Sourate al-Ḥujurât, 2–3.

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Sourate al-Ḥujurât, 2–3.

Au nom d’Allah le Très Miséricordieux le Plus Miséricordieux

*Quel est le motif de la révélation du verset : {N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète.} ?*

Dieu le Très-Haut a dit dans Son noble Livre : {Ô les croyants (qui souhaitent rencontrer Allah spirituellement )! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète. Et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres. Sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte.}

Nous remarquons que ce verset béni s’adresse aux croyants, en leur ordonnant de ne pas élever leur voix au-dessus de celle du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille), comme certains compagnons l’ont fait en sa présence, raison pour laquelle ce verset fut révélé : pour blâmer ces comportements et mettre en garde les croyants contre de tels agissements, car ils peuvent entraîner la nullité des œuvres.

Quant à la cause de la révélation de ce verset, comme cela est rapporté dans certains récits, certains compagnons élevèrent la voix en présence du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille). Ce verset noble fut donc révélé pour les réprimander pour leur comportement, et pour les avertir que la conséquence d’élever la voix au-dessus de celle du Prophète est l’annulation de leurs œuvres, sans même qu’ils s’en rendent compte.

Parmi ces récits, nous trouvons :

1. Ce qu’a rapporté Ahmad ibn Hanbal avec une chaîne de
transmission authentique d’après Ibn Abî Mulayka, qui a dit : « Les deux hommes vertueux (Abû Bakr et ʿUmar) étaient sur le point de périr, lorsqu’arriva auprès du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) la délégation des Banû Tamîm. L’un d’eux proposa de désigner al-Aqraʿ ibn Hâbis al-Ḥanẓalî, un des Banî Mujâshiʿ, tandis que l’autre proposait quelqu’un d’autre. Abû Bakr dit alors à ʿUmar : "Tu ne veux que t’opposer à moi !" Et ʿUmar répondit : "Je ne voulais pas m’opposer à toi." Mais leurs voix s’élevèrent en présence du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille), alors furent révélés les versets : {Ô vous qui avez cru ! N’élevez pas vos voix au-dessus de celle du Prophète…immense récompense} [Sourate al-Ḥujurât, 2–3].
Ensuite, Umar — et il n’a pas rapporté cela d’Abû Bakr — lorsqu’il parlait au Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille), c’était de la même manière que le ferait quelqu’un qui confie un secret à un autre, au point qu’on ne l’entendait pas, et qu’il fallait lui demander de répéter. » [Sources : Musnad Aḥmad vol. 26, p. 55 ; Ṣaḥîḥ al-Bukhârî vol. 4, p. 1833 ; Asbâb an-Nuzûl p. 258, et d'autres encore.]

2. Muḥammad ibn Saʿd az-Zuhrī ainsi que Muslim ibn al-Ḥajjāj ont
rapporté par une chaîne de transmission remontant à Ikrima, qui a dit : « Ô les croyants (qui souhaitent rencontrer Allah spirituellement )! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète. Et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres. Sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte. » [al-Ḥujurāt : 2]
Thābit ibn Qays ibn Shamās dit : « C’est moi qui élevais ma voix au-dessus de celle du Messager d’Allah (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui et sa famille), et qui lui parlais à voix haute. Je suis donc parmi les gens du Feu. » Alors, il s’enferma chez lui.
Le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille) le remarqua absent et demanda après lui.
Un homme dit : « Ô Messager d’Allah, c’est mon voisin. Si tu veux, je peux t’apporter de ses nouvelles. »
Le Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) répondit : « Oui. »
L’homme alla donc le voir et lui dit : « Le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille) t’a cherché et s’est enquis de toi. »
Alors Thābit répondit : « Cette parole d’Allah a été révélée, et c’est moi qui élevais ma voix au-dessus de celle du Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille), je lui parlais à voix haute, alors je fais partie des gens du Feu. »
L’homme retourna donc auprès du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) et l’en informa.
Il répondit : « Bien au contraire, il est au nombre des gens du Paradis. »
Puis, lors de la bataille de Yamāma, lorsque les musulmans furent mis en déroute, Thābit s’écria : « Honte à ces idolâtres et à ce qu’ils adorent ! Honte à ces fuyards et à leurs actes ! Ô compagnons Ansâr, laissez-moi passer – peut-être pourrai-je atteindre leur chef et combattre un instant ! »
Un témoin raconta : « Un homme se tenait debout sur une brèche. Thābit le tua avant d’être lui-même martyrisé. » [Al-Ṭabaqāt al-Kubrā, vol. 4, p. 344 / Ṣaḥīḥ Muslim, vol. 1, p. 77]

