La dernière prière de Fâtimah(p)

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La dernière prière de Fâtimah(p)

Il ne restait pas beaucoup de temps avant l’adhân du Maghreb. La lumière de la journée se soumettait petit à petit aux ténèbres de la nuit.

J’étais assise à côté de son lit.

Elle ouvrit les yeux, jeta un regard sur l’horizon vêtu de pourpre. Elle remua lentement ses pâles lèvres comme si elle voulait dire quelque chose.

Je m’approchai d’elle.

Elle me murmura d’une voix faible : « Donne-moi mes vêtements de prière et la bouteille de parfum ! »

Je lui dis : «  Ô ma maîtresse ! Tu ne peux pas te lever dans un tel état et faire la prière ! »

Elle ne me répondit pas.

Je compris par son silence qu’elle tenait à se lever et qu’elle allait le faire ce qu’elle avait décidé. Ce n’était pas la peine d’insister. Je lui préparai rapidement ce qu’elle m’avait demandé.

Avec grand effort, elle se leva, fit ses petites ablutions, se parfuma, comme elle avait l’habitude de le faire avant de s’adresser à son Seigneur et commença sa prière.

Elle avait du mal à s’asseoir. Son corps ne la portait plus, son état s’empirait, ses yeux s’enfonçaient davantage dans les orbites. Je me précipitai vers elle, l’aidai à se recoucher.

D’un souffle entrecoupé, elle me dit : « Asmâ’ ! Assieds-toi à côté de moi, au niveau de la tête. Lève-moi au moment de la prière. Si je ne réagis pas, alors va chercher ‘Alî. Sera venu le moment de rejoindre mon Père(s). »

-« Qu’est-ce que tu dis maîtresse ? Que Dieu ne me fasse pas voir ce jour ! Demain tu iras mieux et tu seras guérie ! Qu’adviendra-t-il de tes enfants al-Hassan et al-Hussein si tu t’en vas ? Et ‘Alî, comment supportera-t-il la séparation ?! »

Rien que d’y penser, des larmes s’échappèrent de mes yeux et coulèrent sur mes joues comme de la cire fondue au contact du feu.

Quand arriva le moment de la prière, je l’appelai : « La prière, ô fille du Messager de Dieu ! » Je n’entendis pas de réponse.

« Ô ma maîtresse ! Ô  fille du Messager de Dieu ! Ô Fâtimah az-Zahrâ’ ! » Une paupière frémit légèrement.

Notre Dame Fâtimah az-Zahrâ’ était en train de nous quitter pour le monde de la lumière. Un parfum d’encens du Paradis s’émanait de son corps et se répandait dans la pièce. Elle s’était enveloppée de ses vêtements de prière, telle une perle dans son coquillage, pour rejoindre son Seigneur.

Que la Paix de Dieu soit sur elle de la part d’une amie sincère, ainsi que Sa Miséricorde et Ses Bénédictions ! »

Témoignage de Asmâ’ fille de ‘Umays, d’après un propos rapporté, Kashef al-Ghumma, vol.1 p500

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