تقي زاده

تقي زاده

Lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi le président français, Emmanuel Macron a insisté sur le maintien de l’intégrité territoriale et de la souveraineté irakiennes. Et pourtant, le plan alternatif que Paris propose, c’est la création d’une confédération qui ne manque rien d’un Kurdistan irakien indépendant.

Emmanuel Macron, président de la République française. ©AFP

Cité par l’agence de presse iranienne Fars, Macron a qualifié d’« exclu » le référendum sur l’indépendance de la région du Kurdistan irakien.

Le président français a aussi souligné le soutien de Paris à « l’intégrité, la stabilité et la souveraineté de l’Irak », lit-on dans le communiqué publié par le bureau du Premier ministre irakien.

Plutôt dans la journée, le ministre français des AE, Jean Yves Le Drian avait mis en garde contre l’émergence d’un « Kurdistan irakien indépendant ». Cité par Reuters, le ministre affirme qu’une déclaration d’indépendance déstabiliserait « probablement » la région et ajoute : « Bagdad devrait donner aux Kurdes une plus grande autonomie ». 

Dans la mesure où la région de Kurdistan irakien jouit déjà d’une très large autonomie avec en filigrane la possibilité de signer des contrats, d’avoir une armée, les commentateurs se demandent le sens de l’appel « au conditionnel “du ministre français :” il ne semble pas opportun aujourd’hui d’avoir l’indépendance... mais “si” une déclaration d’indépendance s’est produite, cela provoquerait de nouvelles crises majeures au Moyen-Orient au moment où Daech est sur le point d’être vaincu en Irak ».

Le « conditionnel » renverrait effectivement au plan de substitution que la France, aidée par les États-Unis et la Grande-Bretagne a proposé à la veille du référendum aux Kurdes d’Irak. Il s’agit d’un texte en 6 points que Paris avait mis en avant pour éviter la tenue du référendum. Il se portait d’ailleurs le garant du texte :

1- Le report du référendum sous la supervision de l’ONU, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.

2- Les régions disputées par Bagdad et Erbil (dont la région pétrolifère de Kirkuk, NDLR) resteraient aux mains des Peshmergas et la France et ses partenaires feraient tout pour que ces régions soient annexées par le Kurdistan d’Irak.

3- La France et les grandes puissances superviseraient les négociations Bagdad-Erbil, celles qui devraient décider des recettes pétrolières à partager, des salaires des Peshmergas entre autres. 

4- Ce serait le ministère irakien de la Défense qui devrait payer les 100.000 Peshmergahs

5- Bagdad s’engagerait à reconnaître les « droits pétroliers du Kurdistan » et le pétrole de Kirkuk appartiendrait pour le moment à la région du Kurdistan irakien.

6- Les Kurdes participeraient à la gestion des affaires à l’échelle nationale.

Selon les experts, un tel plan qui prépare l’émergence d’une confédération Erbil-Bagdad a tout pour ressembler à une reconnaissance occidentale d’un « Kurdistan irakien indépendant ». La tenue du vote du 25 septembre semble par certains côtés avoir évité le pire qu’aurait été l’acceptation d’un tel plan par Bagdad.

Mercredi 27 septembre, le chef du gouvernement irakien a déclaré que Bagdad affrontera fermement les conspirations visant à démembrer son pays, y semer la zizanie et affaiblir la sécurité nationale.

Le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi. ©AFP

Le gouvernement irakien a jugé illégitime le référendum sur l’indépendance de la région du Kurdistan irakien avant d’annoncer qu’il n’en reconnaîtra jamais les résultats.

« Royal Jordanian » la seule compagnie aérienne du royaume hachémite annonce la suspension de tous ses vols à destination et les vols en provenance du Kurdistan irakien à partir du vendredi 29 septembre.

Auparavant, « Bassil al-Kilani », le porte-parole médiatique de la compagnie aérienne, avait déclaré à Sputnik que la Jordanie s’apprêtait à suspendre tous les vols, assurant la liaison entre Erbil et Souleimaniye, au cas où les autorités irakiennes en dresseraient la demande. Il a ajouté que la plupart des avions qui assurent la liaison avec l’Irak volent à destination d’Erbil et Souleimaniye.

