Incapable de "déchirer" l'accord nucléaire, Trump joue au tapageur

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Incapable de "déchirer" l'accord nucléaire, Trump joue au tapageur

Alors que la France s'est impliquée sans en comprendre visiblement les enjeux dans une crise factice, provoquée par les soins de Londres contre la Russie, elle n'a aucun intérêt à en rajouter, en ouvrant un nouveau front cette fois face à l'Iran. Une information de Reuters fait état d'un projet de sanctions signé France-Grande-Bretagne-Allemagne qui serait à imposer à l'Iran, pour éviter un retrait des USA de l'accord nucléaire (PGAC).  Ce projet, à en croire Reuters, serait une déclaration de guerre contre le Corps des gardiens de la Révolution islamique, corps d'élite des forces armées iraniennes qui a largement contribué à la guerre contre le terrorisme en Syrie et en Irak, aux côtés de l'armée syrienne et de la Russie. 

Seyyed Jalal Sadatian, expert iranien des questions internationales, revient sur la stratégie de Trump et le suivisme français: " cette stratégie consiste à provoquer des crises, à y engager des partenaires puis à se garder à distance et à attendre le moment propice pour en tirer profit :

 "Tout ce que Donald Trump fait pour porter atteinte à l'accord nucléaire s'inscrit uniquement dans le cadre d'une campagne médiatique et il n'a pas été jusqu'ici capable de s'en retirer officiellement. Tout au long de sa campagne électorale, le président américain promettait aussi de déchirer l'accord nucléaire. Une fois élu, on l'a convaincu que ce n'est pas possible. Ou mieux dire, il a fait semblant d'avoir été convaincu de la nécessité d'une renégociation de l'accord. Dans la foulée, il a chargé la France de jouer au "gentil flic" et d'exiger à l'Iran, " pour le bien de l'accord nucléaire", de négocier les capacités balistiques iraniennes". 

Et l'analyse d'ajouter : "Donald Trump avait menacé en effet d'annuler l'accord nucléaire ou lui imposer des amendements. C'est pour empêcher un retrait américain et à un effondrement du PGAG que la France demande à l'Iran de renoncer à ses missiles de longue portée. La réponse iranienne est nette : lors de la visite du ministre français des A.E. en Iran, ses interlocuteurs lui ont rappelé que l'Iran ne renoncerait jamais à ses droits d'auto-défense, quel qu'il en soit le prix à payer et que d'ailleurs, il sait aussi comment riposter si les USA quittaient le PGAC. Or en mettant en avant un avant-projet qui menace de sanctionner l'Iran pour éviter qu'il ne soit sanctionné par Washington, la France pèche par excès de prudence. Le monde entier sait que Donald Trump est un tapageur. C'est un marchand qui tire bénéfice de tout ce qui lui passe sous main, même les malheurs de ses plus proches alliés : le cas d'Israël est exemplaire. Son annonce de la reconnaissance de Qods comme capitale d'Israël n'a pas réellement servi les intérêts de Tel-Aviv qui fait face à une crise sécuritaire grandissante. La France n'a réellement pas intérêt à emboîter le pas à Washington sur un double front qui l'engage à la fois contre la Russie et l'Iran. Alors que dans l'affaire Skripal, le président français s'est mis du côté de Londres, quitte à saper les chances d'une normalisation des liens avec Moscou, il serait fort risqué que Macron cherche aussi la tension dans ses liens avec l'Iran. Les menaces de Theresa May mènent non seulement à la guerre au Moyen-Orient, mais aussi à un affrontement avec un adversaire nucléaire, la Russie. Dans l'un et l'autre cas, la France perdra, à trop vouloir plaire à "l'ami Trump". 

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