à s'en échapper. Les États-Unis vont devoir faire face à la tâche herculéenne de repousser tous ceux qui tenteront de frauder. »
Le représentant iranien auprès de l'ONU, Gholam Ali Khochrou, a envoyé lundi dernier une lettre à l’adresse de Antonio Guterres, l'appelant à condamner la nouvelle slave de sanctions illégales et unilatérales américaines contre l’Iran.
Le diplomate iranien s’est dit étonné de voir que l’ordre international et les intérêts des autres pays sont piétinés par un pays membre qui exhorte ouvertement les garants des résolutions et de la charte de l’ONU à agir de la même manière.
Des armes russes fournies à temps à l’armée chinoise
La Russie fournit à la Chine des armes qui pourront être utilisées sur tous les terrains (terre, air, mer).
Des contrats ont été signés par la Chine et la Russie sur des livraisons d’armes tout-terrain, a rapporté Sputnik.
Le représentant de la compagnie d’armements russe Rostec, Viktor Kladov, a annoncé la nouvelle rappelant que des systèmes de missiles antiaériens russes Triumph S-400 et des avions de chasse Su-35 seront livrés à temps.
« Nous coopérons activement avec la Chine dans tous les domaines de coopération technico-militaire », a-t-il expliqué.
CERTAIN ASPECTS DU MORALE DU MESSAGER D'ALLAH(SAWAS)(du livre d'Ayatullah Amini: La Prophétie
La générosité
Pour décrire la morale du Messager de Dieu (sawas), son
Eminence Ali (as) il dit :
Quand il était de retour de la bataille d’Hanine, les bédouins l’entouraient et lui demandaient des butins de guerre ; de sorte qu’il fut obligé de se réfugier à un arbre. Ils lui tiraient son écharpe et il dit : O les gens ! Redonnez-moi mon écharpe. Si j’avais autant de chameaux que les pierres du désert, je les vous donnerai tous en qualité d’offrande et vous ne me trouverez jamais envieux, mensonger ou peureux.
Imam Jafar as-Sadiq (as) raconte : « Un homme se rendit chez le Messager de Dieu (sawas) et lui offrit douze drachmes. Confiant ces monnaies à Ali (as), le Prophète le sollicita à lui acheter un habit neuf. Ali se rendit au bazar et acheta un habit de douze drachmes et l’amena chez lui. Le Messager de Dieu dit qu’il ne l’aimait pas. Ali revint au bazar et le retourna au vendeur et reprit sa monnaie. Puis, ils revinrent tous les deux au bazar pour acheter un habit. Chemin faisant ils rencontrèrent une esclave pleurante qui dit au Prophète : Ma famille m’avait confié quatre drachmes pour faire des achats. Mais j’ai perdu mon argent et je n’ose point retourner à la maison. Le Messager de Dieu lui donna quatre drachmes et dit : Reviens à ta maison. Ensuite, ils se rendirent au bazar. Ils achetèrent un habit de quatre drachmes pour Son Eminence. Il porta l’habit et il dit : Je Remercie Dieu. On revint à la maison et chemin faisant, on rencontra un homme qui disait : Que Dieu vêtisse des habits du paradis quiconque me vêtit. Le Messager de Dieu enleva son habit et le rendit à ce pauvre.
Puis, ils allèrent au bazar et il acheta un habit de quatre drachmes disant : Je remercie Dieu. Sur leur chemin de retour vers la maison, ils retrouvèrent la même esclave assise encore au même endroit. Le Messager de Dieu lui demanda pourquoi elle n’était pas retournée chez elle : Car je suis en retard et j’ai peur d’être battue à mon retour. Le Prophète lui dit : Viens avec moi et j’intercèderai à ton profit. A la porte de leur maison, le Prophète appela : Salut à vous O les gens de la maison ! Personne ne répondit. Il appela de nouveau sans qu’une réponse vienne et la troisième fois, le maître de la maison répondit : Salut à vous O Messager de Dieu. Le Prophète (sawas) demanda : Pourquoi n’avez-vous pas répondu à mon premier appel ? Il dit : Nous vous avons entendu dès la première fois, mais nous nous sommes tus pour que vous appeliez encore et pour que nous puissions entendre votre voix à plusieurs reprises. Le Prophète dit : Votre esclave est en retard, ne la blâmez pas. L’autre dit : Pour l’honneur que vous nous donnez avec votre venu, nous l’affranchissons. Le Prophète dit : Louange à Dieu. Je n’ai jamais trouvé une monnaie aussi bénie que ces douze drachmes qui habillèrent deux nus et qui affranchirent une esclave.