Le mercredi 27 septembre, la compagnie aérienne irakienne a dressé une demande, s’adressant à toutes les compagnies aériennes internationales, d’annuler leurs vols à destination du Kurdistan irakien à partir du vendredi 29 septembre.

Suite à la demande, l’Égypte les Émirats arabes unis et l’une des compagnies libanaises ont annulé leurs vols à destination du Kurdistan irakien.

Les mesures punitives du gouvernement irakien interviennent suite à l’issue du référendum sur l’Indépendance en dépit des refus du pays et de la communauté internationale.

Le gouvernement fédéral de Bagdad jugeant la tenue du référendum comme anticonstitutionnelle, appelle Erbil à lui remettre le contrôle de tous les passages frontaliers et les aéroports situés dans la région du Kurdistan irakien. L’État irakien vient de voir sa demande refusée par Erbil.

Selon le site web Palestinien, Al-Yawm citant des sources israéliennes, l’armée du régime de Tel-Aviv a lancé des manœuvres militaires, jeudi 28 septembre, non loin des frontières libanaises.

Ces exercices militaires ont commencé depuis jeudi 28 septembre à l’aube et ils se termineront dans l’après-midi.

Ces manœuvres ont pour but d’examiner la disposition des forces armées israéliennes dans des conditions d’urgence.

Ces manœuvres militaires israéliennes succèdent aux récents exercices militaires d’envergure effectués récemment non loin des frontières syro-libanaises ayant duré 11 jours.

Aucun détail n’a été publié sur les manœuvres en question.

La Cour suprême irakienne demande d’adopter des mesures légales et nécessaires contre les organisateurs d’un référendum d’indépendance dans la région du Kurdistan irakien. Le Parlement irakien réclame un procès contre Massoud Barzani.

Selon le porte-parole de la Cour suprême irakienne, Abdel Sattar Bereqdar, la Cour suprême a déposé sa demande pour la prise de mesures constitutionnelles contre les responsables du référendum du Kurdistan irakien.

« La Cour suprême a enclenché le processus judiciaire sous l’ordre du Conseil de la sécurité nationale et avec le feu vert du Parlement », a-t-il déclaré.

Le président de la région autonome du Kurdistan d'Irak Massoud Barzani. ©Reuters

En effet, les parlementaires irakiens ont confirmé, 27 mercredi 2017, cette poursuite judiciaire à l’encontre "des organisateurs du référendum sur la scission du Kurdistan", et ils visent surtout le président de la région autonome, Massoud Barzani.

Le Parlement irakien a demandé au Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, de tenir compte de toutes mesures juridiques et légales pour soutenir un Irak unifié, mais aussi, il a appelé le Commandant général des forces armées irakiennes à déployer les forces de sécurité dans la région conflictuelle de Kirkouk.

 

 

« Bagdad ne négociera pas avec les responsables de la région du Kurdistan irakien»

« Aucune négociation entre Bagdad et les responsables de la région du Kurdistan irakien ». C’est ce qu’a indiqué le porte-parole du gouvernement irakien, Saad al-Hadithi.

Interrogé il y a deux jours par les journalistes sur les risques des affrontements avec les forces kurdes, le porte-parole du bureau du Premier ministre irakien avait répondu : « S’il y a des affrontements dans les zones conflictuelles, la tâche des forces fédérales sera de défendre et de mettre en application de la loi. »

Barzani à la tête d'une fortune personnelle 

Depuis l'acte non-constitutionnel commis par Barzani, les révélations sur le personnage se multiplient. Le journal turc Yeni Shefeq déchire ainsi le voile sur "la grosse fortune personnelle" de Barzani qui posséderait "quelques 400 entreprises actives dans les domaines de l'agroalimentaire, du logement, de l'agriculture, du logistique et du pétrole". Selon le journal, "Barzani bénéficie de surcroît des mesures incitatives proposées par le gouvernement turc dans les zones de libre échange". 

