تقي زاده

تقي زاده

Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a mis en garde contre la décision des États-Unis de transférer des armes lourdes en Syrie, en déclarant que les armes pourraient finir entre les mains des terroristes.

Pour la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, les rapports sur la décision des États-Unis concernant le transfert des armes lourdes à l'opposition syrienne pourraient conduire à des résultats imprévisibles, nous apprend I‘agence de presse iranienne Tasnim,

"Si les États-Unis décidaient de transférer des armes vers la Syrie, celles-ci pourraient tomber dans les mains des terroristes", a-t-elle averti.

Elle a par ailleurs souligné que Moscou n'était pas responsable de l'attaque à Idleb en Syrie, ajoutant que le comportement de la coalition internationale dirigée par les États-Unis pourrait augmenter l'instabilité dans la région.

"Le Front al-Nosrah et ses partisans sont impliqués dans l'utilisation d'armes chimiques en Syrie", a-t-elle précisé, demandant aux Américains de reconsidérer l'envoi d'armes lourdes à l'opposition syrienne.

jeudi, 27 octobre 2016 18:44

Irak: l'étau se resserre autour de Daech

Des combattants du groupe Daech rasent leur barbe à Mossoul à l'approche des forces irakiennes qui ne sont plus qu'à quelques kilomètres de certains faubourgs du fief extrémiste.
 
Satisfaits des débuts de cette vaste offensive, les pays occidentaux impliqués tournent désormais leur attention vers Raqa, le dernier bastion de Daech dans la Syrie voisine.


En attendant, les troupes d'élite irakiennes sont désormais positionnées à environ cinq kilomètres des quartiers est de la deuxième ville d'Irak, au dixième jour de l'offensive. Sur les autres fronts, les troupes engagées se trouvent à des distances plus éloignées, notamment au sud.

Face à cette avancée, les combattants de Mossoul s'adaptent.

"J'ai vu des membres de Daech et leur apparence a totalement changé", a témoigné un habitant de l'est de Mossoul contacté par l'AFP. "Ils ont coupé leur barbe et changé de tenue" pour se fondre dans la population, ajoute cet ancien entrepreneur se présentant comme Abou Saïf.

Les insurgés changent d'apparence "parce qu'ils doivent avoir peur d'être pris pour cibles par des tireurs" ou "qu'ils se préparent à quitter la ville", pense-t-il.

Les habitants de Mossoul ont un accès limité ou nul à la télévision et internet mais disent entendre désormais clairement les combats sur les front du nord et de l'est. Ils témoignent aussi du passage au-dessus de la ville d'avions à une altitude plus faible que ces derniers jours.

Sur le terrain, l'équilibre des forces est très désavantageux pour Daech, qui s'appuierait sur quelque 3.000 à 5.000 combattants dans Mossoul même, soit environ 10 fois moins que les effectifs mobilisés par Bagdad et ses alliés.

Mais l'avancée des forces irakiennes est rendue délicate et dangereuse par les tactiques de guérilla utilisées à grande échelle par les insurgés, qui n'hésitent pas à sacrifier leur vie.
Née il y a 18 mois, la "Jungle" de Calais s'est vidée mercredi en quelques heures, ravagée par de violents incendies mais, malgré sa mort annoncée par le gouvernement, quelques migrants s'apprêtaient encore à passer la nuit au milieu de ses décombres."C'est vraiment aujourd'hui la fin de la Jungle", "il n'y a plus personne sur le camp", a répété mercredi soir à l'AFP la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio. "Notre mission est remplie (et) une page se tourne" pour ces migrants qui "vont pouvoir commencer une nouvelle vie" en France, avait-elle dit quelques heures plus tôt.

En trois jours, 5.600 migrants (Soudanais, Afghans et Erythréens surtout) ont été "mis à l'abri", selon le gouvernement. C'est un peu moins que le nombre de personnes recensées sur le camp mentionné ces derniers jours encore par l'Etat (6.400).

Peu avant 20H00, le site était quasiment désert et seuls quelques migrants, a constaté l'AFP, erraient dans le campement, qui n'était pas bouclé par les forces de l'ordre, tant il est vaste (une dizaine d'hectares). L'Etat compte sur le déblaiement massif de la "Jungle" dès jeudi pour dissuader toute tentative de continuer à y séjourner.

Parmi les irréductibles, Ahmad et Nihas, deux Pakistanais qui refusent de quitter les lieux, ont en tout cas regagné leur tente, un sac de couchage à la main: "cette nuit, on dort ici".