Imam Mohammad Baqir (as) raconte : « Un pauvre se rend chez le Prophète et lui demande une aide. Le Messager de Dieu (sawas) n’ayant lui-même aucun moyen de le secourir, dit à ses compagnons : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut me prêter une somme ? Un compagnon lui répond qu’il le peut. Le Messager de Dieu lui dit : Donne-lui 800 kg de dattes et je te paierai plus tard. Le compagnon fit autant et après un certain temps, il se rend chez le Prophète et lui demande de payer sa dette. Le Prophète lui dit : je paierai inch’allah. L’homme revient peu après et reçoit la même réponse. La troisième fois quand le Prophète lui répète qu’il paiera inch’allah, l’homme dit : Jusqu’à quand tu veux me donner de ces inch’allah ? Riant, le Prophète tourne vers ses compagnons : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut me prêter une quantité de dattes ? L’un des compagnons est d’accord. Le Messager de Dieu (SDPSL) lui demande : Donne-lui 1600 kg de dattes à cet homme. L’homme dit : O Messager de Dieu ! Tu ne me dois que 800 kg ; mais il dit que l’homme peut recevoir 800 kg de dattes de plus.
L’imam Mahdi et la mosquée de Jamkaran, vu par Henry Corbin
Extrait du quatrième volume de « En Islam Iranien » d’Henry Corbin où ce dernier aborde entre autres l’histoire de la fondation de la mosquée de Jamkaran (près de Qom) en Iran et son importance dans la spiritualité chiite.
Appartenir au monde des compagnons de l’Imâm, c’est avoir la capacité de percevoir les Formes spirituelles, la capacité de « voir les choses en Hûrqalyâ ». Avoir cette capacité et la mettre en oeuvre, cela ne dépend ni de l’effort ni de la science de l’homme. En peut être favorisé un homme très simple, aussi bien qu’un shaykh, un grand spirituel ou un grand savant. Il appartient alors à l’Imâm de prendre l’initiative.
Ainsi l’éprouve la conscience shî’ite, et c’est ce qu’illustre de façon frappante l’origine du sanctuaire de Jam-Karân. Le sanctuaire de Samarra en Iraq est le lieu où l’Imâm s’est occulté au regard des hommes, au regard de leurs yeux de chair; le sanctuaire de Jam-Karân en Iran est un des lieux de ses apparitions aux yeux de cet organe subtil sans lequel une anthropologie reste incomplète, réduite ou bien à matérialiser le spirituel concret, ou bien à le réduire à l’imaginaire, à l’hallucinatoire, sinon à une simple vue de l’esprit (…).
Jam-Karân est une oasis, située à une lieue et demie environ au sud-est de la ville de Qomm, dans le désert, à proximité de montagnes qui, dans le crépuscule du soir, prennent des formes aussi fantastiques que celles des fragiles bâtiments de pisé composant la bourgade. C’est là qu’au IVe/Xe siècle, à la suite d’une épiphanie du XIIe Imâm à un shaykh qui y résidait, fut édifié le sanctuaire devenu un lieu de pèlerinage pour tous les shî’ites duodécimains. Ce sont surtout les circonstances de cette épiphanie qui nous intéressent, et c’est sur elles que nous insisterons. Nos informations concernant la fondation de la mosquée construite à Jam-Karân sur l’ordre du XIIe Imâm, remontent à l’un des nombreux ouvrages d’Ibn Bâbûyeh; l’ouvrage est aujourd’hui perdu, mais le récit avait été heureusement recueilli dans une « Histoire de Qomm » rédigée par un de ses contemporains. Nous l’avons retrouvée dans une des savantes compilations que l’on doit à un éminent érudit shî’ite iranien du siècle dernier, Mîrzâ Hosayn Nûri.