"Plus de 400 entreprises que possède Barzani se trouvent à Ghaziantep, à Mersine entre autres, ajoute le journal qui estime que le Kurdistan irakien joue gros en voulant aller trop loin dans ses velléités indépendantistes. 

Au seuil du référendum, la police catalane est inquiète par rapport à l'ordre qui lui a été donné de mettre sous scellés les bureaux de vote de la région séparatiste.

J-4 pour le référendum d’autodétermination interdit en Catalogne où la tension ne fait que monter. Et maintenant, la police de cette région d’Espagne craint des troubles, suite à la décision de la justice ayant ordonné l’interdiction de l’accès des bureaux de vote.

La police et la Garde civile ont saisi près de 10 millions de bulletins de vote et quelque 45.000 convocations d’assesseurs. Et déjà 59 sites internet de propagande sur le référendum ont été fermés.

Les affiches pour un référendum de séparation sur les murs en Catalogne. ©Le Point

L’inquiétude de la police est claire et elle diffuse dans un message sur Twitter que pour elle c’est une décision qui « peut entraîner des conséquences non désirables en pleine montée des tensions ».

« Ces conséquences ont trait à la sécurité des citoyens et au risque plus que prévisible d’altération de l’ordre public que cela peut engendrer », a-t-elle ajouté.

Une juge d’instruction a elle aussi demandé à la police nationale et à la garde nationale d’agir en coopération avec la police catalane, « pour empêcher jusqu’au 1er octobre l’utilisation de bâtiments publics ou locaux dans le but d’organiser le référendum », interdit par la Cour constitutionnelle.

Pour la police régionale, comptant quelque 16.800 agents, la mission est délicate, vu sa proximité avec la population de cette région de 7,5 millions d’habitants qui représente 20 % du PIB du pays.

 

Source : TV5monde

Cinq membres du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), ont été tués dans des opérations aériennes et terrestres effectuées par l’armée turque, contre les positions de ce groupe considéré comme terroriste par Ankara.

L’aviation turque a réalisé plusieurs attaques depuis mardi, 26 septembre, sur les positions du PKK dans les régions de Zap et Avasin-Basyan dans le nord de l’Irak, a rapporté le site web du quotidien turc, Daily Sabah.

En outre, plusieurs dépôts d’armes et de munitions et des tranchées appartenant aux militants kurdes ont été détruits dans les frappes.

Selon un autre rapport fourni par l’agence Anadolu, 5 membres du PKK ont été tués dans les opérations anti-terroristes de l’armée turque dans la province méridionale et montagneuse de Hakkâri.

Selon les chiffres officiels, quelque 1.200 civils et membres du personnel de sécurité turcs ont été tués dans des attaques du PKK, depuis la reprise des combats en juillet 2015 entre le gouvernement turc et le groupe PKK.

jeudi, 28 septembre 2017 11:56

Kurdistan : ce que cache le référendum

Dans un monde où les images comptent plus que les réalités, la presse évoque un référendum démocratique pour l’indépendance du Kurdistan iraquien. Cependant, outre que constitutionnellement ce référendum devrait se tenir dans tout l’Iraq et non pas uniquement dans la zone indépendantiste, plusieurs millions d’électeurs non-kurdes ont déjà été chassés de chez eux et ne pourront plus y retourner. Dans les bureaux de vote, seuls les indépendantistes surveilleront la régularité de ce scrutin. Thierry Meyssan révèle cette escroquerie et les intérêts impérialistes qu’elle cache.

 
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Sur cette affiche électorale, la carte du « Kurdistan indépendant » déborde de la région autonome iraquienne sur les territoires iraquien et syrien.

Le référendum pour l’indépendance du Kurdistan est un jeu de dupes. Les États-Unis qui le soutiennent sous la table, s’y opposent en public. La France et le Royaume-Uni font de même, espérant que Washington réalisera leur vieux rêve. La Russie n’est pas en reste, laissant entendre que bien qu’opposée à tout changement unilatéral, elle pourrait soutenir l’indépendance… tout au moins si tout le monde admet l’indépendance de la Crimée et par voie de conséquence, son rattachement à Moscou.