Javid, Afghan de 16 ans, a vu sa tente partir en fumée "mais ce n'est pas grave, j'en squatterai une autre", puisque les migrants "sont tous partis", dit-il en riant. Souleiman, un sud-Soudanais, assure qu'il va dormir dans la mosquée voisine, malgré un "grand risque" d'incendie la nuit.

En revanche, juste au bord de la "Jungle", le Centre d'accueil provisoire (CAP), qui contient 1.500 places dans des conteneurs et n'héberge plus que des mineurs, affiche complet. Si bien que certains risquent de dormir dehors mercredi soir, ont mis en garde les associations. "C'est possible et je le regrette", a dit Pierre Henry, le directeur général de France Terre d'asile (FTDA).
 
L'Espagne a annoncé mercredi que la Russie avait annulé une escale à Ceuta d'un groupe aéronaval russe en route vers la Syrie, initialement prévue à partir de vendredi et qui avait alarmé ses alliés.
 
L'Espagne était sous pression de l'Otan pour refuser à cette flottille russe la possibilité de se ravitailler dans son port de Ceuta, qu'elle lui avait accordée dès le mois de septembre.

L'ambassade de la Fédération de Russie à Madrid vient de nous communiquer qu'elle retirait la demande d'autorisation d'escale pour ces vaisseaux, escale qui est donc annulée, a annoncé le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué.

Quelques heures auparavant, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg avait réaffirmé que la possible utilisation du porte-avions russe pour augmenter les frappes sur Alep suscitait l'inquiétude de l'Alliance atlantique, et que celle-ci était partagée par tous ses membres.

Madrid dit avoir d'abord demandé des éclaircissements à Moscou au sujet de l'éventuelle participation de ces vaisseaux à des actions belliqueuses visant la ville syrienne d'Alep.

Samedi, le Premier ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, a déclaré qu'il n'y a pas d'accord avec la Turquie sur la participation de ses soldats à la bataille visant à reprendre la ville irakienne de Mossoul, actuellement sous le contrôle de Daech.Un communiqué publié par le cabinet de M. Al-Abadi indique que le Premier ministre a reçu dans son bureau le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui est arrivé plus tôt dans la journée de samedi pour discuter de l'offensive irakienne contre les combattants de Daech à Mossoul.

"Les informations selon lesquelles il y aurait eu un accord entre l'Irak et la Turquie sont erronées,'' a déclaré M. Al-Abadi selon le communiqué.

"Une délégation turque est arrivée à Bagdad dimanche et des pourparlers ont eu lieu, mais l'Irak n'a pas considéré ses suggestions comme suffisantes,'' a dit M. A-Abadi.

"Nous disons à tout le monde que la bataille de Mossoul sera exclusivement livrée par des Irakiens et que nous n'autoriserons aucune force à intervenir,'' a ajouté M. Al-Abadi.

Vendredi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, va se rendre à Moscou, la capitale russe, pour des pourparlers sur la crise syrienne, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Qasemi, selon Press TV.
 
Il est prévu que M. Zarif participe à une réunion trilatérale avec ses homologues russe et syrien, Sergueï Lavrov et Walid al-Muallem, sur l'évolution de la situation dans la région, notamment le conflit en Syrie, aurait affirmé M. Qasemi.

M. Zarif participera également à une réunion distincte avec M. Lavrov pour discuter des relations entre Téhéran et Moscou, a-t-il ajouté.

L'Iran a exhorté la Russie à renforcer la coopération stratégique sur les questions régionales et internationales, en particulier sur la crise en cours en Syrie.
Tahira Oktar, femme syrienne résidant à Londres est l'une des directrices qui a connu un succès considérable en lançant 4 écoles islamiques pour encourager les enfants musulmans à acquérir les connaissances scientifiques et artistiques à côté de l'apprentissage du Saint Coran et des enseignements islamiques.Tahira Oktar est la mère de 4 enfants et la directrice et  fondatrice de l'école Olive Tree, à Londres, capitale britannique.
En raison de sa passion pour enseigner le Saint Coran à ses enfants, elle a lancé des cours de l'enseignement du Saint Coran chez elle et le fruit de son initiative est la création de 4 écoles islamiques à travers Londres.
Elle explique à ce propos : "L'idée du lancement de ces écoles date d'il y a 8 ans, au moment où je cherchais une école où ma fille pourrait apprendre le Coran et les enseignements islamiques à côté de l'apprentissage des sciences et de l'art. J'ai alors découvert qu'une telle option n'existait pas, parce que les écoles n'offraient qu'un enseignement classique."
"De l'autre côté, ajoute-elle, je cherchais un centre où on appliquerait de nouvelles méthodes modernes et attrayantes dans l'enseignement des matières scolaires aux enfants."