Le récit, à la première personne, rapporte les propres paroles du shaykh à qui il fut accordé une nuit du mois de Ramazan 373/février 984, d’être l’interlocuteur du XIIe Imâm. La date (tout extérieure, bien entendu) n’est séparée que par une quarantaine d’années de celle qui est assignée au début de la Grande Occultation. Le début du récit présente certains détails d’autant plus intéressants à relever qu’ils rappellent les rites symboliques bien connus dans les rituels d’initiation. Il y a en premier lieu le rite du changement de vêtement. Le même trait se retrouve dans d’autres récits qui ont, eux aussi, l’allure de récits d’initiation. C’est ainsi que dans le « récit du Nuage blanc » (supra liv. V, chap. III, 3), nous constations qu’à un moment donné l’Imâm apparaissait revêtu de deux robes dont la couleur symbolique annonçait que l’on était passé au monde du Malakût. Là même un épisode inséré dans son herméneutique par Qâzî Sa’îd Qommî, nous montrait le Ve Imâm, Mohammad Bâqir, qui, au moment d’introduire son disciple dans le Malakût, commençait par entrer dans certain oratoire pour y changer de robe; au retour, il reprenait l’ancienne robe. Dans le rituel des mystères de Mithra, le revêtement successif de robes correspondant au degré de l’ascension mystique, est un rite bien connu en histoire des religions. C’est qu’en effet, déposer un vêtement et en revêtir un autre, est le rite qui accompagne nécessairement le passage d’un monde à un autre, rite signifiant que l’on ne pénètre pas dans un monde supérieur avec la nature et les organes dont on dispose dans le monde d’un degré inférieur.
Comme on le constate dès le début du récit qui va suivre, les gestes qu’accomplit le shaykh de Jam-Karân, dans l’affolement que lui fait éprouver l’extraordinaire invité, correspondent trait pour trait au rituel initiatique bien connu. Bien qu’ils ne soient pas accomplis avec un cérémonial liturgique, leur signification est la même. A deux reprises le shaykh veut mettre ses vêtements ordinaires, et à deux reprises une voix impérieuse l’avertit qu’il se trompe. Ces vêtements ne sont pas les siens ; ce sont les vêtements de sa vie quotidienne extérieure, ce ne sont pas les vêtements de son âme, les seuls qu’il puisse porter pour entrer momentanément dans le Malakût, parce que ceux-là seuls sont les siens; le vêtement profane n’est ni le vrai ni le sien; le vêtement sacral est le vêtement de l’âme, celui du myste au moment de son initiation. Ici aussi le shaykh, averti de son erreur, trouve le vêtement qui est le sien, avec lequel seul il peut se présenter là où il en a reçu l’invite (et parce que c’est vraiment le sien, il le trouve alors spontanément, sans plus avoir à le chercher).
Autre détail : le shaykh cherche vainement la clef de sa maison pour sortir. La même voix l’avertit : point de clef pour sortir et pénétrer dans le monde où on l’attend (pas plus que l’exilé des récits d’initiation de Sohrawardî n’a besoin de clef pour s’ouvrir la voie, hors de sa prison, à la rencontre de l’Ange; d’autres lui ont ouvert la porte). Enfin, lorsque le shaykh a été conduit par ses mystérieux interlocuteurs en présence de l’Imâm, il voit celui-ci entouré d’un groupe de graves personnages, dont l’habillement annonce qu’ils sont au nombre des compagnons de l’Imâm. Tout proche de l’Imâm, un vénérable sage fait la lecture, et le visionnaire reconnaît Khezr (Khidr), le mystérieux prophète que l’on rencontre toujours dans les parages de la Source de la Vie, l’initiateur de tous ceux qui n’ont pas eu de maître humain ou d’autre maître que l’Imâm. Il est souvent intervenu et interviendra encore au cours des textes présentés ici. Compagnon du XIIe Imâm, il est même identifié par quelques-uns avec l’Imâm lui-même. Bref, il semble que tous les détails soient là bien en place, pour nous informer que la présence de l’Imâm arrache au monde de la perception commune, et pour nous suggérer en quel lieu est introduit le visionnaire, en quel lieu se produit la rencontre de l’Imâm. Alors suivons ici notre texte.