3- At-Tabarī rapporte, selon une chaîne de transmission remontant à Az-Zuhrī : « Thābit ibn Qays ibn Shammās déclara : "Lorsque fut révélé le verset : {Ne haussez pas vos voix au-dessus de celle du Prophète} (Coran 49:2), je dis : « Ô Prophète de Dieu ! Je crains d’être perdu. Dieu nous interdit d’élever nos voix au-dessus de la tienne, or ma voix est naturellement puissante. Il nous interdit aussi de désirer être loués pour ce que nous n’avons pas fait, et je me surprends à aimer les éloges. Il prohibe enfin l’orgueil, alors que j’aime la parure. »

Le Messager de Dieu (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui et sa famille) lui répondit : "Ô Thābit, ne te suffit-il pas de vivre honoré, de mourir en martyr et d’entrer au Paradis ?"
Il vécut effectivement honoré et mourut en martyr lors de la bataille contre Musaylima. » [Tafsīr at-Tabarī, vol. 26, p. 154]

Nous soulignons que le récit rapporté At-Tabarî indique que Thâbit ibn Qays ibn Shammâs n'avait pas réellement élevé la voix, mais craignait seulement de le faire par appréhension que ses œuvres ne soient réduites à néant. Ceci contraste avec la version d'Ibn Sa'd qui affirme explicitement qu'il avait effectivement haussé le ton, ce qui jette un doute sur cette narration.
C'est probablement pour cette raison qu'Ibn al-'Arabî, dans son exégèse, attribue la révélation de ce verset exclusivement à l'incident concernant les deux hommes Abou Bakr et Omar (sans mentionner Thâbit ibn Qays) comme cela est mentionné dans le premier Hadith.

Quoi qu’il en soit, ce qu’il ressort de ces récits rapportés, c’est que Abū Bakr et Umar — ou Thābit ibn Qays ibn Shamās, selon certains dires — ont élevé leur voix au-dessus de celle du Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille), ce qui a été la cause de la révélation de ce noble verset.

Cela étant, il convient de signaler ce qu’a rapporté le grand savant al-ʿAllāma al-Ḥillī (que Dieu sanctifie son âme) au sujet de ce noble verset. Il a dit : « Dans l’ouvrage al-Jamʿ bayna al-Ṣaḥīḥayn, dans la section du Musnad attribué à ʿĀʾisha, tiré d’un hadith unanimement reconnu comme authentique, Āʾisha rapporte : “Le Messager de Dieu (que la paix soit sur lui et sa famille) tarda un soir à accomplir la prière de ʿishāʾ, au point que ʿUmar l’interpella en criant : « La prière ! Les femmes et les enfants se sont endormis ! »
Le Prophète (que la paix soit sur lui et sa famille) sortit alors et dit :
« Ce n’est pas à vous de rappeler au Messager de Dieu l’heure de la prière.» [Sources : Ṣaḥīḥ Muslim, vol. 1, p. 241 ; Ṣaḥīḥ al-Bukhārī, vol. 1, p. 141]

Dieu le Très-Haut a dit : {Ne portez pas vos voix au-dessus de celle du Prophète, et ne l’interpellez pas à haute voix comme vous vous interpellez les uns les autres, de peur que vos œuvres ne soient réduites à néant sans que vous ne vous en rendiez compte.}
Ce comportement est donc présenté comme annulant les bonnes œuvres.
Et Il a dit également : {Ceux qui t’appellent de derrière les appartements, la plupart d’entre eux ne raisonnent pas. Si seulement ils avaient patienté jusqu’à ce que tu sortes vers eux, cela aurait été bien meilleur pour eux.} [Sourate al-Ḥujurāt, versets 4-5] [Nahj al-Ḥaqq, p. 337]
Pour aller plus loin, nous pourrons consulter ce qu’a mentionné le Shaykh al-Muẓaffar [Dalāʾil al-Ṣidq, vol. 8, p. 255].

.....
Louange à Dieu, Seigneur des mondes.

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