Initiative d'une syrienne à lancer 4 écoles islamiques à Londres
Faisant allusion à ce que, durant ses recherches, elle a rencontré des mères qui avaient le même problème, Tahira Oktar souligne : "Leurs revendications m'ont servi de source d'inspiration parce que j'ai décidé d'abord, de voyager en Syrie et d'apprendre la lecture et le tajveed du Saint Coran, chez les grands maîtres et d'obtenir un diplôme et les autorisations nécessaires à l'enseignement du Saint Coran."

Initiative d'une syrienne à lancer 4 écoles islamiques à Londres
Cette directrice réussie a ajouté : "Après avoir obtenu les autorisations, j'ai regagné Londres et commencé à enseigner le Coran chez moi."
Après 8 années d'expérience, cette maman syrienne dirige 4 écoles islamiques à Londres où le Coran et les enseignements islamiques sont enseignés aux élèves à côté de l'enseignement général.
Au moins 17 personnes ont été blessées mercredi matin dans un attentat à la bombe survenu dans un quartier de Sharan, chef-lieu de la province afghane de Paktika (est), a indiqué un responsable local.
 
"Une bombe artisanale dissimulée sous un étal a explosé en bord de route dans le 1er district de police", blessant au moins 17 civils, a déclaré à Xinhua Bakhatyar Gul Zadran, chef du conseil provincial.

Les victimes ont été admises dans plusieurs hôpitaux de cette ville située à 155km au sud de Kaboul, mais aucune ne se trouve dans un état grave, selon des responsables locaux.

Si aucun groupe n'a revendiqué cet attentat, M. Zadran a pointé du doigt les talibans, car aucune cible militaire ne se trouvait près du site de l'attentat.

Les civils afghans paient un lourd tribut aux violences qui frappent leur pays : plus de 2.560 d'entre eux ont été tués et plus de 5.830 blessés au cours des neuf premiers mois de l'année sur tout le territoire, selon les derniers chiffres de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan
mercredi, 26 octobre 2016 15:15

La Gambie annonce son retrait de la CPI

La Gambie a décidé de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI), a annoncé mardi soir son ministre de l'Information Sheriff Bojang, après des décisions similaires de deux autres pays africains, le Burundi et l'Afrique du Sud.
 
Dans une déclaration à la télévision nationale reprise sur les réseaux sociaux et diffusée sur youtube, le ministre a accusé la CPI de "persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants", alors que selon lui "au moins 30 pays occidentaux ont commis des crimes de guerre" depuis la création de cette juridiction sans être inquiétés.

L'Afrique du Sud avait également annoncé qu'elle quiterrait la CPI.
lundi, 24 octobre 2016 03:08

À la recherche du bouc émissaire

Le conflit opposant les États-Unis à la Russie et à la Chine évolue sur deux fronts : d’un côté, Washington cherche un éventuel bouc émissaire à qui faire porter la responsabilité de la guerre contre la Syrie, de l’autre Moscou qui a déjà relié les dossiers syrien et yéménite, tente de les lier à la question ukrainienne.

Washington à la recherche du bouc émissaire

Pour se désengager la tête haute, les États-Unis doivent faire porter la responsabilité de leurs crimes à un de leurs alliés. Ils ont trois possibilités : soit faire porter le chapeau à la Turquie, soit à l’Arabie saoudite, soit aux deux. La Turquie est présente en Syrie et en Ukraine, mais pas au Yémen, tandis que l’Arabie est présente en Syrie et au Yémen, mais pas en Ukraine.

La Turquie

Nous disposons désormais d’informations vérifiées sur ce qui s’est réellement passé le 15 juillet dernier en Turquie ; des informations qui nous contraignent à réviser notre jugement initial.

En premier lieu, il s’avérait que confier la gestion des hordes jihadistes à la Turquie après l’attentat ayant touché le prince saoudien Bandar bin Sultan n’allait pas sans problèmes : en effet, si Bandar était un intermédiaire obéissant, Erdoğan poursuivait sa propre stratégie de création d’un 17ème empire turco-mongol, ce qui l’amenait à utiliser les jihadistes en dehors de sa mission.

En outre, les États-Unis ne pouvaient pas ne pas sanctionner le président Erdoğan qui rapprochait économiquement son pays de la Russie alors qu’il était militairement membre de l’Otan.

Enfin, avec la crise autour du pouvoir mondial, le président Erdoğan devenait le bouc émissaire idéal pour sortir de la crise syrienne.

