Les bases US en Syrie ne sont pas les bienvenues !

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Les bases US en Syrie ne sont pas les bienvenues !

Les États-Unis ont annoncé vouloir maintenir leur présence militaire dans le nord syrien. Quel est leur objectif ?

Le journal russe Nizavisimaya Gazeta revient sur cette annonce et en propose une fine analyse :

« À Moscou, le maintien de la présence militaire US au nord syrien comme annoncée jeudi dernier dans le Washington Post a été très sévèrement critiqué. Les députés russes ont accusé Washington d’avoir cherché à surfer sur la vague post-Daech et à en tirer un maximum de profit. Ce qui pose problème surtout, c’est que ces bases US, qui n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucune tractation russo-américaine, sont installées dans le nord de la Syrie, là où les paramilitaires kurdes font la pluie et beau temps. Ce sont des forces à la solde des Américains qui aiment bien poursuivre leurs agissements ».

Que cherche réellement Washington ?  

Le journal reprend ensuite l’article de jeudi dernier du Washington Post où il est dit très clairement que la « fin de Daech en Syrie ne déclencherait pas le retrait des forces américaines du territoire syrien » :

« Le Washington Post parle très explicitement d’un « État » à faire naître dans les régions du nord de la Syrie. Les États-Unis comptent poursuivre leur soutien aux FDS soit aux Kurdes de Syrie qui se battent sous leur bannière. Car tout compte fait, un retrait américain de la Syrie au stade où en sont les choses, signifierait « une victoire politique » pour Assad, mais aussi, et surtout, une victoire pour l’Iran ». Le chef de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie, Konstantin Kossatchev est aussi du même avis  : « Que les Américains veuillent pérenniser leur présence dans le nord de la Syrie, cela signifie que la fin de la guerre est proche. Certaines parties ont hâte d’enfoncer le clou à la dernière minute et user de tout mettre en œuvre pour prendre part à l’avenir politique de la Syrie de l’après-guerre. Les Américains en font partie. Ils veulent rattraper le dernier wagon du train syrien, surtout que le règlement politique de la crise est une réalité après le sommet tripartite de Sotchi (Iran-Russie-Turquie) ». 

Le quotidien cite ensuite le directeur de la Commission de la Défense de la Douma qui met en garde contre les impacts de la décision américaine, qui pourrait « élargir les risques d’une confrontation militaire » alors que la Syrie vient à peine de sortir d’une longue guerre :

« Le contingent militaire US s’est élargi de 33 % au second semestre de 2017. Alors que personne ne conteste la présence des bases russes en Syrie, les bases américaines font largement débat. Surtout dans le nord de la Syrie où les gisements pétroliers sont abondants et où on soupçonne les États-Unis de vouloir s’accaparer des ressources pétrolières syriennes ». Une indépendance kurde offrirait aux Américains ce pétrole d’où le refus de la Russie de reconnaître aux Kurdes une indépendance « militaire », « diplomatique » et « énergétique ».

Mais Moscou ira-t-il jusqu’à s’opposer à la présence militaire US en Syrie ? 

Selon Nizavisimaya Gazeta, la Russie s’est sans doute préparée à la présence à long terme des Américains en Syrie. En effet, comme le souligne Maxim A. Suchkov, chef du bureau russe du journal Al Monitor,« les Russes ne sont pas en mesure d’exercer une quelconque pression sur les États-Unis pour qu’ils retirent leurs forces militaires ». Au contraire, s’il y a une partie qui pourrait « harceler » les Américains dans ce sens, c’est bien « l’Iran » puisque « la présence militaire US en Syrie ne vise pas seulement à influer l’avenir politique dans ce pays, mais surtout à contrer l’influence iranienne ». D’ailleurs, les propos des officiels syriens, ces derniers jours, réitérant leur engagement au maintien de l’intégrité territoriale de la Syrie, vont dans ce sens.

S’il est vrai qu’une prolongation de la présence militaire US en Syrie va à l’encontre des termes de l’accord Poutine-Trump, il est vrai aussi que les Russes ne prendront pas le risque de la combattre même si Moscou sait bien qu’un contingent US en Syrie n’aura pour mission que de « faire durer la crise, de rameuter les noyaux terroristes, de préparer des projets et des contre-projets destinés à empêcher l’État syrien de retrouver sa souveraineté ». Mais les Iraniens n’ont pas cette contrainte. Certaines sources affirment que l’armée syrienne et ses alliés pro-iraniens se préparent en ce moment pour mettre le cap sur Raqqa. Après Abou Kamal, c’est au tour de Raqqa d’être expurgée de la présence des Américains et de leurs alliés.

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