« Le shaykh ‘Afîf Sâlih (plus loin dénommé simplement Hasan) Jam-Karânî a raconté ceci : la nuit du mardi 17 du mois de Ramazan de l’année 373 de l’hégire (22 février 984)28, je dormais dans ma maison, lorsque quelques hommes frappèrent à la porte de la demeure. Il était minuit passé. Ils m’éveillèrent ainsi et me crièrent : Lève-toi, et réponds à l’invite de l’Imâm Mohammad al-Mahdî, Sâhib al-Zamân, qui t’appelle. Je me levai, tout en éprouvant une certaine inquiétude, et me préparai. Ils seront certainement partis, avant que je sois prêt, me disais-je. Je revêtis ma chemise. Mais une voix se fit entendre : retire cette chemise, ce n’est pas la tienne. Je perdais la tête et voulus mettre mes sarâwîl (hauts-de-chausses). De nouveau la même voix se fit entendre : ce n’est pas à toi. Prends les sarâwîl qui sont à toi. Je rejetai donc le vêtement, pris le mien et le revêtis. Alors voici que je me mis à chercher la clef de la porte de ma maison, afin de pouvoir sortir. De nouveau la voix se fit entendre : la porte est ouverte! Lorsque j’arrivai à la porte et la trouvai en effet ouverte, je vis là un groupe de nobles personnages. Je les saluai ; ils me rendirent mon salut en me disant : Bienvenue à toi ! Puis ils me conduisirent jusqu’à l’emplacement où s’élève maintenant la mosquée.
« Observant le lieu, je vis là un trône (takht) ; de magnifiques coussins y étaient disposés; un jeune homme d’une trentaine d’années était adossé à quatre de ces coussins. Devant lui était assis un pîr (un shaykh, un sage) ; il tenait un livre à la main et faisait la lecture pour le jeune homme. Plus d’une soixantaine de personnages étaient là, groupés autour du trône et faisaient la prière. Les uns portaient une robe blanche, les autres portaient une robe verte. Le pîr que je voyais faire la lecture, c’était Hazrat Khezr (Khidr). Alors voici qu’il me fit signe. »
Le moment est venu où nous allons apprendre les raisons qui ont motivé l’appel de l’Imâm : un spoliateur, un certain Hasan Moslem, a usurpé et profané cette terre qui est sainte. Le shaykh Hasan Jam-Karânî va être chargé d’un message pour cet homme. Il faut que celui-ci restitue cette terre et que l’on y construise un temple.
« A ce moment, l’Imâm m’appela par mon nom et me dit: Il faut que tu te rendes chez Hasan Moslem et que tu lui dises ceci : « Voici cinq ans que tu cultives cette terre; cette année encore tu as fait la récolte. Mais désormais il ne t’est plus permis de la cultiver. Il faut que tu restitues tout le profit que tu en as tiré, afin que l’on construise ici même une mosquée. » Dis encore ceci à Hasan Moslem : « Cette terre est une terre sainte, et Dieu l’a choisie entre autres terres. Mais toi, tu t’en es emparé comme si elle était à toi. Dieu t’a déjà repris deux jeunes fils, mais ta conscience ne s’est pas éveillée. Si tu ne te conformes pas à l’ordre qui t’est donné, d’autres fléaux te frapperont, jusqu’à ce que ta conscience s’éveille ». »
Le shaykh Hasan Jam-Karânî de dire alors à l’Imâm : « Ô mon seigneur et protecteur! pour cette mission il me faut un signe, car les gens n’écouteront pas mes paroles sans qu’il y ait un signe et une preuve, et ils ne donneront pas leur assentiment à ce que je dirai. — L’Imâm : Là-même nous te donnerons un signe, afin que l’on ajoute foi à tes paroles. Va maintenant, et porte notre message. Commence par aller trouver le Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ. Dis-lui de se lever et d’aller se présenter à Hasan Moslem. Qu’il lui demande raison du profit qu’il a récolté pendant tant d’années; qu’il le lui reprenne et en dispose pour que l’on construise la mosquée. Qu’il convoque les notables de la contrée qui s’étend depuis Rahaq jusqu’à Ardahâl et qui est notre domaine, — et qu’il mène à terme la construction du temple. »