D’un point de vue états-unien, le problème n’est pas la Turquie, indispensable allié régional, ni le MIT (services secrets) d’Hakan Fidan qui organise le mouvement jihadiste dans le monde, mais Recep Tayyip Erdoğan.

Par conséquent, la National Endowment for Democracy (NED) a d’abord tenté en août 2013 une révolution colorée (la « révolution des manchots ») en organisant des manifestations au parc Gezi d’Istanbul. L’opération a échoué ou Washington s’est ravisé.

La décision a été prise de renverser les islamistes de l’AKP par les urnes. La CIA a à la fois organisé la transformation du HDP en véritable parti des minorités et a préparé une alliance entre lui et les socialistes du CHP. Le HDP a adopté un programme très ouvert de défense des minorités ethniques (kurdes) et des minorités sociétales (féministes, homosexuels), et inclus un volet écologique. Le CHP a été réorganisé à la fois pour masquer la surreprésentation des alévis [1] en son sein et en vue de promouvoir la candidature de l’ancien président de la Cour suprême. Cependant, si l’AKP a perdu les élections de juillet 2015, il n’a pas été possible de réaliser l’alliance CHP-HDP. Par conséquent de nouvelles élections législatives se sont tenues en novembre 2015, mais elles ont été grossièrement truquées par Recep Tayyip Erdoğan.

Washington a donc décidé d’éliminer physiquement M. Erdoğan. Trois tentatives d’assassinat ont eu lieu entre novembre 2015 et juillet 2016. Contrairement à ce qui a été dit, l’opération du 15 juillet 2016 n’était pas une tentative de coup d’État, mais d’élimination du seul Recep Tayyip Erdoğan. La CIA avait utilisé les liens industriels et militaires turco-US pour recruter une petite équipe au sein de l’armée de l’Air afin d’exécuter le président lors de ses vacances. Cependant, cette équipe a été trahie par des officiers islamistes (ils sont presque un quart dans les armées) et le président a été prévenu une heure avant l’arrivée du commando. Il a alors été transféré sous escorte de militaires loyalistes à Istanbul. Conscients des conséquences prévisibles de leur échec, les comploteurs ont lancé un coup d’État sans préparation et alors qu’Istanbul grouillait encore de monde. Ils ont évidemment échoué. La répression qui a suivi n’a pas eu pour but d’arrêter les seuls auteurs de la tentative d’assassinat, ni même les militaires qui se sont ralliés au coup d’État improvisé, mais l’ensemble des pro-états-uniens : d’abord les laïques kémalistes, puis les islamistes de Fethullah Gülen. Au total, plus de 70 000 personnes ont été mises en examen et il a fallu libérer des détenus de droit commun pour incarcérer les pro-US.

La folie des grandeurs du président Erdoğan et son délirant palais blanc, son trucage des élections et sa répression tous azimuts en font le bouc émissaire idéal des erreurs commises en Syrie. Cependant, sa résistance à une révolution colorée et à quatre tentatives d’assassinat laissent à penser qu’il ne sera pas possible de l’éliminer rapidement.

L’Arabie saoudite

L’Arabie saoudite est tout aussi indispensable aux États-Unis que la Turquie. Pour trois raisons : d’abord ses réserves pétrolière d’un volume et d’une qualité exceptionnelles (bien qu’il ne s’agit plus pour Washington de les consommer, mais simplement d’en contrôler la vente), ensuite pour les liquidités dont elle disposait (mais ses revenus ont chuté de 70 %) et qui permettaient de financer des opérations secrètes hors du contrôle du Congrès, enfin pour sa main-mise sur les sources du jihadisme. En effet, depuis 1962 et la création de la Ligue islamiste mondiale, Riyad finance pour le compte de la CIA les Frères musulmans et les Naqchbandis, les deux confréries dont est issue la totalité des cadres jihadistes dans le monde.

Toutefois le caractère anachronique de cet État, propriété privée d’une famille princière étrangère aux principes communément admis de liberté d’expression et de religion, contraint à des changements radicaux.

La CIA a donc organisé, en janvier 2015, la succession du roi Abdallah. La nuit de la mort du souverain, la majorité des incapables ont été démis de leurs fonctions et le pays a été entièrement réorganisé conformément à un plan pré-établi. Désormais, le pouvoir est réparti en trois principaux clans : le roi Salmane (et son fils chéri le prince Mohammed), le fils du prince Nayef (l’autre prince Mohammed) et enfin le fils du roi défunt (le prince Mutaib, commandant de la Garde nationale).