Le degré d’hypocrisie des membres permanents du Conseil de sécurité est tel qu’ils ne sont pas parvenus à statuer sur cette question, malgré leur apparente unanimité. Ils n’ont pas adopté de résolution (c’est-à-dire de texte ayant force de loi internationale), ni de déclaration présidentielle (c’est-à-dire une position commune des membres du Conseil), tout juste un insipide communiqué de presse lors de leur réunion du 19 septembre [1].

Il existe actuellement huit États non reconnus : l’Abkhazie, Chypre-Nord, le Haut-Karabagh, le Kosovo, l’Ossétie, le Sahara occidental, le Somaliland et la Trasnistrie. Tandis que deux régions européennes espèrent leur indépendance : la Catalogne et l’Écosse. Toute modification du statut du Kurdistan iraquien aura des conséquences sur cette dizaine d’autres pays.

L’indépendance du Kurdistan iraquien serait un tour de force, dans la mesure où il s’agirait de déplacer le Kurdistan, tel qu’il a été reconnu par la Conférence de Sèvres en 1920, du territoire turc actuel au territoire iraquien. Certes, tout le monde s’est habitué à utiliser le mot Kurdistan pour désigner cette région dont Londres et Washington ont supervisé depuis 1991 le nettoyage ethnique lent et continu.

Lors de « Tempête du désert », cette région hébergeait une majorité d’Iraquiens kurdes. Londres et Washington en firent une zone de non-survol pour l’armée du président Hussein. Ils y placèrent autoritairement au pouvoir un de leurs collaborateurs de la Guerre froide, Massoud Barzani, qui débuta le déplacement des populations non-kurdes. Ce même Barzani, quoi qu’élu par deux fois depuis, se maintient au pouvoir depuis plus de deux ans sans mandat. L’Assemblée nationale qui exige son départ, ne s’est réunie qu’une fois depuis la fin de son mandat, pour voter le principe du référendum, mais en l’absence du Goran ; un parti qui ne cesse de dénoncer le système féodal des Barzani et des Talabani, le népotisme et la corruption qui en découlent. Dans les faits, Massoud Barzani occupe le pouvoir de manière ininterrompue depuis 26 ans.

De 1991 à 2003, les non-Kurdes ont progressivement quitté la zone de non-survol, de sorte que celle-ci a été proclamée Kurdistan iraquien lors de la défaite du président Hussein.

Le 1er juin 2014, les services secrets d’Arabie saoudite, des États-Unis, d’Israël, de Jordanie, de la région autonome du Kurdistan iraquien, du Qatar, du Royaume-Uni et de Turquie ont organisé à Amman (Jordanie) une réunion préparatoire de l’invasion de l’Iraq par Daesh. Nous connaissons l’existence de ce meeting par le document turc qu’Özgür Gündem a immédiatement publié [2]. Ce quotidien —auquel j’ai collaboré– a été fermé depuis par le « sultan » Recep Tayyip Erdoğan [3].

Selon ce document, il a été convenu de coordonner Daesh et la région du Kurdistan iraquien. Le premier a lancé une offensive éclair pour s’emparer de Mossoul, tandis que la seconde s’est emparée de Kirkouk. Le président Massoud Barzani s’était rendu quatre jours plus tôt en Jordanie rencontrer des participants à cette réunion. Il veilla à ne pas y participer, mais y fut représenté par son fils Masrour, le chef de son propre service de Renseignement.

Lorsque Daesh a envahi la partie d’Iraq que les États-Unis lui avaient préalablement attribuée, il fit prisonniers au passage les yazédis et les réduisit en esclavage. L’immense majorité des yazédis est kurde, mais conformément à l’accord d’Amman, les Barzani voisins ne sont pas intervenus, y compris lorsque certains ont fui dans les montagnes de Sinjar. Ces fuyards furent en définitive sauvés par des commandos du PKK turc. Les kurdes turcs les ont tous sauvés qu’ils soient kurdes ou non. Ils utilisèrent cette victoire pour demander leur reconnaissance par les Occidentaux (qui les considèrent depuis la Guerre froide comme des terroristes). La réécriture actuelle de cette affaire par les Barzani ne saurait effacer ce crime contre son propre peuple [4]. Au demeurant, depuis la libération de leurs terres, les yazédis restant sur place ont proclamé leur propre gouvernement autonome. Ils refusent d’être administrés par d’autres kurdes, de sorte que tous les yazédis boycottent le référendum [5].