Là-dessus, l’Imâm précise les modalités du waqf (fondation pieuse) ; il formule les règles liturgiques que les pèlerins devront observer en accomplissant la Prière dans son sanctuaire (séquence des invocations, des textes, nombre des rak’at ou inclinations qui marquent les temps ou unités de la Prière) ; ces règles sont celles qui sont observées depuis dix siècles par les pèlerins venus à Jam-Karân. « Pour le pèlerin, dit l’Imâm, qui accomplira ainsi cette liturgie de deux rak’at, il en sera de sa Prière comme s’il l’accomplissait dans le Temple antique de La Mekke (c’est à-dire dans la Ka’ba même). » Le shaykh Hasan Jam-Karânî, sur un signe de l’Imâm, prend congé et se retire. Mais voici qu’à deux reprises, lorsqu’il a fait quelques pas, l’Imâm le rappelle. Une première fois, pour lui annoncer que dans le troupeau d’un berger nommé Ja’far Kâshânî, il trouvera un certain bouc à la toison abondante, noire et blanche, marquée de sept signes; ce bouc, il l’achètera pour l’offrir en sacrifice et distribuer sa chair aux malades et aux infirmes, qui alors guériront. Ce sacrifice est mis en correspondance avec le sacrifice de la vache dont parle la deuxième sourate du Qorân (2 : 63-69), comme expiation et purification (ces versets qorâniques sont une nette réminiscence du Livre des Nombres XIX, 1-10). Une seconde fois, l’Imâm rappelle le shaykh pour lui annoncer sa « présence » en ce lieu pendant sept jours, c’est-à-dire jusqu’à cette nuit du mois de Ramazân qui est dénommée « Nuit du destin ».
On voit que les symboles ne manquent pas dans le discours de l’Imâm. Le shaykh Hasan Jam-Karânî poursuit son récit; il sort du lieu et du temps théophaniques où il avait été témoin unique et privilégié, pour rentrer dans la durée continue et l’espace de la perception commune. La trame des faits quotidiens, suspendue par l’intervention surnaturelle qu’elle ne peut contenir, reprend son cours, et les conséquences qui vont s’y inscrire établiront le seul synchronisme qui soit à notre portée entre l’événement visionnaire et l’événement visible, historique; ces conséquences, ce seront l’accomplissement des faits annoncés par l’Imâm et la construction de la mosquée. « Je retournai chez moi, dit le shaykh, et passai le reste de la nuit, plongé en une profonde méditation, jusqu’à ce que le matin se levât. » Il va chercher alors un de ses amis; ensemble ils se rendent au lieu de l’apparition de l’Imâm. A leur stupeur, ils voient un ensemble de chaînes et de clous gisant sur le sol. Shaykh Hasan y voit le signe promis. Les deux amis se hâtent alors pour faire visite au Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ, comme l’Imâm l’avait prescrit. Là même Shaykh Hasan s’aperçoit qu’il est attendu : « Tu es bien de Jam Karân ? » demande le Sayyed. Le shaykh lui raconte l’événement de la nuit précédente. « O Hasan, répond le Sayyed, cette nuit même, pendant mon sommeil, quelqu’un m’a dit en songe : un homme du nom de Hasan viendra de Jam-Karân chez toi au matin. Tu dois croire à ses paroles, faire confiance à ce qu’il te dira; son discours sera notre discours. Ne le récuse pas. — Je me suis éveillé alors, et voici que je t’ai attendu jusqu’à cette heure. »
A partir de ce moment, Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ prend la direction des opérations, en se conformant aux instructions de l’Imâm transmises par le shaykh Hasan. Chevauchant ensemble, les trois compagnons commencent par rejoindre en bord de piste le berger Ja’far Kâshânî. Le bouc annoncé par l’Imâm est bien là, et il accourt de lui-même au-devant du shaykh Hasan. On conclut l’achat, mais, chose curieuse, le berger Ja’far déclare, serment à l’appui : « Je n’avais jamais vu ce bouc jusqu’à présent; il n’avait jamais fait partie de mon troupeau. Je l’ai vu ce matin pour la première fois et ai essayé en vain de l’attraper. Et maintenant voici qu’il accourt au-devant de vous. » Le sacrifice du bouc est consommé à l’endroit prescrit. On convoque Hasan Moslem le spoliateur de la terre sainte, et on l’oblige à restituer le bien qui n’était pas à lui. On convoque les notables de Rahaq. Bref, on fait tout ce qui est nécessaire pour la mosquée de l’Imâm. Les chaînes et les clous mystérieux sont transportés par le Sayyed Abû’l-Hasan Rezâ dans sa demeure à Qomm; fichés au portail de sa maison, leur attouchement produisait des effets extraordinaires. Mais il semble qu’après la mort du Sayyed, ils disparurent aussi mystérieusement qu’ils étaient apparus sur le sol de Jam-Karân, lorsque le matin s’était levé au terme de la nuit visionnaire.