Dans la pratique, le roi Salmane (81 ans) laisse son fils, le sémillant prince Mohammed (31 ans), gouverner à sa place. Celui-ci a accru l’engagement saoudien contre la Syrie, puis lancé la guerre contre le Yémen. En outre, il a lancé un vaste programme de réformes économiques et sociétales correspondant à sa « Vision pour 2030 ».

Malheureusement, les résultats ne sont pas au rendez-vous : le royaume est enlisé en Syrie et au Yémen. Cette dernière guerre se retourne contre lui avec les incursions des Houthis sur son territoire et leurs victoires sur son armée. Au plan économique, les réserves pétrolières sécurisées touchent à leur fin et la défaite au Yémen empêche d’exploiter le « Quart vide », c’est-à-dire la région à cheval sur les deux pays. La baisse des prix du pétrole a certes permis d’éliminer bien des concurrents, mais elle a aussi asséché le Trésor saoudien qui se trouve contraint d’emprunter sur les marchés internationaux.

L’Arabie n’a jamais été aussi puissante ni aussi fragile. La répression politique a atteint des sommets avec la décapitation du chef de l’opposition, le cheikh Al-Nimr. La révolte ne gronde pas uniquement parmi la minorité chiite, mais aussi dans les provinces sunnites de l’Ouest. Au plan international, la Coalition arabe est certes impressionnante, mais prend de l’eau de toutes part depuis le retrait égyptien. Le rapprochement public avec Israël contre l’Iran soulève un tollé dans le monde arabe et musulman. Plus qu’une nouvelle alliance, il illustre la panique qui s’est emparée de la famille royale, désormais haïe de tous.

Vu de Washington, le moment est venu de choisir les éléments qu’il convient de sauver en Arabie saoudite et de se débarrasser des autres. La logique voudrait donc que l’on revienne à la répartition du pouvoir précédente entre les Sudeiris (mais sans le prince Mohammed bin Salman qui s’est montré incapable) et les Chammars (la tribu de feu le roi Abdallah).

Le mieux, aussi bien pour Washington que pour les sujets saoudiens, serait que le roi Salmane décède. Son fils Mohammed serait écarté du pouvoir qui reviendrait à l’autre prince Mohammed (le fils de Nayef). Tandis que le prince Mutaib conserverait son poste. Cette succession serait plus facile à gérer pour Washington si elle intervenait avant l’investiture du prochain président, le 6 janvier 2017. L’impétrant pourrait alors rejeter toutes les fautes sur le défunt et annoncer la paix en Syrie et au Yémen. C’est sur ce projet que travaille actuellement la CIA.

En Arabie comme en Turquie et dans d’autres pays alliés la CIA cherche à maintenir les choses en l’état. Pour cela, elle se contente d’organiser en sous-main des tentatives de changements de dirigeants, sans jamais toucher aux structures. Le caractère cosmétique de ces modification facilite l’invisibilité de son travail.

Moscou tente de négocier ensemble le Moyen-Orient et l’Ukraine

La Russie est parvenue à relier les champs de bataille syrien et yéménite. Si ses forces sont publiquement déployées au Levant depuis un an, elles sont officieusement présentes au Yémen depuis trois mois et y participent désormais activement aux combats. En négociant simultanément les cessez-le-feu à Alep et au Yémen, elle a contraint les États-Unis à accepter de lier ces deux théâtres d’opération. Dans ces deux pays, ses armées montrent leur supériorité en matière conventionnelle face aux alliés des États-Unis, tout en évitant une confrontation directe avec le Pentagone. Cette esquive empêche Moscou de s’investir en Irak, malgré ses antécédents historiques dans ce troisième pays.

Toutefois, l’origine de la querelle entre les deux Grands est fondamentalement l’interruption des deux routes de la soie en Syrie, puis en Ukraine. Logiquement, Moscou tente donc de lier les deux dossiers dans ses négociations avec Washington. C’est d’autant plus logique que la CIA elle-même a déjà créé un lien entre les deux champs de bataille via la Turquie.

En se rendant à Berlin, le 19 octobre, le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, entendaient convaincre l’Allemagne et la France, à défaut des États-Unis, de lier ces dossiers. Ils ont donc échangé l’allongement de la trêve en Syrie contre l’arrêt du blocage ukrainien des accords de Minsk. Ce troc ne peut qu’irriter Washington qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour le saboter.

Bien sûr, au final, Berlin et Londres s’aligneront sur leur suzerain otanien. Mais du point de vue de Moscou mieux vaut un conflit gelé qu’une défaite (en Ukraine, comme en Transnitrie par exemple), et tout ce qui entame l’unité de l’Otan anticipe la fin du suprémacisme états-unien.