Un autre célèbre kurde participait à la réunion d’Amman : l’islamiste Mullah Kerkar. Celui-ci était emprisonné en Norvège où il purgeait une peine de cinq ans de prison pour avoir menacé de mort à la télévision la future Premier ministre, Erna Solberg. Il se rendit à ce sommet à bord d’un avion de l’Otan et réintégra sa cellule les jours suivants. Il révéla alors son allégeance à Daesh. Il ne fut pas jugé pour appartenance à une organisation terroriste, mais bénéficia d’une remise de peine de deux ans et fut libéré. Il dirigea alors Daesh en Europe, depuis Oslo, sous la protection de l’Otan. Manifestement, le réseau Stay-behind de l’Alliance atlantique fonctionne toujours [6]

Ayant annexé Kirkuk, le gouvernement régional du Kurdistan iraquien étendit à la zone le nettoyage ethnique que ses membres avaient perpétré dans la zone de non-survol de 1991 à 2003.

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On peut être rassuré : le président inamovible Barzani a assuré qu’il ne prendrait pas de mesures de rétorsion contre les électeurs qui voteraient “Non”.

Le président non-constitutionnel Barzani a annoncé que toutes les populations du Kurdistan iraquien et des territoires annexés pourront participer au référendum. Toutes ces régions hébergeaient plus d’une douzaine de millions de citoyens en 2013. Mais aujourd’hui trois millions de citoyens non-kurdes ont été contraints de les fuir. Ce sont donc des électeurs choisis qui ont été appelés aux urnes pour décider de l’avenir, non seulement à la place des habitants légitimes expulsés, mais aussi de tous les autres Iraquiens.

Pour participer à ce référendum, il faut : 
- habiter au Kurdistan ou dans les régions annexées ; 
- avoir plus de 18 ans ; 
- s’être fait enregistrer avant le 7 septembre sur les registres électoraux ; 
- et pour les personnes réfugiées à l’étranger, s’être fait enregistrer pour pouvoir voter électroniquement… ce qui suppose qu’elles présentent d’abord leurs papiers à l’autorité électorale du Kurdistan dont elles ont été chassées.

Au demeurant, les Barzani ont une conception particulière des populations appelées à voter. En 1992, ils n’ont compté que 971 953 votants, mais une décennie plus tard, en 2014, ils étaient soudain 2 129 846 et trois ans plus tard, le 25 septembre 2017, ils étaient 3 305 925.

L’indépendance donnera aux clans Barzani et Talabani des moyens supplémentaires pour poursuivre leurs affaires. Elle offrira également à l’Israël la possibilité de mettre en œuvre certains de ses objectifs militaires. Depuis la fin des années 90 et le développement des missiles, Tsahal a abandonné sa stratégie d’occupation des « marches », c’est-à-dire des territoires juste à l’extérieur de ses frontières (Sinaï, Golan, Sud du Liban). Au contraire, il entend neutraliser l’Égypte, la Syrie et le Liban en les prenant à revers. Tel-Aviv a donc soutenu la création du Soudan du Sud, en 2011, afin d’y placer des missiles pointés sur L’Égypte, et soutient aujourd’hui celle du Kurdistan afin d’y placer des missiles pointés sur la Syrie.

Selon Israel-Kurd, largement cité par la presse turque, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’est engagé auprès de Massoud Barzani à transférer 200 000 Israéliens dans le nouvel État pour « aider » à l’administrer [7].