Tels sont en bref les événements que nous rapporte la tradition de Jam-Karân. C’est là, à proximité de la bourgade, que dans un enclos de verdure s’élève maintenant, conformément aux prescriptions de l’Imâm, le sanctuaire qui, depuis bientôt dix siècles, est un lieu de pèlerinage de tous les shî’ites, particulièrement des shî’ites iraniens. Lieu de pèlerinage intensément fréquenté de nos jours encore, mais entouré d’une grande discrétion, comme tout ce qui concerne la piété envers l’Imâm caché. Par un tardif et splendide automne iranien (1962), au terme d’une journée passée au village de Kahak, dans une haute vallée de la proche montagne, là où Mollâ Sadrâ Shîrâzî avait cherché refuge pendant une dizaine d’années dans la solitude, nous eûmes l’occasion de nous rendre à Jam-Karân avec deux chers compagnons iraniens. L’un d’eux était celui dont nous rapporterons plus loin pour finir, le récit d’un songe témoignant, s’il en était besoin, de l’intense présence de l’Imâm dans les coeurs shî’ites. De ce pèlerinage nous gardons un souvenir extraordinaire, sans doute parce qu’en ce lieu à l’environnement géologique étrange, et où la mosquée de l’Imâm inscrit dans le sol un splendide défi que la foi dans les Invisibles porte à notre époque, il semble que tout soit possible. Dans ce paysage silencieux et immense, des récits comme ceux que nous proposons au cours de ce chapitre, prennent une tout autre évidence que lorsque nous les lisons dans nos pays, dans le tumulte de nos villes, ou à proximité de nos grand’routes. Dans le désert, rien ne ressemble plus à une piste qu’une autre piste. Ayant perdu notre chemin, l’un de nos compagnons interpella d’une voix forte un cavalier passant providentiellement à proximité : « Où est la route vers le sanctuaire de l’Imâm al-zamân (l’Imâm de ce temps) ? »
Ces mots Imâm al-zamân, vibrant dans le silence de la grande solitude, pure de la pureté du ciel immense, donnaient soudain à Celui qui est désigné ainsi avec tant d’espérance et de ferveur, depuis tant de siècles, la force d’un réel s’imposant le temps d’un éclair, mais bien réel… puisque nous étions tous les trois à la recherche du chemin vers lui, et que ce chemin on nous le montrait.
Nous disions ci-dessus que le récit de la fondation de la mosquée de Jam-Karân appartient à un type précis de manifestation de l’Imâm au temps de la Grande Occultation. Dans les récits de ce type, celui à qui est faite la faveur de cette manifestation, non seulement est conduit en présence de l’Imâm, mais est conscient qu’il se trouve en présence de l’Imâm. La présence de l’Imâm fait soudain irruption dans le lieu du visionnaire et l’enveloppe « comme une substance spirituelle enveloppe une substance matérielle ». Il en est d’autres où le pèlerin n’est pas conduit jusqu’en présence de l’Imâm; il est néanmoins « chez l’Imâm ». En outre, il lui faut parcourir les étapes d’une topographie mystérieuse que nous ne retrouverons jamais sur nos cartes, puisqu’elle appartient au « huitième climat ».