Selon sa logique, pour Tsahal l’idéal serait d’étendre le territoire du Kurdistan iraquien, non seulement à Kirkouk, mais au Nord de la Syrie. C’est le travail du YPG et de son « Rojava ». Cet État autonome auto-proclamé est un long corridor joignant le Kurdistan iraquien à la Méditerranée, occupé par les troupes états-uniennes qui y ont illégalement installé plusieurs bases militaires.

Huit mois avant la réunion d’Amman, une chercheuse du Pentagone, Robin Wright, confirmait l’accord de son pays à ce projet [8]. À l’époque, les Barzani assuraient encore défendre l’ensemble des kurdes, y compris ceux résidant en Turquie et en Iran. Madame Wright expliqua doctement que ce projet était impossible, mais publia la carte du « Sunnistan » attribué à Daesh et du « Kurdistan » attribué aux Barzani en Iraq et en Syrie.

Le Pentagone vient d’ailleurs d’attribuer un appel d’offres, en août dernier, pour acheter et transférer en Syrie 500 millions d’armes et de munitions principalement ex-soviétiques [9]. Les 200 premiers camions ont été livrés au YPG à Hasakeh, les 11 et 19 septembre, via le Kurdistan iraquien, sans être attaqués par les jihadistes [10]. Le ministère russe de la Défense vient de rendre publiques des photographies satellitaires d’un camp des Forces spéciales US en plein territoire de Daesh, vivant en bonne intelligence avec les kurdes et les jihadistes [11].

Mais puisqu’on nous dit que ce « Kurdistan indépendant » est un projet kurde, pourquoi en douterions-nous ?

Source 
Al-Watan (Syrie)

[1] « Déclaration du Conseil de sécurité sur le Kurdistan iraquien », Réseau Voltaire, 21 septembre 2017.

[2] « Yer : Amman, Tarih : 1, Konu : Musul », Akif Serhat, Özgür Gündem, 6 juillet 2014.

[3] Ceux de ses journalistes qui ont échappé à la purge et sont parvenus à fuir, ont créé le quotidien électronique Özgürlükçü Demokrasi hors de Turquie.

[4] « La réécriture du massacre du Sinjar », Réseau Voltaire, 11 septembre 2017.

[5] “Establishment of the Provisional Government of Ezidikhan”, Voltaire Network, 25 July 2017.

[6] « La guerre secrète en Norvège », par Daniele Ganser, Réseau Voltaire, 25 juillet 2013. Cet article est extrait de : Les Armées Secrètes de l’OTAN, de Daniele Ganser, Demi-Lune, 2007.

[7] « 200 000 Israéliens attendus au « Kurdistan » dès la proclamation de l’indépendance », Réseau Voltaire, 19 septembre 2017.

[8] “Imagining a Remapped Middle East”, Robin Wright, The New York Times Sunday Review, September 28, 2013.

[9] “Heikle Fracht aus Ramstein”, “Millionen Schuss Munition für Kalaschnikows”, Frederik Obermaier & Paul-Anton Krüger, Süddeutsche Zeitung, 12. & 20. September 2017.

[10] « 200 camions d’armes et munitions livrés par le Pentagone au YPG », Réseau Voltaire, 22 septembre 2017.

[11] « Le ministère russe de la Défense diffuse des photos des Forces US stationnées chez Daesh », Réseau Voltaire, 24 septembre 2017.

Les talibans ont revendiqué mercredi les tirs de roquettes sur l'aéroport de Kaboul, précisant sur Twitter avoir "visé l'avion du secrétaire américain à la Défense" Jim Mattis, arrivé peu auparavant dans la capitale afghane.
 
Au moins six roquettes ont atterri sur la section militaire de l'aéroport international sans interrompre le trafic aérien, selon le ministère de l'Intérieur.
jeudi, 28 septembre 2017 11:51

La fin d’un tabou en Irak

L’annonce d’un référendum par Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan, le 7 juin 2017, était restée en marge des informations centrées à l’époque sur la libération de Mossoul et la crise du Qatar.
Les partisans de ce référendum prétendent qu’après 2014 et la coopération des peshmergas dans la lutte contre Daesh, les Kurdes jouissent d’un plus grand pouvoir et d’une bonne réputation. 
 
La Turquie, opposée à ce référendum, finira par donner la priorité à ses intérêts économiques sur l’intégrité territoriale de l’Irak. 
 
Les forces irakiennes sont actuellement occupées à lutter contre Daesh mais la fin des combats pourrait empêcher les minorités kurdes de décider de façon unilatérale.
 
Ce référendum est contraire à la Constitution de l’Irak et illégal, car il est organisé aussi dans des régions non kurdes, et ne sera pas reconnu par les pays voisins. De plus les sanctions imposées par l’Iran, la Turquie et le gouvernement central, risquent d’étouffer un jeune gouvernement et les partis de la région doivent aussi arriver à un consensus ce qui n’est pas le cas sur cette question.
 
Ce référendum se tient non seulement au Kurdistan, qui comprend les provinces d'Erbil, de Souleimaniyeh et de Dohouk, mais aussi dans des zones disputées avec le gouvernement central irakien, occupées par les forces kurdes lors de la lutte contre Daesh comme la  riche province pétrolière de Kirkouk habitée aussi par des Turcs, et les régions de Ninive, de Dyala et de Salaheddine. 
 
Seul le régime sioniste a apporté son soutien à l’indépendance du Kurdistan contrairement au gouvernement américain qui s’y est apparemment opposé bien que les déclarations et la politique de l’administration américaine soient parfois en opposition.  
 
La déclaration d’indépendance est la décision la plus dangereuse que pourrait prendre Massoud Barzani car un gouvernement que les pays voisins et le gouvernement de Bagdad ne reconnaitront pas, aura peu de chance de survivre. 
 
Massoud Barzani se servira probablement du résultat du référendum pour obtenir plus de Bagdad et sera obligé de discuter avec Bagdad au sujet des revenus pétroliers de Kirkouk. 
 
Ce référendum pourra aussi être la raison de la poursuite de l’état d’urgence et de la présidence de Massoud Barzani qui avec ses partenaires, sera responsable de tout ce qui pourrait arriver aux Kurdes de la région.  
Les services culturels iraniens ont présenté un rapport sur les réactions des musulmans de Russie aux évènements du Myanmar et le génocide des Rohingyas qui déclare que les musulmans de plusieurs villes de Russie ont organisé des manifestations, condamné la politique du gouvernement de Birmanie et demandé une réunion avec l’ambassade du Myanmar à Moscou.
Plus d’une centaine de manifestants ont été arrêtés lors des manifestations.
Rawil Gaynetdin, responsable du Conseil des muftis de Russie, a déclaré que cette question devait être réglée par le dialogue et condamné les rassemblements.  
 
Les musulmans de la République d'Ingouchie ont organisé des réunions de prières auxquelles participait le président Iounous-bek Bamatguireïevitch Evkourov. 
 
A Makhatchkala capitale de la République du Daghestan, des manifestations ont été organisées en soutien aux musulmans du Myanmar mais les responsables du Conseil des muftis ont déclaré que ces manifestations étaient contraires aux positions officielles du gouvernement et Ramazan Abdoulatipov a déclaré, condamnant la violation des droits de l’homme, que cette question devait être réglée dans le cadre des règlements internationaux. 
 
Les musulmans tchétchènes avec le soutien des religieux, se sont réunis dans la mosquée  « Ghalb tchétchène » où Ramzan Kadyrov a condamné le silence des médias mais déclaré que les manifestations n’étaient pas nécessaires. 
 
Vladimir Poutine  a déclaré que les responsables avaient le droit de donner leur avis et que les déclarations du président tchétchène ne signifiaient pas une hostilité envers Moscou. 
 
Ces déclarations peuvent redonner espoir aux musulmans mais d’un autre coté, peuvent menacer les intérêts de la Russie et être à l’origine de divisions dans la société. 
 
Certains commentateurs estiment que Ramzan Kadyrov cherche à se présenter comme un des dirigeants politiques du monde de l’islam et profite de l’ouverture intellectuelle qui existe actuellement en Russie.